Israël devra «vaincre totalement» le Hamas à Gaza pour assurer la libération des otages, selon le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a tenu mardi une réunion de sécurité sur la prochaine phase de la guerre, annoncée comme imminente.
«Il est nécessaire de vaincre totalement l'ennemi à Gaza, de libérer tous nos otages et de s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël. Nous n'abandonnons aucune de ces missions», a affirmé M. Netanyahu lors d'une visite sur une base militaire.
Dans l'après-midi, il a tenu selon ses services une «réunion restreinte de sécurité de près de trois heures» au cours de laquelle «le chef d'état-major de l'armée lui a présenté les options pour la poursuite des opérations à Gaza».
Le Conseil de sécurité de l'ONU tient mardi une session consacrée à la question des otages israéliens à Gaza, initiée par Israël qui a dit vouloir mettre ce sujet «au centre» de l'agenda international.
Mardi, le président américain Donald Trump a qualifié d'«horrible» la vidéo de l'otage israélien Evyatar David, la peau sur les os, diffusée il y a quelques jours par le Hamas.
La presse israélienne, citant des officiels s'exprimant sous couvert d'anonymat, est unanime à prédire une nouvelle escalade des opérations dans le territoire palestinien: «Netanyahu veut que l'armée israélienne conquière toute la bande de Gaza», résume la radio publique Kan.
«Tsahal prêt» à agir
Plusieurs ministres «ont confirmé qu'il a décidé d'étendre le combat aux zones où des otages pourraient être détenus», toujours selon Kan.
Pour le quotidien Maariv, «cette décision dramatique» signifie que l'armée va «commencer à combattre dans des zones» où elle s'est abstenue de le faire ces derniers mois, là où les otages pourraient être détenus et dans des camps de déplacés ou des zones à forte concentration de civils.
Des médias spéculent sur une possible opposition du chef d'état-major de l'armée, le lieutenant-général Eyal Zamir.
«Tsahal (l'armée israélienne) est prêt à mettre en oeuvre toute décision prise» par le gouvernement, a balayé le bureau du premier ministre à l'issue de la réunion de mardi.
En guerre contre le Hamas depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023, le gouvernement israélien fait face à une pression croissante pour trouver une issue au conflit.
L'opinion israélienne s'alarme du sort des 49 otages toujours retenus à Gaza, dont 27 déclarés morts par l'armée, tandis qu'à l'international de plus en plus de voix s'élèvent face aux souffrances des plus de deux-millions de Palestiniens, menacés de «famine généralisée» selon l'ONU.
«La balle est dans le camp de l'occupant (ndlr: Israël) et des Américains», a commenté à l'AFP un dirigeant politique du Hamas, Hossam Badrane, affirmant la volonté du mouvement «d'arrêter la guerre et mettre fin à la famine».
«Les médiateurs sont toujours en contact avec nous, mais jusqu'à présent, il n'y a (...) aucun développement concernant la reprise des négociations», a-t-il ajouté, après l'échec des derniers pourparlers en juillet.
Le Comité international de la Croix-Rouge s'est dit prêt mardi à apporter aux otages «des médicaments, des vivres ainsi que des nouvelles de leurs familles» et a rappelé qu'il maintenait «un dialogue constant avec l'ensemble des parties», mais ne «participait pas aux négociations».
L’aide humanitaire «exploitée»
Sur le terrain, la Défense civile a fait état de 68 personnes tuées mardi dans des attaques israéliennes, dont 56 qui attendaient des distributions de nourriture, notamment à Khan Younès, dans le sud de Gaza, et à Zikim, dans le nord, par où entre une partie de l'aide autorisée par Israël.
L'armée a affirmé avoir procédé à des «tirs de semonce» dans le sud de Gaza et vérifier les informations concernant Zikim.
Mardi matin, le Cogat, un organisme israélien en charge de l'administration civile à Gaza, y a à nouveau autorisé l'entrée partielle des marchandises privées de manière «contrôlée et progressive» pour «augmenter» l'aide «tout en réduisant la dépendance à l'égard de (...) l'ONU et des organisations internationales».
Un nombre limité de commerçants locaux pourront mettre à disposition «des produits alimentaires de base, aliments pour bébés, fruits et légumes et articles d'hygiène» sous réserve «d'un contrôle de sécurité rigoureux», a détaillé le Cogat.
Israël a assoupli fin mai le blocus humanitaire qu'il avait imposé début mars au territoire, totalement dépendant de l'aide internationale, mais les quantités autorisées à entrer, par voie terrestre ou largages aériens, sont jugées insuffisantes par l'ONU.
Les rapporteurs spéciaux de l'ONU ont par ailleurs appelé mardi à la dissolution immédiate de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), soutenue par Israël et les États-Unis, qui a commencé à distribuer de l'aide en mai.
La GHF «est un exemple tout à fait troublant de la manière dont l'aide humanitaire peut être exploitée à des fins militaires et géopolitiques secrètes, en violation flagrante du droit international», ont estimé les experts, pointant «l'imbrication des services de renseignement israéliens, d'entrepreneurs américains et d'entités non gouvernementales ambiguës».
