Début du contenu principal.
Le risque de complications graves atteint 45 % lorsque tous les lits sont occupés, précise l'étude réalisée par des chercheurs québécois.
Plus l'unité des soins intensifs néonatals est achalandée, plus le risque de complications augmente pour les grands prématurés, conclut une étude réalisée par des chercheurs québécois.
Le risque de complications graves atteint 45 % lorsque tous les lits sont occupés, précise l'étude.
En comparaison, le pourcentage de complications graves est de 30 % quand la moitié des lits sont occupés. Il grimpe à 40 % quand huit lits sur dix sont occupés, et à 50 % lorsque l’unité des soins intensifs est à 110 % de sa capacité.
«On savait que les unités qui étaient très occupées globalement avaient de moins bons résultats en les comparant les unes aux autres, a dit en primeur à La Presse Canadienne le docteur Bruno Piedboeuf, du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval. Mais là, même au sein d'une même unité, on constate que quand c'est plus occupé, les taux de complication sont plus élevés.»
Cette association pourrait être attribuable au manque de personnel, croient les auteurs de l'étude. Les grands prématurés ont une santé fragile qui nécessite une vigilance de tous les instants et une réponse rapide en cas de besoin. Un ratio d'une infirmière par bébé serait requis pour des soins optimaux.
Les données analysées par les chercheurs témoignent toutefois d'une association négative modeste entre l'achalandage de l'unité des soins intensifs et le nombre d'infirmières sur le plancher, par rapport au nombre recommandé ― en d'autres mots, quand l'achalandage augmentait, le nombre d'infirmières diminuait.
Malgré cela, 75 % des quarts de travail étudiés pouvaient compter sur au moins 89 % du nombre d'infirmières recommandé, ce qui pourrait limiter l'évaluation de l'impact d'un manque de personnel, écrivent les chercheurs. Cela ne tient pas non plus compte de l'expérience du personnel en poste.
À lire également:
«On vient compenser les taux d'occupation (élevés) en mettant plus d'infirmières, mais on s'aperçoit finalement que ça ne permet pas de corriger la totalité du problème, a analysé le docteur Piedboeuf. Les infirmières sont importantes, mais on n'arrive pas à compenser totalement.»
L’équipe de recherche a analysé les cas de 1870 enfants nés entre la 23e semaine et la 32e semaine de grossesse, et admis dans une unité de soins intensifs néonatals québécoise. Parmi eux, 823 ont eu des complications sérieuses, dont 153 décès. Les principales pathologies rapportées touchaient les poumons, le système nerveux, le système digestif et les yeux.
Si les taux de complications parmi les prématurés se maintiennent, a nuancé le docteur Piedboeuf, on peut supposer qu'ils sont aujourd'hui moins importants pour les moins grands prématurés que, par exemple, pour ceux qu'on appelle maintenant les nanoprématurés ― les bébés nés après seulement 22 ou 23 semaines de gestation.
Le taux de survie des prématurés qui naissent après la 28 semaine de grossesse est maintenant de 95 %, en raison des progrès fulgurants réalisés au cours des dernières années. Après cette amélioration technique, disent les auteurs, il semblerait qu'une amélioration de l'organisation du travail soit nécessaire.
«On se rend compte qu'il faut non seulement agir sur la technologie, mais il faut aussi agir sur l'équipe de soins, l'organisation des soins aussi est extrêmement important», a souligné le docteur Piedboeuf.
Compenser pour un nombre insuffisant d'infirmières, ajoute-t-il, ne permet pas de compenser pour tous les autres employés qui sont aussi appelés à intervenir, des préposés aux médecins en passant par les pharmaciens et les différents thérapeutes. «C'est l'ensemble de toute l'équipe qui est important», a-t-il dit.
Des études précédentes semblaient indiquer qu'un nombre insuffisant d'infirmières sur le plancher par rapport au nombre recommandé était associé à un risque plus élevé d'infections nosocomiales, d'hémorragie intraventriculaire et de mortalité parmi les grands prématurés.
Le premier auteur de cette étude publiée par le journal médical Archives of Disease in Childhood: Fetal & Neonatal est le docteur Marc Beltempo, de l'Université McGill.