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Le candidat d’extrême droite à la présidentielle française Éric Zemmour a été reconnu coupable, lundi, de provocation à la haine raciale, pour ses déclarations en 2020 sur les enfants migrants non accompagnés.
Un tribunal correctionnel à Paris a condamné M. Zemmour à payer une amende de 10 000 euros (environ 14 300 $ CAN) et à verser plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts à des groupes antiracistes. Son avocat, Olivier Pardo, a conseillé à son client de faire appel de la décision.
Cette affaire contre Éric Zemmour s’est concentrée sur les commentaires qu’il avait faits en septembre 2020 sur la chaîne de télévision CNews au sujet d’enfants qui migrent en France sans parents ni tuteurs. Il avait qualifié ces enfants de « voleurs », de « meurtriers » et de « violeurs », qu’il fallait « renvoyer » chez eux. Il soutenait que ces enfants ne devaient même pas venir en France, au premier chef.
Samuel Thomas, président de la Fédération nationale des Maisons des potes, un réseau d’associations contre le racisme en France, a qualifié la peine de « très légère ». L’association espérait en fait que M. Zemmour soit privé de ses droits civiques, ce qui l’aurait empêché de poursuivre sa carrière politique.
M. Zemmour, qui a déjà été condamné à deux reprises pour discours haineux, avait subi in absentia son procès en novembre, pour provocation à la haine et injure raciale contre un groupe de personnes en raison de leur origine ethnique, nationale ou religieuse.
L’ancien chroniqueur vedette à la télévision, qui se présente à l’élection présidentielle d’avril prochain en France, attire un public fervent avec ses invectives anti-islamiques et anti-immigration. Il est considéré comme l’un des principaux rivaux du président centriste Emmanuel Macron, qui serait actuellement le favori, selon les sondages. M. Macron n’a pas encore confirmé qu’il briguerait un second mandat à l’Élysée.
M. Zemmour n’était pas présent au tribunal pour son procès, en novembre, ni pour le verdict et la peine, lundi. Dans un communiqué en novembre, il avait dénoncé une tentative d’intimidation de la part des procureurs et des groupes antiracistes. Tout en maintenant ses propos, il estimait alors que les tribunaux ne devaient pas devenir une arène pour le débat politique.
Après le verdict, lundi, le candidat à la présidentielle a réclamé sur Twitter « la fin de ce système qui resserre chaque jour le garrot sur la liberté d’expression et le débat démocratique ».
« Ce système fabrique du délit d’opinion de manière industrielle. Il est urgent de chasser l’idéologie des tribunaux. La justice doit redevenir la Justice », écrit-il.
M. Zemmour devrait également être jugé en appel jeudi pour contestation de crimes contre l’humanité _ ce qui est illégal en France. Il avait soutenu lors d’un débat télévisé en 2019, toujours sur CNews, que le maréchal Pétain, chef du gouvernement collaborationniste de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, avait « sauvé » de l’Holocauste les Juifs de France.
Un tribunal l’a acquitté l’année dernière, concluant que ses commentaires niaient en effet le rôle de Pétain dans l’extermination des Juifs, mais estimant que M. Zemmour avait parlé « à brûle-pourpoint, lors d’un débat sur la guerre en Syrie ».
Le polémiste a répété des propos similaires ces derniers mois, et les avocats qui contestent son acquittement veulent rappeler ces faits lors de l’audience en appel.
M. Zemmour a déjà été reconnu coupable d’incitation à la haine raciale après avoir justifié, en 2010, la discrimination contre les Noirs et les Arabes. Il a aussi été reconnu coupable d’incitation à la haine religieuse pour des propos antimusulmans en 2016; il a été condamné à payer des frais judiciaires et une amende de 5000 euros (près de 7000 $). Il a également été acquitté dans d’autres affaires.
M. Zemmour est un descendant de juifs berbères d’Algérie. Il est né en France en 1958 de parents arrivés quelques années plus tôt de ce pays d’Afrique du Nord, alors colonie française.