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Après avoir rejeté en 2021 le projet GNL Québec notamment pour des raisons environnementales, le gouvernement Legault se dit maintenant prêt à étudier la proposition de Marinvest Energy.
L'entreprise norvégienne veut construire à Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, une usine de liquéfaction et un terminal maritime dans le but d'exporter du gaz naturel albertain vers l'Europe.
«Nous pensons qu'il existe un dossier commercial solide pour un projet de gaz naturel liquéfié au Québec», a confirmé vendredi à La Presse Canadienne le chef de l'exploitation de Marinvest, Greg Cano.
«Le Québec peut jouer un rôle clé dans la diversification des options d'exportation pour le gaz naturel canadien, en particulier à un moment où dépendre uniquement du marché américain présente des défis», a-t-il ajouté.
Le mégaprojet inclurait un gazoduc de centaines de kilomètres au Québec et possiblement l'installation de l'usine dans les eaux du Saint-Laurent. Le quotidien «Le Devoir» a été le premier à rapporter ces informations, vendredi.
De passage à Sept-Îles pour une annonce portant sur l'aluminium, le premier ministre François Legault a confirmé que des membres de son équipe ont déjà rencontré les promoteurs du projet à Baie-Comeau.
«La première chose qu'on va regarder, c'est les retombées économiques. Est-ce qu'il y a des emplois payants pour les Québécois? Est-ce qu'il y a des revenus qui peuvent aller aux Québécois?» a-t-il dit en mêlée de presse.
«Si c'est payant pour les Québécois, on va le regarder. Si ce n'est pas payant pour les Québécois, on ne le regardera pas», a ajouté le premier ministre.
En 2021, son gouvernement avait pourtant mis la hache dans le projet GNL Québec à Saguenay.
Le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, avait alors expliqué que le projet d'usine de liquéfaction de gaz naturel risquait de «défavoriser la transition énergétique».
Dans son rapport publié en mars 2021, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) concluait que la somme des risques du projet dépassait largement ses avantages.
L'entreprise n'avait pas réussi à démontrer que l'opinion publique était favorable, que le projet servirait à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et qu'il permettrait d’accélérer la transition vers des énergies propres.
En février 2022, dans un rapport de 285 pages, l'Agence d'évaluation d'impact du Canada avait fait savoir que le projet GNL Québec était susceptible de nuire à l'environnement.
L'Agence concluait que l'usine augmenterait les GES, que la hausse du trafic maritime sur le Saguenay nuirait à la population de bélugas, tandis qu’il y aurait également des effets négatifs sur les Premières Nations innues.
Le gouvernement Trudeau avait donc également décidé que ces impacts négatifs sur l’environnement étaient non justifiables dans les circonstances et avait refusé d'accorder son autorisation.
Or, depuis le début de l'année 2025, le gouvernement du Québec a envoyé plusieurs signaux comme quoi il serait favorable à la relance d'un tel projet, en autant qu'il y ait de «l'acceptabilité sociale» et des «retombées».
«Les Québécois se disent: "c'est pas vrai que (le président américain Donald) Trump va contrôler le pétrole qu'on fabrique en Alberta"», a notamment déclaré M. Legault à l'animateur Stéphan Bureau, en mai dernier.
«Donc, est-ce qu'on peut l'exporter en Europe en passant par le Québec plutôt que d'être mal pris avec Trump? Il y a une ouverture.»
Pour l'instant, il est difficile de mesurer le niveau de confort des gens de la Côte-Nord, a déclaré vendredi à La Presse Canadienne le préfet de la MRC de Manicouagan, Marcel Furlong.
«Le projet est tellement dans ses premiers balbutiements qu'à peu près personne peut prendre une orientation positive ou négative», a-t-il affirmé.
M. Furlong souligne toutefois qu'«il y a encore du terrain de disponible pour du développement industriel dans la Baie des Anglais» et que cela «représente un bel avantage pour ces promoteurs-là».
«C'est au promoteur à nous démontrer que les projets peuvent être bons pour la société, puis ça veut dire aussi pour l'environnement», a-t-il cependant ajouté.
Vendredi, Greenpeace Canada a exprimé son inquiétude dans un communiqué.
«Dans un monde qui se tourne vers les énergies renouvelables, ressusciter des projets d'infrastructures fossiles relève de la folie», a déclaré Louis Couillard, responsable de la campagne climat-énergie chez Greenpeace.
«Ces projets morts-vivants n'ont plus leur place dans notre avenir énergétique et ne devraient jamais voir le jour», a-t-il renchéri.
Même son de cloche du côté de la porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal, qui qualifie ce nouveau projet de «complètement irresponsable».
«Marinvest et tous ceux qui appuieront un nouveau mégaprojet de GNL au Québec vont trouver Québec solidaire sur leur chemin», a-t-elle réagi sur X.