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Charlene Hudy, qui préside le contingent d'Air Canada a annoncé qu'elle «n'aurait d'autre choix que de démissionner» s'ils rejetaient l'entente potentielle.
La cheffe du syndicat des pilotes d'Air Canada a déclaré qu'elle démissionnerait si les membres décidaient de ne pas approuver une entente provisoire avec la compagnie aérienne.
Cette annonce augmente les enjeux alors que les aviateurs se demandent s'ils doivent accepter de fortes augmentations salariales ou négocier un accord encore plus difficile.
Charlene Hudy, qui préside le contingent d'Air Canada de l'Air Line Pilots Association, a annoncé à ses collègues lors d'une réunion virtuelle vendredi qu'elle «n'aurait d'autre choix que de démissionner» s'ils rejetaient l'entente potentielle.
«Si les membres votent non à cet accord provisoire, cela indiquerait clairement au public, aux médias, au gouvernement et à l'entreprise que je ne parle plus en votre nom», a-t-elle analysé lors d'une séance de questions-réponses qui a suivi la réunion en ligne. «Si je restais, ce serait à votre détriment.»
La Presse Canadienne a obtenu une copie de sa déclaration aux membres et l'a confirmée auprès de deux pilotes.
L'accord, conclu le week-end dernier après plus d'un an de négociations, a permis d'éviter une grève qui aurait entraîné l'annulation de 670 vols et le déplacement de 110 000 passagers par jour.
Il accorderait aux 5400 pilotes du transporteur une augmentation salariale cumulative de près de 42 % sur quatre ans. Cette augmentation dépasse les gains importants obtenus l'an dernier par les pilotes des trois plus grandes compagnies aériennes américaines, où les augmentations salariales variaient entre 34 et 40 % — bien que la demande de départ ait été plus élevée.
L'accord a été examiné de près par certains pilotes, en particulier les nouvelles recrues qui ne sont pas impressionnées par l'écart salarial persistant entre les nouveaux employés et leurs collègues plus expérimentés.
Michael Bjorge, qui enseigne l'histoire à l'Université Dalhousie avec une spécialisation en relations industrielles, affirme que les avertissements concernant la démission ne sont pas rares et visent à faire comprendre les mérites d'une entente provisoire.
«Souvent, lors des négociations, surtout lorsque les gens sont à la table depuis longtemps, ils disent simplement: 'c’est le meilleur que nous puissions obtenir' et ils le croient souvent honnêtement, a commenté M. Bjorge. En réalité, bien sûr, on ne sait jamais vraiment ce que l’on peut obtenir tant qu’on n’a pas poussé au maximum.»
En vertu de leur contrat actuel, les pilotes gagnent beaucoup moins au cours de leurs quatre premières années dans l’entreprise avant de profiter d’une forte augmentation de salaire à partir de la cinquième année.
Certains employés ont fait pression pour que soit complètement supprimée la disposition dite du «taux fixe», selon laquelle les revenus restent stables, quel que soit le type d’avion piloté (en général, les salaires augmentent avec la taille de l’avion.) Mais l’entente proposée annoncée le 15 septembre ne ferait que réduire la période de quatre ans de salaire inférieur à deux ans, selon une copie du contrat obtenue par La Presse Canadienne.
Même au cours des troisième et quatrième années, les salaires seraient considérablement inférieurs à ceux de la cinquième année. Le taux horaire augmente de près de 40 % la cinquième année, une hausse bien plus importante que pendant toute autre période, indique l'accord.
En supposant que les pilotes travaillent environ 75 heures par mois (une base courante dans l'industrie), les nouvelles recrues gagneraient entre 75 700 et 134 000 $, contre près de 187 000 $ la cinquième année et plus de 367 000 $ pour un commandant de bord expérimenté aux commandes d'un Boeing 777.
Les experts affirment que plus d'un tiers des quelque 5200 pilotes actifs de la compagnie pourraient gagner des salaires de débutant à la suite d'une récente vague d'embauches. Beaucoup d'entre eux arrivent à bord après de longues carrières dans d'autres compagnies aériennes, plutôt que tout droit sortis de l'école de pilotage.
Les dispositions relatives à l'horaire et à la qualité de vie seront également prises en compte par les pilotes avant le vote de ratification, qui devrait avoir lieu dans les prochaines semaines.
«Au moment où ils commencent à travailler, c'est souvent le moment où ils ont des enfants. Donc, si maman ou papa doit s'absenter pendant de longues périodes, c'est vraiment difficile pour les familles», a argumenté le professeur Bjorge.