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Le premier ministre François Legault a pu finalement s'entretenir jeudi avec son nouvel homologue terre-neuvien, Tony Wakeham, qui remet en question le projet d'entente avec le Québec sur l'approvisionnement en électricité provenant de Churchill Falls.
Dans un message transmis à La Presse Canadienne jeudi, l'équipe de M. Legault a fait savoir que les deux hommes se sont parlé en journée.
C'était un simple «appel de courtoisie», a-t-on indiqué. M. Legault a félicité son interlocuteur pour sa victoire aux élections.
Plus tôt, le bureau du premier ministre du Québec avait laissé entendre que M. Legault souhaitait discuter avec M. Wakeham «très prochainement».
Car l'incertitude plane actuellement sur le protocole d'entente de plus de 33,8 milliards $, qui pourrait fournir 7200 mégawatts additionnels dont le Québec a besoin pour sa décarbonation.
L'objectif est de signer une entente finale d'ici à avril 2026, mais dans une entrevue avec La Presse Canadienne jeudi, M. Wakeham a laissé entendre qu'il n'était pas lié par cette échéance qu'il juge «arbitraire».
Or le Québec sera lui-même plongé en campagne électorale à l'automne de 2026, mais M. Wakeham suggère qu'il ne craint pas l'élection évenutelle du Parti québécois (PQ), en tête dans les sondages, et qui pourrait vouloir lui aussi renégocier les termes de l'accord.
Dans un message sur le réseau social X mercredi, M. Legault avait dit être «convaincu» que l’entente de principe actuelle sur le développement énergétique du Labrador était «bénéfique tant pour Terre-Neuve-et-Labrador que pour le Québec», mais M. Wakeham n'est visiblement pas du même avis.
Le projet d'entente a été signé en décembre à Saint-Jean (T.-N.-L.) par M. Legault et le premier ministre libéral Andrew Furey, qui a par la suite démissionné le printemps dernier, et c'est son successeur John Hogan qui a dû prendre la relève pour défendre l'accord.
La campagne électorale qui s'est terminée mardi a porté au pouvoir son adversaire conservateur Tony Wakeham, qui avait exprimé à maintes reprises des critiques sur le protocole d'entente.
Il s'est engagé non seulement à faire examiner le texte par un comité indépendant et à obtenir des conditions plus avantageuses pour sa province, mais aussi à la soumettre à un référendum.
M. Wakeham estime que les informations publiées jusqu'ici ne permettent pas de savoir si le nouveau protocole d'entente est le meilleur accord possible pour sa province.
Mais en décembre dernier, lors de la cérémonie officielle de signature à Saint-Jean, un des artisans du projet d'entente, le président d'Hydro de l'époque, Michael Sabia, avait été clair: «Est-ce que cette entente peut changer de façon importante? Selon nous, non.»
Pourquoi cette entente est si cruciale et controversée?
Elle mettrait fin à un contrat signé entre Terre-Neuve et Hydro-Québec en 1969, avec échéance prévue en 2041, pour l'exploitation du barrage de Churchill Falls, au Labrador -- que les Terre-Neuviens ont toujours considéré comme une injustice. Hydro achète ainsi à 0,2 cent le kilowatt/heure de l'électricité qu'elle revend ensuite à prix fort.
En vertu de la nouvelle entente qui courrait jusqu'en 2075, Hydro-Québec augmenterait graduellement la redevance pour qu'elle atteigne 6 cents le kWh, soit 30 fois plus.
De plus, Hydro-Québec deviendrait maître-d’œuvre pour le chantier de l’augmentation de la puissance de la centrale actuelle de Churchill Falls, mais aussi pour une deuxième centrale à proximité, ainsi qu'une centrale en aval du fleuve Churchill à Gull Island, des projets évalués au total à 25 milliards $.
Le Québec aurait ainsi accès à 7200 MW additionnels pour combler ses besoins.
Actuellement, la puissance de Churchill Falls est 5400 MW et elle fournit 15 % de l’électricité d’Hydro-Québec.
- Avec des informations de Michael MacDonald à Halifax