Le premier ministre François Legault a pris part, lundi, à Paris, à l’offensive de Bombardier pour vendre l'un de ses modèles d’avion à la défense canadienne.
De son côté, le fédéral a montré des signes d'ouverture, par la voix de la ministre de l'Industrie, Mélanie Joly.
M. Legault a passé la journée au Salon aéronautique du Bourget, le plus grand événement du genre au monde.
Bombardier pense pouvoir gagner son pari et convaincre Ottawa, alors que le gouvernement de Mark Carney a annoncé 9 milliards $ supplémentaires par an en dépenses militaires.
M. Legault souhaite que le Québec ait sa part du lion et que Bombardier décroche le contrat pour son appareil conçu pour des missions de surveillance et de détection.
Le premier ministre est monté à bord d’un GlobalEye garé sur le tarmac, un appareil du suédois Saab, mais qui a des origines québécoises: il est construit sur la plateforme du Global Express de Bombardier, auquel on a ajouté une pléthore d'équipements électroniques.
«Les gens de Boeing sont nerveux que nous soyons ici», a dit à M. Legault le vice-président de Saab, Carl-Johan Bergholm.
«Bombardier, avec Saab, aura des discussions avec certains gouvernements en Europe, même avec le gouvernement canadien, donc on espère être capable de vendre cet avion de surveillance qui est extraordinaire», a affirmé M. Legault en mêlée de presse.
Bras de fer Bombardier-Boeing
En mars 2023, Ottawa avait indiqué qu’il prévoyait remplacer les avions de surveillance des forces aériennes en considérant un seul fournisseur, Boeing.
Bombardier avait alors protesté en exigeant un véritable appel d’offres pour soumettre son appareil, déjà vendu et éprouvé dans d’autres marchés.
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«Je n’ai aucun regret de l’avoir fait», a déclaré lundi le grand patron de l’entreprise, Éric Martel, en entrevue dans les locaux de Bombardier Défense au Bourget.
«Ça a fait comprendre à tout le monde qu’on aurait peut-être intérêt à se parler et à mieux travailler ensemble», a-t-il argué.
Il a bon espoir de parvenir à s’entendre avec Ottawa sur un nouveau contrat afin de fournir des GlobalEye.
«On est très ouverts à avoir des conversations avec Bombardier», a indiqué la ministre de l'Industrie, Mélanie Joly.
«Ça me semble évident qu'il faut investir dans nos Bombardier, dans nos De Havilland, dans nos CAE, dans nos entreprises canadiennes.»
Collaboration avec Safran
Par ailleurs, Bombardier a signé une lettre d’intention lundi avec Safran, un géant français de l’industrie, qui se présente comme le deuxième équipementier aéronautique mondial. Les deux entreprises veulent élargir leur collaboration.
Les chercheurs pourront ainsi travailler ensemble sur des systèmes utilisés dans des équipements militaires, a expliqué un représentant de Bombardier.
Les détails sont confidentiels, a-t-il ajouté.
«Safran, c'est 100 000 employés», a rappelé M. Legault.
«Bombardier et Safran pourront à l'avenir (...) être capables de soumissionner ensemble sur certains contrats, que ce soit au Canada que ce soit en Europe ou que ce soit ailleurs.»
Cette mission essentiellement économique de quatre jours de M. Legault qui se terminait lundi s'inscrit dans la nouvelle volonté du gouvernement de faire de l'industrie de la défense une priorité, au même titre que l'énergie, avec l'augmentation de la capacité d'Hydro-Québec.
M. Legault tenait ainsi également à relancer les efforts de diversification des marchés d'exportation, à la suite de la guerre commerciale et des mesures protectionnistes entreprises par les États-Unis, notre principal marché.
Enfin, le premier ministre voulait aussi encourager les échanges économiques et les maillages avec les entreprises françaises.

