Guerre commerciale ou non, Hydro-Québec prévoit continuer à limiter ses exportations aux États-Unis en raison du faible niveau d’hydraulicité dans ses réservoirs. Comme en 2024, le bénéfice net pourrait se trouver sous sa moyenne des dix dernières années.
La société d’État a dû faire «une gestion serrée» de ses stocks en 2023 et 2024 en raison des faibles précipitations, ce qui a entraîné une baisse des ventes hors Québec. «Ce sont des phénomènes qui sont cycliques, mais qui ont des fois des cycles un peu longs», explique le vice-président de la stratégie et des finances, Maxime Aucoin, en conférence de presse, jeudi.
Hydro-Québec croit que la situation se poursuivra en 2025, selon son rapport annuel publié jeudi. Elle anticipe que le bénéfice net oscillera dans une fourchette entre 2,4 milliards $ et 3 milliards $.
«Ce n'est pas impossible qu'on ait une troisième année de faible hydraulicité, mais on n'a pas de boule de cristal, poursuit le dirigeant. Cela dit, dans nos projections, on demeure prudents face à ça.»
À titre de comparaison, la moyenne du bénéfice net d’Hydro-Québec était de 3 milliards $ entre 2014 et 2023. La société d’État avait enregistré un bénéfice net record en 2022 de 4,56 milliards $.
Moins d’argent pour les coffres de l’État
La faible hydraulicité, mais aussi les températures plus chaudes que la normale, ont exercé une pression sur la rentabilité d’Hydro-Québec.
En 2024, la société d’État affiche un bénéfice net de 2,66 milliards $. Depuis 2014, le bénéfice n’a été plus bas qu’une fois en 2020, au début de la pandémie.
Hydro-Québec versera ainsi un dividende de 2 milliards $ au gouvernement du Québec, son unique actionnaire. C’est le plus bas dividende depuis 2020. Elle remet 75 % de son bénéfice sous forme de dividende chaque année.
En 2024, les revenus d’exportations ont baissé de 866 millions $ pour s’établir à 1,5 milliard $. Les volumes d’électricité exportés sont nettement inférieurs à la moyenne des dernières années, mais Hydro-Québec a été en mesure de compenser cette baisse par des prix de vente plus élevés.
«Auparavant, on vendait, oui, beaucoup plus de térawattheures, mais à des prix deux fois plus faibles que les prix qu'on retrouve aujourd'hui», résume M. Aucoin.
Au Québec, l’hiver plus clément a eu un effet sur les ventes, mais la hausse de la demande au cours de l’année, l’indexation tarifaire et la hausse des prix de l’aluminium ont permis d’accroître les revenus de 564 millions $.
Hydro-Québec a réalisé des investissements de près de 6,5 milliards $ en 2024, une augmentation de 25 % par rapport à l’an dernier. Elle prévoit augmenter ses investissements de 20 % en 2025 pour atteindre 7,2 milliards $.
Hydro-Québec prévoit des investissements massifs de 100 milliards $ d’ici 2035 afin d’augmenter sa capacité de production de 11 000 mégawatts (MW) afin de répondre à la demande croissante dans un contexte de transition énergétique.
Malgré le contexte de faible hydraulicité, M. Aucoin assure que les contrats de ventes d’électricité à l’État de New York et du Massachusetts ne sont pas à risque. «Nous avons planifié en conséquence. Il n’y a pas de risque là.»
Le président et chef de la direction, Michael Sabia, a précisé que les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis forçaient toutefois la société d’État à analyser «tous ses contrats». «Il y a beaucoup de questions. Ce n’est pas clair de quelle façon la menace de droit de douane pourrait s’appliquer à l’électricité.»
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