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«Nous ne voyons pas une offre suffisante et nous voyons les gens passer de l'excitation à l'idée de pouvoir rêver d'accéder à la propriété au désespoir.»
Des experts prédisent que les changements apportés par Ottawa aux règles hypothécaires contribueront à stimuler la demande parmi les acheteurs potentiels de maisons, mais affirme que les problèmes d'offre persistent malgré les objectifs de construire plus de logements.
Les changements du gouvernement fédéral, qui devraient entrer en vigueur à la mi-décembre, incluent un plafond de prix augmenté pour les prêts hypothécaires assurés. Il sera augmenté pour la première fois depuis 2012, passant de 1 million $ à 1,5 million $, afin de permettre à davantage de personnes d'être admissibles à un prêt hypothécaire avec une mise de fonds inférieure à 20 %.
Le gouvernement élargira également son amortissement hypothécaire sur 30 ans pour inclure les premiers acheteurs de n'importe quel type de maison, ainsi que toute personne achetant une maison nouvellement construite.
Lors d'un panel à Toronto mardi, la présidente et cheffe de la direction de Mortgage Professionals Canada, Lauren van den Berg, a salué ces changements comme étant de «fantastiques nouvelles» destinées à répondre à l'importante demande refoulée sur le marché.
«Nous ne voyons pas une offre suffisante et nous voyons les gens passer de l'excitation à l'idée de pouvoir rêver d'accéder à la propriété au désespoir», a affirmé Mme van den Berg.
«Je ne pense pas que nous puissions nous cacher la tête dans le sable en ce qui concerne la demande et nous concentrer uniquement sur l'offre. Je pense que reconnaître la situation dans laquelle nous nous trouvons est la première étape.»
Lors de l'événement, présenté comme une discussion sur la crise de l'accessibilité au logement au Canada, Jimmy Jean, économiste en chef et stratège de Desjardins, s'est montré plus pessimiste à l'égard des changements, qualifiant l'annonce de «solution de financement par emprunt pour l'accessibilité».
«Cela donne l'impression que les choses sont abordables, mais les gens finissent par payer plus d'intérêts au cours de leur vie», a expliqué M. Jean.
Le gouvernement fédéral a présenté les mesures annoncées lundi comme les «réformes hypothécaires les plus audacieuses depuis des décennies», qui surviennent après une année de critiques concernant les coûts élevés en logement.
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Dans une note publiée mardi, Benjamin Tal, économiste en chef adjoint de Marché des capitaux CIBC, a affirmé que les mesures du gouvernement accéléreraient probablement la reprise du marché immobilier, un processus qui, selon lui, est déjà en cours puisque les taux d'intérêt ont commencé à baisser.
«Pour éviter que cela ne devienne une trop bonne chose, nous devons faire correspondre la demande supplémentaire à l'offre», a affirmé M. Tal.
«Le problème principal est le manque d'offre disponible pour répondre à la croissance rapide de la population. (...) L'augmentation de la demande due à ces changements hypothécaires rendra encore plus impérative la mise en œuvre de politiques visant à encourager la construction de logements.»
Jimmy Jean a nuancé qu'il était important d'être pragmatique quant à la stratégie du Canada pour construire de nouveaux logements dans les années à venir.
La Société canadienne d'hypothèques et de logement prévoit que le Canada aura besoin de 3,5 millions de logements supplémentaires d'ici 2030, en plus des 2,3 millions déjà prévus, pour rétablir l'accessibilité au niveau observé en 2004.
Pour atteindre ces objectifs, il faudrait concentrer une grande partie des ressources en main-d'œuvre et en capital du Canada dans un seul secteur, ce qui entraînerait des pénuries ailleurs dans l'économie.
«Nous nous concentrons sur l'offre, l'offre et encore l'offre, mais nous devons être réalistes», a-t-il dit.
«Nous avons constaté la lenteur à laquelle les choses bougent au cours des deux ou trois dernières années. Je pense que la solution doit se situer du côté de la demande et des mesures prises pour réellement freiner cette demande afin d'équilibrer le marché.»
Mme van den Berg a affirmé qu'elle espérait que les mesures prises par le gouvernement fédéral créeraient un élan dans le dossier du logement, car elle a décrit un «sentiment d'agitation» parmi les acheteurs de maisons dont son association entend parler.
Selon elle, les trois baisses consécutives du taux directeur de la Banque du Canada, ainsi que les prévisions des économistes selon lesquelles d'autres baisses suivront dans les mois à venir, ont suscité un «optimisme prudent» chez ceux qui attendent en coulisses.
«C'est quelque chose que nos membres ont demandé parce que c'est ce qu'ils entendent de leurs clients sur le terrain», a-t-elle affirmé à propos des modifications des règles hypothécaires.
«Ils nous ont demandé cela parce que c'est un élément essentiel du casse-tête de l'abordabilité, un élément essentiel du puzzle de l'accessibilité dans le cadre de cette crise du logement.»