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«Il est très clair que l'apparence de biais est si élevée que cela érode le travail de rapporteur spécial», a dit lundi M. Singh dans le foyer de la Chambre des communes.
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh demande le retrait du rapporteur spécial sur l'ingérence étrangère, David Johnston, pour le reste de son mandat, joignant ainsi sa voix aux deux autres partis d'opposition qui considèrent que l'ex-gouverneur général ne peut réellement mener ce mandat pour des raisons d'éthique.
«Il est très clair que l'apparence de biais est si élevée que cela érode le travail de rapporteur spécial», a dit lundi M. Singh dans le foyer de la Chambre des communes.
Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) a soutenu avoir été convaincu «particulièrement» par des révélations voulant que l'avocate Sheila Block, qui a épaulé M. Johnston jusqu'à présent, a donné 7 593,38 $ au Parti libéral du Canada entre 2003 et 2022.
Le groupe de pression Democracy Watch a rapporté ces données mercredi dernier en annonçant qu'il formulerait une plainte au Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique du Canada.
Le NPD utilisera sa journée d'opposition de mardi pour mettre de l'avant une motion réclamant le retrait de M. Johnston.
«D’importantes questions ont été soulevées à l’égard du processus du rapporteur spécial, (de la) conseill(ère) juridique qu’il a engagé(e) pour l’aider dans son travail, de ses constatations et de ses conclusions», peut-on lire dans le texte de la motion.
On y réclame, encore une fois, le lancement d'une enquête publique et indépendante sur les allégations d'ingérence étrangère, comme souhaité par l'ensemble des partis d'opposition.
Le bureau du premier ministre a indiqué ne pas avoir de commentaire à faire, lundi, concernant la motion. Néanmoins, le point de vue des libéraux se fera entendre dès le début du débat sur cette motion, mardi.
Chose certaine, bloquistes et conservateurs devraient appuyer la motion du NPD puisqu'ils remettent en doute, depuis des mois, l'impartialité de M. Johnston. Ils lui reprochent d'être trop près de la famille du premier ministre Justin Trudeau et d'être membre de la fondation Pierre Elliott Trudeau.
En présentant son premier rapport dans lequel il déconseille la tenue d'une enquête publique, le rapporteur spécial s'est défendu, notant qu'il n'avait eu aucun contact direct qui soit amical avec M. Trudeau en 40 ans.
M. Singh a voulu se distancier des autres partis d'opposition, lundi, en s'en prenant surtout aux conservateurs. «Depuis le début, j’ai été vraiment prudent et je n’ai pas attaqué M. Johnston (personnellement) parce que j’ai trouvé les attaques des conservateurs injustes et leur motivation n’était pas vraiment de trouver la vérité ou de défendre notre démocratie», a-t-il affirmé.
À ses côtés, sa députée Jenny Kwan a indiqué avoir été informée par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) qu'elle est visée depuis 2019 par des efforts d'ingérence de Pékin. Elle a reçu une séance d'information vendredi dernier dont elle ne pouvait dévoiler les détails, mais Mme Kwan a tenu à soutenir que ces tactiques ne l'empêcheront pas de plaider pour le respect des droits de la personne.
Le fait qu'un autre député, le conservateur Michael Chong, a été la cible de Pékin a mené, plus tôt ce mois-ci, à l'expulsion d'un diplomate chinois qui était au Canada, Zhao Wei.
À peine M. Singh venait-il de terminer son point de presse que les Communes s'enflammaient à nouveau au sujet de l'ingérence étrangère lors de la première période des questions au retour d'une semaine de pause.
«C'est un autre membre de la Fondation Trudeau et un ami du premier ministre qui essaie maintenant de camoufler la vérité», a envoyé le chef conservateur Pierre Poilievre en début de joute au sujet de M. Johnston, avant de demander si le premier ministre va «congédier le rapporteur et déclencher une enquête publique».
C'est le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, qui a été envoyé au front. «La seule personne ici qui cherche à camoufler la vérité semble être le chef de l'opposition lui-même», a-t-il rétorqué.
Selon lui, M. Poilievre «préfère jouer la petite politique» sur un enjeu qui touche la démocratie canadienne en refusant de consulter les documents ayant trait à la sécurité nationale qui ont mené le rapporteur à ses conclusions.
M. Poilievre lui a immédiatement répliqué avoir refusé d'être «tenu au silence» après avoir consulté des documents «tamponnés secret».
Le leader du gouvernement à la Chambre, Mark Holland, a plus tard laissé entendre que les conservateurs sont malhonnêtes, leur ancien chef Stephen Harper ayant nommé M. Johnston gouverneur général.
Désormais ils attaquent ce Canadien «exceptionnel» parce que son rapport «n'est pas conforme à leurs intérêts politiques», a affirmé M. Holland.
Son tour venu, le leader parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien, s'est jeté dans la mêlée, qualifiant le rapport de David Johnston de «farce» qui ne vise qu'à «protéger» le premier ministre Trudeau.
«Personne ne l'accepte, sauf le premier ministre et la Chine qui est morte de rire», a-t-il dit. «Il n'est pas question de laisser le premier ministre se défiler sans enquête publique. (...) Je vous l'annonce en primeur (...), le Bloc québécois va talonner le premier ministre chaque jour jusqu'à ce qu'il lance cette enquête.»
Depuis les banquettes du gouvernement, M. LeBlanc lui a suggéré que son chef Yves-François Blanchet devrait, lui aussi, accepter l'offre de consulter les renseignements fournis à M. Johnston «avant d'arriver à des conclusions partisanes non fondées».