Économie

Fin d'une bonification de l'assurance-emploi: «On laisse tomber des travailleurs»

«On est vraiment dans le fouillis.»

Mis à jour

Publié

cff4ba40bfa1b43ad04c415339616950fedda749b3c45e3146dfe1cea0a2469a.jpg Un travailleur s'affaire à ses tâches dans une usine de bois à Mont-Blanc, au Québec. Photo prise le 20 janvier 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi (Christinne Muschi / La Presse Canadienne)

Des groupes qui défendent les chômeurs et les travailleurs s'inquiètent de la fin, samedi, d'une mesure qui avait permis de bonifier le régime d'assurance-emploi, dans le contexte des droits de douane imposés par les États-Unis contre le Canada. 

Plusieurs des améliorations apportées au régime d'assurance-emploi, à cause de ce contexte économique difficile, avaient été prolongées, depuis, mais pas celle qui consiste à ajuster le calcul du taux de chômage dans le but de faciliter l'admissibilité aux prestations.

La mesure qui avait été mise en place, et qui prendra fin samedi, avait pour effet de réduire le nombre d'heures de travail requises pour se qualifier pour les prestations régulières d'assurance-emploi. Pour ce faire, les autorités avaient assoupli le calcul du taux de chômage dans certaines régions.

Or, l'arrivée à terme de cette mesure heurtera de plein fouet de nombreux travailleurs qui comptaient sur ces prestations, craint Milan Bernard, co-porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses.

Des jeunes sont particulièrement touchés, ainsi que des travailleurs saisonniers, des travailleurs qui ont des horaires brisés — des périodes de travail discontinues au cours d'une même journée — des salariés qui travaillent dans des industries touchées par des cycles de fermetures et de réouvertures.

À ses yeux, ce n'est pas le temps de restreindre l'accès aux prestations d'assurance-emploi, alors que le climat d'incertitude économique persiste et que le chômage s'accroît.

«On est vraiment dans le fouillis. On essaie d'aider les entreprises, mais on laisse tomber les travailleurs, dans ce cas-ci: les travailleurs de l'industrie forestière, les travailleurs de l'industrie touristique, les travailleurs et travailleuses des industries automobiles, de l'acier, etc., qui auront des besoins», a-t-il déploré en entrevue.

Des dirigeants des centrales syndicales, Denis Bolduc, de la FTQ, Caroline Senneville, de la CSN, Luc Beauregard, de la CSQ, et Luc Vachon, de la CSD, ont aussi exprimé leur déception, en rappelant qu'il y a présentement une hausse du chômage.

«Avec la guerre commerciale qui fait rage, les centrales syndicales du Québec demandent au gouvernement Carney de ne pas se limiter à soutenir seulement les entreprises, mais aussi les travailleuses et les travailleurs dans les secteurs affectés. Dans cette optique, il faudrait notamment hausser les prestations d’assurance-emploi et augmenter les transferts fédéraux relatifs à la formation, afin de donner un réel appui aux principales victimes de cette guerre qui perdure, malgré les efforts de trouver un terrain d’entente avec Donald Trump», ont affirmé les quatre dirigeants syndicaux.

Le co-coordonnateur du Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE), Michael Bizzarro, renchérit: «ça fait des années que les groupes syndicaux, communautaires et sociaux se mobilisent pour exiger une réforme en profondeur du régime d’assurance-emploi. Trop de travailleuses et de travailleurs sont exclus d’emblée du régime. Favoriser l’admissibilité, c’est la clé», a-t-il conclu.

Lia Lévesque

Lia Lévesque

Journaliste