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Foresterie: l'industrie condamnée à se restructurer

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(La Presse canadienne)

Le gouvernement Legault a voulu calmer le jeu mardi après avoir évoqué des pertes de 30 000 emplois en foresterie.

Mais «il y aura de la restructuration, c'est évident», a mis en garde le ministre délégué au Développement économique régional, Éric Girard, devant les journalistes. 

Jeudi dernier, le premier ministre François Legault avait suggéré que le secteur de la foresterie pourrait perdre jusqu'à la moitié de ses 60 000 travailleurs, en raison de droits de douane américains de 45 % sur le bois d'oeuvre québécois.   

À la période de questions, le député libéral André Fortin a relayé les propos d'élus municipaux des régions qui ont exprimé leur colère et ont accusé le gouvernement de les abandonner. La veille, la nouvelle stratégie économique du premier ministre ne mettait pas en valeur l'industrie forestière. 

«Je vous cite quelques-uns des élus municipaux: 'c'est une catastrophe. C'est complètement débile. Sa vision, c'est créer un paquet de villages fantômes, un paquet de Val-Jalbert'», a rapporté M. Fortin. 

«Quand tu fermes une usine forestière, c'est de la dévitalisation. Ce sont des villages complets, des maisons placardées et des écoles aux trois quarts vides en région.»

Le gouvernement Legault a répliqué qu'il avait déjà versé plus de 1,5 milliard $ en aide directe et indirecte à l'industrie depuis les feux de forêt de 2023 et qu'il réclamait aussi des efforts supplémentaires du gouvernement fédéral. 

«Ça me permet d'envoyer un message d'espoir à l'industrie ainsi qu'à l'ensemble de la population, parce qu'on ne laissera pas tomber l'industrie forestière et quelles que soient les difficultés qu'elle rencontre», a assuré le ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Jean-François Simard, en mêlée de presse.

Le premier ministre a pour sa part soutenu que l'industrie ne pourra plus compter sur le marché américain pour réaliser 70 % de ses ventes, mais devra exporter davantage en Europe et en Asie.

M. Legault a également assuré que des programmes de requalification seront mis sur pied pour les travailleurs de la foresterie, pour qu'ils se recyclent dans des domaines en pénurie de main-d'oeuvre.  

«La requalification à Maniwaki, ça ne marche pas comme à Montréal, a fait valoir M. Fortin. Les emplois, ils ne courent pas les rues. Ça veut dire quitter le village ou encore élever ses enfants à distance.»

Le Parti québécois (PQ) a pour sa part répliqué à la vision économique présentée la veille par le premier ministre en déposant en Chambre une motion pour que «l'Assemblée nationale affirme qu'une véritable vision globale de l'économie québécoise devrait inclure l'industrie forestière». 

Le gouvernement caquiste a toutefois refusé son consentement pour en débattre. 

M. Simard a rappelé que l'industrie forestière représente près de 60 000 emplois directs et indirects répartis dans toutes les régions du Québec. Près de 150 villages mono-industriels «vivent, pour ne pas dire survivent grâce à cette industrie», a-t-il souligné.