Les funérailles de Nooran Rezayi, un adolescent âgé de 15 ans tué lors d'une intervention policière dimanche dernier à Longueuil, se déroulaient jeudi matin sur la rive sud de Montréal.
Selon l'Association de la Sépulture Musulmane au Québec, la prière funéraire a débuté à 8h45 à la mosquée de JK Brossard. La salle était bondée, a constaté Noovo Info sur place. On comptait 800 personnes sur les lieux, qui étaient tristes pour la plupart, mais aussi en colère et ils réclament justice.
Nooran Rezayi a été inhumé au cimetière de Saint-Hubert vers 10h.
Le cousin de Nooran Rezayi, a indiqué à Noovo Info que sa famille et lui ont pleuré sa mort et espèrent que justice sera rendue.
«On a besoin de la justice, ça ne se fait vraiment pas ce qu'ils ont fait (les policiers)», a-t-il lancé.
Le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) a confirmé lundi qu'une enquête est en cours pour faire la lumière sur l'évènement. D'ailleurs, le SPAL a également déclenché une enquête mardi après que des agents ont été victimes de sérieuses menaces sur les réseaux sociaux.
Lors du passage de Noovo Info à la maison familiale lundi, une vingtaine de personnes, dont plusieurs membres de la famille, se recueillaient. Ces derniers n'ont pas voulu s'exprimer à la caméra, mais ont confié avec tristesse que «la situation leur échappait».
L'un des amis d'enfance de Nooran avait toutefois accepté de témoigner. «C'était un très bon ami à moi. On a grandi ensemble, tout ça me détruit le coeur [...] Il apportait la joie de vivre dans le groupe», avait-il lâché, qualifiant le tout d'injustice.
Selon son récit des événements, le défunt n'était pas armé. «C'était juste des soupçons. Je trouve que ça ne méritait pas deux tirs par un policier. Tu ne tires pas sur un enfant de 15 ans. Et quand tu tires, tu tires en l'air, tu tires aux pieds, pas sur l'enfant directement», avait-il déploré.
«Mais pourquoi on a tiré sur ce jeune de 15 ans, pourquoi on a tiré deux balles? C'était un bon garçon, un garçon qui se cherchait, qui voulait grandir, joyeux.»
Rappel des événements
Selon les informations diffusées par les autorités, les policiers sont intervenus vers 14h48 à la suite d'un appel signalant un groupe de personnes armées en déplacement dans un lieu public. Les agents seraient arrivés sur les lieux vers 14h58 et seraient entrés en contact avec des membres du groupe dans le secteur des rues Joseph-Daigneault et Monaco.
Lors de l’intervention, l'adolescent a été atteint par un tir policier. Les premiers soins lui auraient été prodigués par les policiers sur place jusqu’à l’arrivée des ambulanciers. Son décès a été constaté en centre hospitalier.
Deux personnes qui vivent dans le quartier et qui préfèrent garder l’anonymat ont raconté à La Presse canadienne qu’en milieu d’après-midi dimanche, des dizaines d’adolescents vêtus de noir et portant des masques ont défilé dans le quartier.
Questionnés à savoir qu’est-ce qu’ils faisaient dans le quartier, les jeunes auraient répondu qu’ils s’apprêtaient à tourner une vidéo dans le boisé voisin.
L’une des personnes interrogées par l’agence de presse a expliqué que, quelques minutes après cette interaction, des coups de feu ont été tirés et elle a vu un adolescent ensanglanté, qui gisait dans la rue.
Un porte-parole du BEI a confirmé à Noovo Info dimanche en fin de journée que des enquêteurs avaient été dépêchés sur place. Un total de cinq enquêteurs feront la lumière sur les circonstances entourant l’intervention.
En entrevue avec Noovo Info lundi, l'enquêteur à la retraite Arold Bernatchez a soutenu que les policiers étaient bien formés pour ce genre de situation. «Un policier ne peut pas laisser son jugement s'altérer par des émotions ou un contexte. Que la personne ait l'air d'avoir 10 ans ou 110 ans, c'est le risque et les faits qui sont évalués. Ce n'est pas toujours facile, mais c'est ça, être policier», a-t-il affirmé.
Avec des informations de Marika Simard et de La Presse canadienne
