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Jusqu'à 50% des Canadiens utilisent Facebook pour savoir ce qui se passe dans les villes et villages du pays, a rappelé le professeur d'études en communication et médias à l'Université Carleton Dwayne Winseck.
Les résidents des Territoires du Nord-Ouest ressentent plus que quiconque les effets du retrait des contenus d’information sur Facebook au Canada, alors qu’ils sont privés de l’accès aux articles de leurs médias locaux sur les réseaux sociaux en cette période de crise causée par les incendies de forêt.
Jusqu'à 50% des Canadiens utilisent Facebook pour savoir ce qui se passe dans les villes et villages du pays, a rappelé le professeur d'études en communication et médias à l'Université Carleton Dwayne Winseck, en entrevue avec La Presse Canadienne jeudi.
À son avis, la décision de Meta de bloquer les contenus d’information au Canada est irresponsable, surtout en temps de crise. Elle est même «répréhensible», selon lui.
Une situation d'urgence comme les incendies dans les Territoires du Nord-Ouest illustre l'importance des réseaux sociaux comme Facebook, Instagram et WhatsApp dans la diffusion des plus récentes informations, a souligné M. Winseck.
«Lorsque ces voies d'accès aux nouvelles sont brutalement fermées, comme elles l'ont été avec Meta, nous avons raison d'être très inquiets», a-t-il mentionné.
Les 20 000 habitants de Yellowknife et de deux Premières Nations situées à proximité ont reçu l'ordre d'évacuer avant midi vendredi, alors que les équipes de pompiers forestiers combattaient plus de 200 incendies dans les Territoires du Nord-Ouest.
Jusqu’à présent, les feux de forêt ont brûlé une superficie d'environ quatre fois la taille de l'Île-du-Prince-Édouard aux Territoires du Nord-Ouest. Aucun décès n'a été signalé.
Pendant ce temps, les organes de presse ne peuvent plus partager leur contenu sur les différentes plateformes de Meta depuis le début du mois.
La nouvelle Loi sur les nouvelles en ligne du gouvernement fédéral oblige certains géants du numérique à compenser financièrement les médias canadiens pour l’utilisation de leur contenu sur leurs réseaux sociaux. Meta a cependant décidé de simplement bloquer les contenus d’information de ses plateformes pour échapper à la portée de la loi.
Le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, a exprimé sa frustration vendredi quant à l’effet de la décision de Meta sur la diffusion de l’information pendant cette situation de crise dans les Territoires du Nord-Ouest.
«Ce que Meta fait actuellement est complètement inacceptable», a martelé celui qui était jusqu’à tout récemment ministre du Patrimoine canadien et qui a piloté le dossier du projet de loi C-18.
«C’est quelque chose que j’avais soulevé avec eux. Je leur avais soulevé ce qui s’était passé en Australie, et ils m’ont dit que les choses seraient différentes ici. Ce ne l’est pas. On voit que les gens n’ont pas accès à de l’information qui est absolument cruciale.»
Lors d’un point de presse, il a appelé Meta à revoir sa décision de bloquer les articles de presse sur ses plateformes. D’ici là, le gouvernement invite les personnes qui ont besoin de renseignements dans les Territoires du Nord-Ouest à se tourner vers les stations de radio locales ou la CBC pour obtenir des mises à jour sur les incendies.
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Dans une déclaration écrite envoyée jeudi à La Presse Canadienne, Meta a assuré que ses utilisateurs canadiens peuvent continuer à recevoir des informations pertinentes sur ses plateformes.
«Les utilisateurs au Canada peuvent continuer à utiliser nos technologies pour se connecter avec leurs communautés et accéder à des informations fiables, y compris le contenu d'agences gouvernementales officielles, de services d'urgence et d'organisations non gouvernementales», a déclaré l’entreprise dans un courriel non signé.
Malgré tout, Daniel Tsai, qui est chargé de cours en communication, culture, information et technologie à l'Université de Toronto, a martelé que la décision de Meta nuit à la société et met la vie des gens en danger.
«Les gens n’ont pas accès aux informations cruciales sur ce qui se passe à Yellowknife, où on parle d’une ville entière qui pourrait être entièrement incendiée. C'est insensé», a-t-il lancé.
«On a une ville de 20 000 habitants qui pourrait être anéantie, et personne ne peut obtenir d'informations à ce sujet en utilisant les réseaux sociaux comme Facebook. Il me semble que c'est une décision terrible de Meta. Cela montre à quel point ils sont sans cœur et inconscients de leur responsabilité envers la société en tant que grande entreprise.»
Pour certains observateurs de l'industrie des médias comme l’ancien directeur du programme de journalisme à l'Université de Toronto Jeffrey Dvorkin, le manque de journalisme local dans les régions éloignées était un problème bien avant la décision de Meta.
Les salles de rédaction locales du Grand Nord canadien et de partout au pays ont été profondément affectées par la baisse de leurs revenus publicitaires, qui ont largement migré vers des entreprises comme Meta et Google.
Le danger actuellement, selon M. Dvorkin, est que les gens seront obligés de se fier à des informations qui ne peuvent pas toujours être vérifiées.
«À Yellowknife, où les gens vont-ils aller chercher les informations ? Comment vont-ils savoir quel est le meilleur moyen de se sortir de là et connaître l’état des incendies ?»
M. Tsai, quant à lui, a rappelé qu'à court terme, la meilleure option est de se rendre directement sur les sites des médias pour obtenir des informations vérifiées et fiables.
«Il va falloir recommencer à s’informer comme on le faisait avant l’arrivée de Meta et des autres réseaux sociaux. Il faut réapprendre à faire tourner la roue.»
Avec des informations de Bill Graveland à Calgary