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La Colombie sommée de suspendre ses frappes aériennes après la mort de 5 enfants

Le gouvernement colombien a confirmé la mort des adolescents, mais les autorités refusent de suspendre les frappes.

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e0408afcd17fdf2e510ca6ef24ce2c5addbb8089a211ae9e0b445264d9d56c75.jpg Le président colombien Gustavo Petro s'exprime lors de la cérémonie d'investiture du général William Rincon au poste de nouveau directeur de la police nationale à Bogota, en Colombie, le vendredi 24 octobre 2025. Photo AP/Ivan Valencia (Ivan Valencia | Associated Press)

La médiatrice colombienne des droits de la personne a appelé lundi le président Gustavo Petro à suspendre les frappes aériennes contre les groupes rebelles dans le pays, après avoir révélé qu'au moins cinq adolescents avaient été tués lors de frappes menées par l'armée colombienne en octobre et novembre.

Dans une vidéo publiée lundi, la médiatrice Iris Marín a déclaré qu'au moins une adolescente avait été tuée lors d'une frappe contre le groupe rebelle FARC-EMC dans la province d'Arauca la semaine dernière, tandis que quatre adolescents enrôlés de force par le groupe avaient été tués lors d'une autre frappe au début du mois d'octobre.

Mme Marín avait révélé samedi que sept mineurs avaient été tués lors d'une autre frappe contre les FARC-EMC dans la province méridionale de Guaviare, où le gouvernement a lancé une offensive contre Nestor Gregorio Vera, un puissant chef rebelle également connu sous le nom d'Iván Mordisco.

Cela porte à au moins 12 le nombre de mineurs tués cette année lors de frappes aériennes menées par le gouvernement colombien. Le parquet militaire colombien a annoncé lundi avoir ouvert une enquête sur le raid aérien de Guaviare afin de déterminer sa conformité au droit international.

«J’exhorte le président à suspendre les frappes contre les groupes où des mineurs pourraient être présents, a déclaré Mme Marín lundi.  L’histoire de chacun de ces mineurs tués dans les bombardements est déchirante.»

Le gouvernement colombien a confirmé lundi la mort des adolescents, mais les autorités refusent de suspendre les frappes et accusent les groupes criminels du pays de mettre les enfants en danger en les enrôlant de force dans leurs rangs.

Dans un message publié lundi sur X, le président Petro a écrit que «si les frappes sont suspendues, les chefs mafieux recruteront davantage d’enfants», car ils auront compris qu’ils seront à l’abri des attaques s’ils comptent des enfants dans leurs rangs.

M. Petro a déclaré qu’il dénoncerait le chef rebelle Ivan Mordisco devant la Cour pénale internationale pour recrutement d’enfants. Dans un communiqué, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de la personne en Colombie a qualifié le recrutement d'enfants de crime de guerre et a exhorté le gouvernement colombien à prendre «toutes les mesures nécessaires» pour empêcher ce recrutement et à prendre des précautions afin d'éviter leur mort lors d'opérations militaires.

La mort d'enfants lors de frappes militaires est un sujet sensible en Colombie, où un ancien ministre de la Défense a démissionné en 2019 après la révélation que le gouvernement avait dissimulé la mort de huit enfants lors d'une frappe aérienne dans la province de Caquetá.

Peu après son entrée en fonction il y a trois ans, M. Petro a suspendu les frappes aériennes contre les groupes criminels afin de réduire les risques de pertes humaines parmi les mineurs. Le dirigeant de gauche avait accusé les gouvernements précédents de «crimes de guerre» lorsqu'il a été constaté que des mineurs avaient péri lors de frappes aériennes contre des groupes rebelles. 

Mais les frappes aériennes contre les rebelles colombiens ont repris l'an dernier, alors que le gouvernement Petro peine à contenir l'expansion des groupes qui se disputent les territoires abandonnés par les FARC, la guérilla qui a signé la paix avec le gouvernement colombien en 2016.

Contrairement au gouvernement précédent, le président Petro affirme ne pas dissimuler la mort d'enfants lors de ces frappes et assure les avoir approuvées afin de sauver des vies de soldats.

Le président colombien a vivement critiqué les frappes de drones menées par le président américain Donald Trump contre des trafiquants de drogue présumés dans les Caraïbes, qu'il a qualifiées d'exécutions extrajudiciaires.

M. Petro soutient que les frappes de son gouvernement sont différentes.

«Ceux qui tombent sous les bombardements des forces colombiennes sont armés de mitrailleuses et d'explosifs, et se sont déclarés membres d'un groupe armé, a écrit le président Petro sur X vendredi. Ils tentent d'éliminer les forces gouvernementales et les civils avec leurs armes meurtrières.»