Les pompiers ont poursuivi leur lutte contre l'incendie majeur survenu dans un complexe résidentiel de grande hauteur à Hong Kong, jeudi, alors que le bilan des victimes s'élève désormais à 94 morts.
Selon les autorités, les pompiers étaient toujours à l'œuvre dans quelques appartements et tentaient de pénétrer dans tous les logements des sept tours afin de s'assurer qu'il n'y avait pas d'autres victimes.
«Notre opération de lutte contre l'incendie est presque terminée», a déclaré Derek Armstrong Chan, directeur adjoint des opérations des services d'incendie. Les pompiers s'efforçaient «d'empêcher les débris et les braises de s'enflammer à nouveau. La prochaine étape est l'opération de recherche et de sauvetage», a-t-il ajouté.
Le nombre de personnes toujours portées disparues ou coincées est incertain. Tôt jeudi, le dirigeant de Hong Kong, John Lee, a déclaré que le contact avait été perdu avec 279 personnes, mais cette information n'a pas été mise à jour plus tard lors d'une conférence de presse.
Les pompiers tentent de maîtriser les flammes depuis mercredi en milieu d'après-midi, lorsque le feu s'est déclenché dans des échafaudages en bambou et des filets de construction, puis s'est propagé à sept des huit bâtiments du complexe.
Les incendies dans quatre bâtiments ont été efficacement éteints, la situation étant maîtrisée dans les trois autres tours touchées, selon les autorités locales.
Un pompier fait partie des victimes, tandis que 70 personnes ont été blessées, dont 11 pompiers, ont indiqué les autorités. Environ 900 personnes ont été évacuées vers des abris temporaires pendant la nuit.
Cet incendie est le plus meurtrier qu'ait connu Hong Kong depuis des décennies. En novembre 1996, 41 personnes avaient trouvé la mort dans un immeuble commercial de Kowloon lors d'un incendie qui avait duré environ 20 heures.
«Tout était noir»
Lawrence Lee, un résidant, attendait des nouvelles de sa femme, qu'il pensait toujours coincée dans leur appartement.
«Lorsque l'incendie s'est déclaré, je lui ai dit au téléphone de s'enfuir. Mais quand elle est sortie de l'appartement, le couloir et les escaliers étaient remplis de fumée et tout était noir. Elle n'a donc pas pu sortir», a-t-il raconté.
Winter et Sandy Chung, qui vivaient dans l'une des tours, ont vu des étincelles voler autour d'eux lorsqu'ils ont été évacués mercredi après-midi.
Bien qu'ils soient sains et saufs, ils s'inquiétaient pour leur domicile. «Je n'ai pas pu dormir de la nuit», a avoué Winter Chung, 75 ans, lors d'une entrevue avec l'Associated Press (AP).
Trois personnes arrêtées
Trois hommes, les directeurs et un consultant en ingénierie d'une entreprise de construction, ont été arrêtés pour homicide involontaire. La police n'a pas directement nommé l'entreprise pour laquelle ils travaillent.
«Nous avons des raisons de croire que les responsables de l'entreprise de construction ont fait preuve d'une négligence grave», a expliqué Eileen Chung, commissaire principale de police.
Jeudi, la police a perquisitionné les bureaux de Prestige Construction & Engineering Company, qui, selon l'AP, était responsable des travaux de rénovation du complexe immobilier.
Selon les médias locaux, la police a saisi des boîtes de documents à titre de preuve. Les appels téléphoniques à Prestige sont restés sans réponse.
Les autorités soupçonnent que certains matériaux utilisés pour les murs extérieurs des immeubles ne répondaient pas aux normes de résistance au feu, ce qui a permis aux flammes de se propager à une vitesse inhabituelle.
La police a également dit avoir trouvé du polystyrène expansé, un matériau hautement inflammable, fixé aux fenêtres de chaque étage près du hall d'ascenseur de la tour non touchée. Il aurait été installé par l'entreprise de construction, mais son objectif n'était pas clair.
Échafaudages
Le complexe immobilier comprenait huit bâtiments avec près de 2000 appartements pour environ 4800 résidants, dont de nombreuses personnes âgées. Il a été construit dans les années 1980 et faisait l'objet d'une rénovation majeure.
L'agence anticorruption de Hong Kong a annoncé jeudi qu'elle lançait une enquête sur une possible corruption liée au projet de rénovation.
L'incendie s'est déclaré sur l'échafaudage extérieur d'une tour de 32 étages, puis s'est propagé sur l'échafaudage en bambou et les filets de construction à l'intérieur du bâtiment, puis aux autres édifices.
Les échafaudages en bambou sont courants à Hong Kong dans les projets de construction et de rénovation de bâtiments, bien que le gouvernement ait déclaré plus tôt cette année qu'il commencerait à les supprimer progressivement dans les projets publics pour des raisons de sécurité.
Selon un expert en sécurité incendie, cet incident est «assez choquant», car la réglementation exige généralement que les bâtiments soient espacés les uns des autres afin d'empêcher les incendies de se propager d'une tour à l'autre.
«En général, ils ne se propagent pas au-delà du bâtiment d'origine», a souligné Alex Webb, ingénieur en sécurité incendie chez CSIRO Infrastructure Technologies en Australie.
