Économie

Frank & Oak envisage une restructuration, d'autres marques canadiennes ferment

Mis à jour

Publié

20250108120112-2025010812014-d3dfe248a4ba0bb6c9d48978f4ea230471abdaab2a9f7446ecc2efe1ea5a6f35.jpg Canada's retail industry has started the year with several brands seeking creditor protection and closing stores.A Frank and Oak store is shown in Toronto on Wednesday, June 8, 2016. THE CANADIAN PRESS/Eduardo Lima. (Eduardo Lima | La Presse canadienne)

La nouvelle année commence difficilement pour le secteur de la vente au détail au Canada, avec deux entreprises qui cherchent à se protéger de leurs créanciers et à fermer des magasins pendant qu’elles réfléchissent à leur avenir. 

UCG Canada Holdings, faisant affaire sous le nom Frank & Oak, et Comark Holdings, qui possède les marques de vêtements Ricki’s, Cleo et Bootlegger, ont toutes deux déposé des demandes de nature judiciaire ces dernières semaines pour obtenir un sursis face aux créanciers.

Frank & Oak, qui compte 15 magasins au Canada, cherche à se protéger des créanciers pendant qu’elle étudie les options de restructuration de son entreprise. 

«L’objectif principal est de préserver l’entreprise, de protéger les emplois et d’explorer des solutions potentielles, notamment l’attraction d’un investisseur ou l’identification d’un acheteur pour la marque», indique l’entreprise montréalaise dans un communiqué de presse. 

Les documents juridiques montrent que le détaillant doit environ 71 millions $ à des créanciers, qui comprennent des entreprises de textile, des propriétaires et des sociétés de services publics. 

Le président-directeur général de Frank & Oak, Dustin Jones, justifie la dette comme conséquence de la difficulté à se remettre des pertes subies à la suite de la pandémie de COVID-19. 

«Soyez assurés que nous travaillerons avec diligence sur notre plan de restructuration afin d’assurer notre succès, avec l’objectif de poursuivre notre relation d’affaires avec vous», écrit-il dans une note envoyée aux créanciers. 

La situation dans laquelle se trouve Frank & Oak ne surprend pas Liza Amlani, cofondatrice du Retail Strategy Group. 

«L’assortiment était terne et ennuyeux, écrit-elle dans un courriel après avoir visité deux magasins de la marque. Les vendeurs n’avaient pas de formation en vente et manquaient de compétences en matière de service à la clientèle. Autrement dit, j’ai été accueillie et informée de la vente, mais c’est tout.»

Sa perception de Comark est similaire. 

«Lorsque vous visitez leurs magasins, vous avez l’impression d’avoir fait un pas en arrière dans le temps, affirme-t-elle. Une abondance de stocks excédentaires repose sur des rails dans les magasins à la fin de chaque saison. Ils sont inondés de stocks et de démarques importantes, ce qui me dit qu’ils ne savent pas ce que veulent leurs clients.»

Fermetures pour Comark

Le dépôt par Comark en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies a été associé à une décision de fermer tous ses magasins Ricki’s et Cleo, qui vendent des vêtements pour femmes souvent adaptés aux environnements de bureau.

Les documents juridiques montrent que la compagnie établie en Ontario exploite 75 magasins Ricki’s, 54 magasins Cleo, 20 sites communs et environ 19 sites que les marques ont divisés avec l’autre bannière de Comark, Bootlegger, qui compte 53 magasins indépendants.

L’entreprise, qui, selon ces documents, compte 2056 employés au Canada, indique qu’elle demandera une ordonnance judiciaire future pour liquider certains des magasins Bootlegger. Ses avocats n’ont pas répondu à une demande de commentaires.

Dans les documents juridiques, Comark décrit les difficultés qu’elle a rencontrées alors qu’elle tentait de faire face à la pandémie de COVID-19, à une attaque de rançongiciel en novembre 2021, à une concurrence accrue de détaillants de mode à très bas prix, comme Shein et Temu, et à des problèmes de chaîne d’approvisionnement et de fournisseurs.

«Malgré tous leurs efforts pour réduire les dépenses, préserver le capital et améliorer la rentabilité, la position de liquidité des demandeurs continue de se détériorer rapidement, en particulier pendant la saison de vente au détail traditionnellement plus lente après Noël», écrit le directeur général Shamsh Kassam dans un affidavit.

Il estime qu’au moment où Noël est arrivé, les marques de Comark devaient 61 millions $ à un mélange de fournisseurs, de propriétaires et d’autres partenaires que l’entreprise ne serait pas en mesure de payer.

«Certains fournisseurs ont cessé d’expédier de nouvelles marchandises et ont annoncé qu’ils n’étaient pas disposés à commencer la production de marchandises pour l’été et l’automne, précise M. Kassam. Certains autres fournisseurs ont émis des déclarations de réclamation ces dernières semaines contre les demandeurs en Ontario et au Manitoba, réclamant le paiement des sommes impayées et des dommages-intérêts.»

Les dépôts de Frank & Oak et de Comark surviennent quelques jours après que Toys "R" Us Canada a annoncé la fermeture de cinq magasins en Ontario et la création d’espaces de jeu et une expansion de la marque HMV dans d’autres. 

The Body Shop Canada a également communiqué qu’elle fermerait des magasins dans le cadre d’une vente à une filiale de Serruya Private Equity, une société de Markham, en Ontario. 

Pourtant, Mme Amlani ne voit pas ces fermetures et dépôts de mandats d’insolvabilité comme un signe que le secteur de la vente au détail va connaître une année difficile. 

«(Les consommateurs) sont simplement plus prudents et plus intentionnels dans leurs achats, conclut-elle. Avec plus d’options que jamais, le client a beaucoup plus de choix en ligne et hors ligne que jamais auparavant.»

À voir aussi : «Mon argent s'est envolé»: des Québécois en colère après avoir acheté chez Wazo Furniture

Tara Deschamps

Tara Deschamps

Journaliste