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«Est-ce qu'on a tout fait pour tenter de l'arrêter de manière sécuritaire? A-t-on agi trop rapidement?», se questionne l'avocat.
Des leçons doivent absolument être tirées des meurtres successifs survenus dans la grande région métropolitaine, selon l'avocat François Legault, qui a représenté le présumé tueur.
Me Legault, qui a représenté Abdulla Shaikh lors de son passage devant la Commission d'examen des troubles mentaux en mars dernier, se dit «ébranlé» par les évènements des derniers jours.
Désormais retraité, l’ex-avocat se demande, entre autres, si les policiers auraient pu agir différemment lors de leur intervention au Motel Pierre jeudi dernier. Bien qu'il assure compatir de tout cœur avec la douleur des familles des victimes, il rappelle que les autorités policières étaient au fait des antécédents de santé mentale de M. Shaikh.
«Ma première réaction a été envers les trois victimes. C'est troublant ce qui s'est passé, mais j'ai été ébranlé par le fait que mon client ait été abattu par les policiers. Je me pose plusieurs questions: est-ce qu'on a tout fait pour tenter de l'arrêter de manière sécuritaire? A-t-on agi trop rapidement?», se questionne Me Legault.
À voir dans la vidéo.
L'ex-avocat se demande, par exemple, si les policiers auraient pu obtenir le soutien d'une équipe psychosociale afin d'établir un canal de communication, qui aurait peut-être permis d'épargner la vie de l'homme.
«On est en droit de se poser certaines questions», dit-il, en espérant obtenir des réponses de la part du Bureau des enquêtes indépendantes, responsable d'analyser le travail des policiers.
Dans une décision récente de la Commission d'examen des troubles mentaux du Québec, il est possible d'y lire que M. Shaikh a été autorisé à vivre à l’extérieur d’un établissement de santé mentale, même si un psychiatre a jugé qu’il représentait un «risque important à la sécurité publique» au printemps dernier.
Le document juridique fait état du «déni et de la banalisation des troubles du comportement, de la violence et de la pathologie psychiatrique» ainsi que son «lourd passé d’accusations d’actes criminels de toutes sortes, ce qui banalise les risques futurs de passage à l’acte».
Lors de cette décision du 29 mars 2022, «personne ne pouvait prédire ce qui allait arriver cette semaine», admet-il.
«Le cas de M. Shaikh n'était pas un cas où il pouvait obtenir une libération sans condition, confirme M. Legault. Il existait un risque important pour la sécurité du public, mais ça ne veut pas dire par contre qu'il doit obligatoirement être détenu dans un hôpital psychiatrique. Je comprends la population qui se demande pourquoi il a été remis en liberté dans ce contexte.»
Crédit photo: Noovo Info
«La Commission d'examen des troubles mentaux du Québec doit se poser la question: est-ce que cette personne peut rester dans la société avec des conditions strictes et un encadrement serré?»
«Il y avait suffisamment d'éléments qui permettaient au psychiatre de recommander une libération conditionnelle, avec des modalités strictes. Il avait même demandé une délégation de pouvoirs qui permet à l'hôpital de le ramener de force. C'était un autre filet de sécurité», précise-t-il.
Au cours de sa carrière, Me Legault s'est beaucoup investi dans les dossiers de santé mentale. Il estime qu'il s'agit encore «du parent pauvre de la justice et aussi dans le domaine médical».
«Il faut allier davantage nos efforts entre les différents intervenants, plus l'information circule, moins on risque d'échapper des informations qui pourraient prévenir l’irréparable», conclut l’ex-avocat.