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Eugenie Bouchard était en mission cette semaine, dit Sylvain Bruneau

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À son grand plaisir — et peut-être avec un tout léger brin de surprise — Sylvain Bruneau a retrouvé au cours des derniers jours une Eugenie Bouchard qu'il a bien connue. Une Eugenie Bouchard capable d'offrir du jeu inspiré dans les moments les plus enivrants. Comme lundi et encore plus mercredi soir sur le court central du stade IGA.

Aujourd'hui analyste de tennis au Réseau des Sports, Bruneau a guidé Bouchard dans les dernières prestations de sa carrière de joueuse de tennis professionnel.

Ce qu'il a vu de Bouchard au cours de cette brève réunion, incluant lors de la défaite de la Montréalaise en trois manches contre Belinda Bencic mercredi, l'a épaté.

«J'imagine que ça ne se perd pas. J'imagine, parce que c'est un peu la Eugenie que, moi, je connais. Celle qui, lorsqu'elle est en mission, se lève. Quand les projecteurs sont là, dans la grande majorité du temps, la très, très grande majorité du temps, elle répond à l'appel. C'est ce qu'elle a fait, je pense, lundi et mercredi», a analysé Bruneau lors d'une entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, jeudi.

Ce sentiment d'être en mission, Bruneau dit l'avoir perçu chez Bouchard avant même qu'elle n'affronte la Colombienne Emiliana Arango lundi soir. Rapidement, dès les premiers contacts, il a vu une athlète pleinement engagée.

«Je l'ai sentie en mission dès le premier entraînement. Mais où je me suis dit 'okay', c'est lors de l'échauffement d'avant-match, lundi. C'est là que j'ai vraiment ressenti son intensité, son regard. J'ai vraiment ressenti ce que je voyais chez elle il y a quelques années, dans ce sérieux, cette approche très en vision tunnel», a décrit Bruneau.

«Je me suis dit 'elle ne vient pas seulement faire une apparition, elle ne vient pas seulement faire un bon match.' Elle m'avait mentionné qu'elle espérait, sur le match ou sur les matchs qu'elle pourrait jouer, faire revenir l'ancienne Eugenie, la compétitrice, la grande compétitrice. Ce que je pense qu'elle a fait», a ajouté Bruneau.

Comme bien des spectateurs dans les gradins qui ont vu Bouchard réaliser un important bris de service lors du troisième jeu du troisième set, avant de le consolider pour se donner une avance de 3-1, Bruneau voyait un tracé vers une victoire très possible pour la Montréalaise.

«Oui, la victoire était à sa portée. C'est sûr. J'y croyais, avant, mais ça se consolidait, c'est certain. Je sentais qu'elle était en pleine possession de son niveau de jeu. Je sentais un peu de doute chez Bencic aussi. Donc, la dynamique de match me semblait propice (pour une victoire de Bouchard).»

Mais cette victoire possible reposait entre les mains de Bouchard, précise aussitôt Bruneau, car il savait que Bencic n'allait pas rendre les armes.

«Bencic est une joueuse d'expérience. J'étais sûr qu'elle n'était pas pour s'éteindre facilement. Donc je savais que c'était à Eugenie de vraiment gagner le match et je savais qu'elle serait capable de le faire. Mais il y a eu quelques points qui ont fait tourner le match, le momentum a quelque peu changé, Bencic s'est ressaisie après avoir brisé (au sixième jeu) et puis c'est devenu un nouveau match.»

Par ailleurs, si Bruneau a revu la Eugenie Bouchard de 2014, il a aussi vécu des sensations bien personnelles, qui l'ont ramené à l'époque où il a guidé Bianca Andreescu vers trois titres en 2019, dont celui des Internationaux des États-Unis.

«Je me sentais comme en 2019. C'était très bizarre. C'est très bizarre parce que je me suis éloigné du 'coaching', de cette intensité, de ce niveau. Ça fait quelques années maintenant, je continue d'être très présent dans le monde du tennis, mais j'ai senti cette semaine que je remettais ma casquette d'entraîneur. Honnêtement», avoue-t-il.

«Et même la première journée à l'entraînement, aller récupérer les balles, faire mon accréditation, des trucs que j'ai faits toute ma vie, qui sont absolument banals pour moi. C'était comme si j'avais oublié cette sensation. Et la sensation sur le match aussi, évidemment. C'est revenu. Je n'ai pas senti que j'avais vraiment besoin de me battre avec quoi que ce soit pour reprendre mon rôle d'entraîneur. Ça s'est fait quand même assez bien.»

Au lendemain du dernier match de Bouchard, Bruneau a même affiché sa reconnaissance à l'endroit de son ancienne protégée.

«Ça m'a plu de reprendre cette casquette-là, l'espace d'un tournoi, avec une joueuse que j'affectionne énormément, que je respecte, comme joueuse de tennis, que j'affectionne comme jeune femme, comme personne. Alors, c'est comme un très beau cadeau qu'elle m'a fait, d'une certaine façon.»