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Les secours s'employaient toujours à évacuer des personnes isolées dans leurs habitations cernées par la crue et la pluie s'est remise à tomber après plus de 24 heures d'accalmie.
Le bilan humain des inondations qui frappent l'Emilie-Romagne, riche région agricole et touristique du nord de l'Italie, s'est encore aggravé vendredi, passant à 14 morts, sur fond de polémique autour de l'inaction des pouvoirs publics.
Les secours s'employaient toujours à évacuer des personnes isolées dans leurs habitations cernées par la crue et la pluie s'est remise à tomber après plus de 24 heures d'accalmie.
À Ravenne, les autorités ont décrété «l'évacuation urgente et immédiate» de plusieurs quartiers et rues vendredi matin et lancé un appel à la population à «se déplacer uniquement en cas de nécessité».
Ce sont au total 15 000 habitants qui ont dû abandonner leur domicile pour échapper aux inondations, dont la moitié environ ont été hébergés dans des centres d'accueil de la Croix-Rouge ou de la protection civile.
Et de 13 morts, «le bilan humain est passé à 14» vendredi, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la région, précisant qu'il s'agissait d'un homme retrouvé noyé dans sa maison à Faenza.
Dans cette commune à l'épicentre des inondations, des journalistes de l'AFP ont rencontré vendredi des habitants hagards qui s'efforçaient de dégager l'amas fangeux, sortant de chez eux les meubles et appareils ménagers recouverts de salissure.
«J'ai tout perdu», assurait un riverain, Fred Osazuwa, 58 ans, les pieds dans la boue.
La situation semblait toutefois se stabiliser ailleurs au gré du lent reflux des eaux. Habitants et services de voirie étaient à pied d'oeuvre pour nettoyer maisons, commerces et rues envahis de boue et de débris, et des axes routiers qui avaient été submergés ou emportés étaient de nouveau ouverts à la circulation.
Les dégâts matériels se chiffrent en milliards d'euros. Une nouvelle catastrophe pour la région dévastée en 2012 par un séisme puis il y a deux semaines par de premières inondations.
«C'est un nouveau tremblement de terre, a déploré vendredi matin à la télévision le président de la région, Stefano Bonaccini.
«Verger de l'Italie», l'Emilie-Romagne doit une partie de sa prospérité à la culture des fruits et légumes, mais aussi à son tourisme et à la filière automobile bâtie autour de Ferrari.
«Nous reconstruirons tout. Mais la filière agroalimentaire et maraîchère a besoin d'être indemnisée à 100%. Nous avons eu la sécheresse, le gel, et maintenant ces inondations dramatiques», a rappelé Stefano Bonaccini. «S'agissant du tourisme, heureusement la côte [adriatique, à l'est] est moins concernée», a-t-il ajouté.
Pour le prix Nobel de physique italien Giorgio Parisi, ces inondations sont à mettre au compte «du changement climatique, de l'augmentation des températures» et «nous devons nous y habituer».
«Il faut une vraie transition énergétique», a-t-il estimé dans un entretien au Corriere della Sera.
Le plan de relance post-pandémie dont bénéficie l'Italie, avec 190 milliards de fonds européens engagés pour la péninsule, «est une bonne occasion» pour accélérer cette transition, selon Stefano Bonaccini.
Le gouvernement mettra à l'ordre du jour du conseil des ministres mardi «la suspension des échéances fiscales et contributives» pour les entreprises sinistrées par les intempéries en Emilie-Romagne.
Affirmant préférer se concentrer sur l'urgence, Stefano Bonaccini n'a pas voulu commenter la polémique naissante sur l'inaction des pouvoirs publics pour prévenir les inondations en Italie.
Mais dans la presse et sur les réseaux sociaux, élus et experts cherchent déjà des responsabilités parmi les dirigeants passés et présents.
Car en 2014, le chef du gouvernement Matteo Renzi avait créé un organisme appelé Italia Sicura (L'Italie sûre), chargé de lutter contre les inondations et les glissements de terrain. Plus de huit milliards d'euros devaient être affectés à la construction de digues, de canaux et de remblais.
Mais en 2018, son successeur Giuseppe Conte, à la tête d'un exécutif hétérogène réunissant le Mouvement 5 Etoiles et la Ligue anti-immigration de l'actuel vice-Premier ministre Matteo Salvini, avait mis le projet au rebut et les milliards prévus sont restés dans les caisses de l'Etat.
Matteo Renzi a dénoncé sur Twitter «la plus grande erreur» du Mouvement 5 Etoiles tandis que le quotidien de centre-gauche La Repubblica titrait sur «le désastre des fonds jamais dépensés».
Selon l'association environnementale Legambiente, 6,8 millions d'Italiens sont exposés aux inondations, 1,3 million aux glissements de terrain.