Israël va bientôt ralentir, voire interrompre, l'aide humanitaire dans certaines parties du nord de Gaza, alors que le pays étend son offensive visant à paralyser le Hamas, a déclaré un responsable samedi.
Ce responsable, qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat, car il n'était pas autorisé à parler aux médias, a indiqué à l'Associated Press (AP) qu'Israël cessera les largages aériens au-dessus de la ville de Gaza dans les prochains jours et réduira l'arrivée de camions d'aide dans le nord de la bande de Gaza. Israël se prépare à évacuer des centaines de milliers d'habitants vers le sud.
Vendredi, Israël a déclaré la ville de Gaza zone de combat, la qualifiant de bastion du Hamas et alléguant qu'un réseau de tunnels est toujours utilisé malgré plusieurs raids de grande envergure menés dans la zone au cours des près de 23 mois de guerre.
Ce changement survient quelques semaines après l'annonce par Israël de son intention d'élargir son offensive dans la ville, où des centaines de milliers de personnes se réfugient pour survivre à la famine. Ces derniers jours, l'armée a intensifié ses frappes aux abords de la ville. Des images vidéo de l'AP diffusées dans la nuit de vendredi à samedi ont montré plusieurs fortes explosions à Gaza.
L'annonce de la reprise des combats par l'armée intervient alors que le bilan des morts à Gaza s'élève à plus de 63 000. Samedi, quatre personnes ont été tuées par des tirs israéliens alors qu'elles tentaient d'obtenir de l'aide dans le centre de Gaza, selon les responsables de la santé de l'hôpital al-Awda, où les corps ont été transportés.
On ignore encore quand débuterait la pause de l'aide et quand les largages aériens cesseraient complètement. Samedi, il n'y avait plus de largages aériens depuis plusieurs jours à Gaza, marquant une pause par rapport aux largages quasi quotidiens des semaines précédentes.
L'armée israélienne n'a pas répondu à une demande de commentaire sur les largages aériens ni sur la manière dont elle fournirait de l'aide aux Palestiniens, alors qu'elle intensifiait son offensive.
Vendredi, le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a exhorté les Palestiniens à fuir vers le sud, qualifiant l'évacuation d'«inévitable».
Des organisations humanitaires avertissent qu'une évacuation massive de la ville de Gaza accentuerait la grave crise humanitaire.
Plus tôt ce mois-ci, la principale autorité en matière de crises alimentaires a déclaré que la ville de Gaza était en proie à la famine et qu'un demi-million de personnes dans la bande de Gaza étaient confrontées à des niveaux de faim catastrophiques.
Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé samedi que dix personnes étaient mortes de faim et de malnutrition au cours des dernières 24 heures, dont trois enfants.
«Une telle évacuation déclencherait un mouvement de population massif qu'aucune zone de la bande de Gaza ne pourrait absorber, compte tenu de la destruction massive des infrastructures civiles et des pénuries extrêmes de nourriture, d'eau, d'abris et de soins médicaux», a expliqué Mirjana Spoljaric, présidente du Comité international de la Croix-Rouge, dans un communiqué publié samedi.
Il est impossible qu'une évacuation massive de la ville de Gaza puisse se dérouler en toute sécurité et dans la dignité, a-t-elle ajouté.
Des centaines d'habitants ont commencé à quitter la ville de Gaza, empilant leurs rares biens restants dans des camionnettes ou des charrettes tirées par des ânes. Nombre d'entre eux ont été contraints de quitter leur domicile à plusieurs reprises.
L'ONU a annoncé jeudi que 23 000 personnes avaient été évacuées la semaine dernière, mais nombreux sont les habitants qui, à Gaza, affirment ne trouver aucun endroit sécuritaire où aller. D'autres personnes déplacées vers le sud craignent que la zone ne puisse pas faire face à un afflux de réfugiés.
«Il n'y a pas de nourriture et même pas d'eau. Lorsqu'elle est disponible, elle n'est pas potable», a affirmé Amer Zayed, en attendant les repas d'une cantine caritative à Deir Al-Balah, dans le sud du pays.
«Ce qui aggrave la situation, c'est le déplacement des habitants… Les souffrances s'aggravent avec l'augmentation du nombre de personnes déplacées», a-t-il ajouté.
