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Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, était de passage à Rouyn-Noranda mercredi pour s’entretenir avec les principaux acteurs concernant le dossier d’émissions d’arsenic dans l’air.
Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, a indiqué mercredi que des limites quotidiennes d'émissions d'arsenic pourraient être imposées à la fonderie Horne.
De passage à Rouyn-Noranda afin de rencontrer les principaux acteurs du dossier, M. Charette a soutenu que le statu quo de la situation était «intenable».
«On a une belle occasion avec la prochaine attestation qui doit être confirmée dans les prochaines semaines de corriger la situation avec une cible qui sera nettement plus ambitieuse», a-t-il expliqué, peu de temps après avoir rencontré la mairesse et le conseil municipal.
Le ministre désire également inclure les autres métaux qui font l'objet d'émanations dans la prochaine attestation, une demande qui avait été formulée par la mairesse Diane Dallaire.
À VOIR: Quitter Rouyn-Noranda à cause de l'arsenic
Le ministre souhaite instaurer des «cibles intérimaires» afin d’avoir des résultats rapidement sur la qualité de l’air. «On songe également à des plafonds [d’émissions] quotidiens pour s’assurer de limiter les impacts sur la santé», a-t-il soutenu lors d’une mêlée de presse.
M. Charette estime qu’une annonce sur les émissions devrait être faite dans les prochaines semaines. «On ne veut pas laisser filer les mois avant de rassurer la population», explique le ministre, qui ajoute ressentir une urgence d’agir dans ce dossier.
En ce qui concerne une éventuelle participation de Québec dans la modernisation de l’usine, M. Charette réitère que «plusieurs scénarios» sont envisagés, mais que ceux-ci ne relèvent pas de son ministère.
La mairesse Dallaire a mentionné que le ministre s’était montré réceptif aux demandes de la Ville et a confirmé que la prochaine attestation sera plus «contraignante». «Cela nécessitera l’ajout de plusieurs instruments», a-t-elle expliqué à Noovo Info.
La Fonderie Horne rejette actuellement dans l'air jusqu'à 100 nanogrammes d'arsenic par mètre cube (100 ng/m3), soit 33 fois plus que la norme provinciale.
Questionné par les journalistes, il n'a pas écarté la possibilité que ce seuil éventuel soit de 30 nanogrammes par mètre cube (ng/m3), soit 10 fois plus que la norme provinciale, comme il l'avait évoqué la semaine dernière.
«C'est un scénario qui avait été évoqué. C'est un scénario qui est encore possible, mais la réponse n'est pas connue à l'heure actuelle, ce sont des travaux qui se poursuivent avec la santé publique notamment. Notre souhait est, d'ici la fin de l'été, donc dans les prochaines semaines, arriver avec une précision sur la cible.»
Benoit Charette souhaite imposer à Glencore, propriétaire de la fonderie, des cibles journalières, pour éviter des «pics» d'émissions d'arsenic dans un court laps de temps.
La députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, a réagi à sa rencontre avec le ministre Charrette.
«Pourquoi le ministre de l’Environnement s’est-il déplacé en Abitibi s’il n’avait aucun plan et aucun chiffre à présenter? Il est venu nous servir les mêmes arguments des trois dernières années. Les gens sont inquiets et en colère contre la CAQ qui a manqué de volonté politique pour mettre Glencore au pas. Ça fait depuis 2019 que je talonne le gouvernement sur la qualité de l’air et l’arsenic à Rouyn-Noranda», a-t-elle dit par voie de communiqué.
«À Québec solidaire ça a toujours été clair, on ne fera pas de compromis sur la santé des gens au risque de froisser la Fonderie Horne, c’est pourquoi un gouvernement solidaire appliquerait la norme québécoise. À l’automne prochain, deux visions du Québec s’opposeront : celle de la CAQ qui croise les bras devant les multinationales polluantes et celle de Québec solidaire, qui mettra l’économie au service de la qualité de vie de la population», a ajouté la députée.
«Que l'on nous parle encore d'une réduction d'ici cinq ans et qu'il n'y ait pas de cible, c'est nettement insuffisant», rapporte Johanne Alarie, coporte-parole de Mères au front de Rouyn-Noranda présente sur place lors du passage de M. Charette. «Il y a une norme qui est claire au Québec [...] je crois qu'il est temps qu'on la fasse respecter à Rouyn», ajoute cette dernière, qui demande des mesures quotidiennes pour contrôler les émissions.
Le ministère de l'Environnement doit négocier une nouvelle cible d'émission d'arsenic et renouveler le certificat de conformité de la fonderie au plus tard cet automne, mais devrait être déposé d'ici la fin de l'été.
Plus tôt cette semaine, le Syndicat des travailleurs de la mine Normanda (STMN-CSN) demande à Glencore, propriétaire de la fonderie, de s'entendre «le plus rapidement possible avec le gouvernement sur un échéancier précis qui permettra d'obtenir la plus grande réduction techniquement possible d'arsenic dans l'air».
Kevin Gagnon, vice-président de la Fédération de l'industrie manufacturière, a indiqué qu'en «combinant plusieurs mesures de réduction des émissions, il est possible de continuer les opérations de la Fonderie Horne tout en effectuant un contrôle des émissions d'arsenic beaucoup plus important qu'en ce moment».
Plus la diminution d'émissions d'arsenic dans l'air de Rouyn-Noranda sera rapide et importante, plus il y aura un gain pour la santé publique, selon un récent rapport de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Avec des informations de Samuel Deschenes et de Stéphane Blais, La Presse canadienne