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C'est un effet secondaire méconnu des antidépresseurs.
Les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS) – ou antidépresseurs – sont généralement efficaces pour traiter la dépression, l’anxiété et les troubles de panique.
Mais ces médicaments comme le Zoloft et le Prozac, s’ils peuvent sauver des vies, cachent un effet secondaire méconnu, outre les maux de tête, les vertiges, la variation de poids ou encore les troubles sexuels: ils peuvent aussi empêcher le corps de réguler correctement sa température et diminuer la tolérance à la chaleur.
Il s'agit d'un effet secondaire inquiétant que les médecins et les scientifiques tentent encore de comprendre pleinement, en particulier à l'heure où le monde se réchauffe et où les vagues de chaleur extrême sont de plus en plus fréquentes.
Selon le Dr Laurence Wainwright, de l'Université d'Oxford, les ISRS sont extrêmement utiles. Ils «ont été révolutionnaires en psychiatrie», explique celui qui étudie les effets du changement climatique sur la santé mentale dans un entretien avec CNN. Mais, comme pour tout médicament, il existe une multitude d'effets secondaires. «Il s'agit d'obtenir un bon rapport coûts-bénéfices.»
«Des substances chimiques comme la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine sont naturellement présentes dans notre organisme», peut-on lire sur le site de Santé Canada. «Elles sont nécessaires au fonctionnement normal du cerveau. Chez certaines personnes dépressives, il peut y avoir un déséquilibre de ces substances chimiques (appelées neurotransmetteurs) dans le cerveau.» C’est là que les antidépresseurs agissent pour rééquilibrer ces substances.
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Cela dit, en modulant les substances chimiques du cerveau, les ISRS peuvent également altérer la capacité de l'organisme à se maintenir au frais, en affectant l’hypothalamus, une petite partie du cerveau qui est en quelque sorte un thermostat humain.
«Lorsque l'on ajoute de la sérotonine au mélange, (l'hypothalamus) devient moins sensible», dit le Dr Pope Moseley, médecin et chercheur en sciences biomédicales à l’Université Arizona State auprès de CNN. «Baigné de sérotonine, il devient moins efficace pour envoyer les signaux nécessaires.»
Et déjà qu’on transpire abondamment lors de chaleurs extrêmes, bien des antidépresseurs peuvent causer une transpiration excessive, comme le souligne l’eSantéMentale.ca, ce qui entraîne de la déshydratation… pour éventuellement résulter en un coup de chaleur potentiellement dangereux, voire mortel. On n’est pas plus avancé non plus quand ces mêmes antidépresseurs causent chez certaines personnes une réduction de la transpiration, ce qui empêche le corps de suer assez pour évacuer la chaleur.
Les scientifiques et les médecins tentent encore d'élucider la relation complexe entre les ISRS et la chaleur. «Ce qui me choque vraiment, c'est le peu de connaissances que nous avons à ce sujet», a déclaré M. Wainwright à CNN.
C'est en partie la raison pour laquelle les professionnels de la santé ne parlent pas toujours de la chaleur lorsqu'ils prescrivent ces antidépresseurs. «Je ne pense pas que la communauté médicale soit très consciente de ce problème», a déclaré M. Wainwright, «et je pense certainement que les patients ne le sont pas non plus, si l'on en croit des sites comme Reddit qui traitent de ce sujet».
Il existe des mesures simples à prendre pour se protéger, disent les médecins à CNN notamment éviter de sortir pendant les heures les plus chaudes de la journée, boire beaucoup de liquide et éviter la caféine et l'alcool, qui peuvent aggraver la déshydratation. Le sommeil est également important, car il existe un lien très étroit entre un mauvais sommeil et l'aggravation de la dépression et de l'anxiété.