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Le géant norvégien de l'énergie a déclaré dans un communiqué qu'il reportait le projet pour une période pouvant aller jusqu'à trois ans.
Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador a tenté de minimiser, mercredi, l'annonce du géant norvégien de l'énergie Equinor, qui met sur la glace son projet de développement pétrolier de 16 milliards $ au large de l'île.
Andrew Furey a admis que son gouvernement avait été surpris d'apprendre qu'Equinor reporterait le projet Bay du Nord, pour une période pouvant aller jusqu'à trois ans. Mais le premier ministre a indiqué qu'il avait bon espoir que le champ pétrolifère serait développé un jour.
«Bien sûr, nous sommes déçus du report, mais je voudrais prévenir tout le monde que c'est seulement ça: un report», a-t-il déclaré aux journalistes. Il a ajouté qu'Equinor n'avait donné aucune indication qu'elle songeait à laisser tomber ce projet. «La ressource est toujours là. Elle n'ira nulle part», a déclaré M. Furey.
Le projet Bay du Nord comprend cinq zones distinctes au large de la côte est de l'île de Terre-Neuve, qui recèleraient au total 979 millions de barils de pétrole récupérable, selon les récentes estimations de l'organisme de réglementation des hydrocarbures extracôtiers de Terre-Neuve-et-Labrador. Ce projet ouvrirait le cinquième champ pétrolifère extracôtier de la province - et serait son premier en eaux profondes.
Le plus récent budget de cette province avait pris en compte des retombées économiques du projet Bay du Nord à partir de 2025.
Equinor a annoncé mercredi le «report stratégique» du projet dans un communiqué de presse, au moment même où se tenait la conférence annuelle de l'industrie de l'énergie de la province, au centre-ville de Saint-Jean.
La société norvégienne affirme que le projet a connu d'importantes augmentations de coûts au cours des derniers mois, principalement à cause de la volatilité des conditions du marché.
Bien que la société n'ait pas encore confirmé qu'elle ferait tout l'investissement nécessaire pour mener à bien le projet, des travaux préliminaires étaient en cours, y compris des études de concept et des évaluations, a indiqué la porte-parole Alex Collins dans un courriel. Elle a déclaré que la société utiliserait ce report pour «optimiser» le projet et travailler à un «développement réussi».
Equinor a déclaré un bénéfice net de 28,7 milliards $ US en 2022, comparativement à 8,6 milliards $ US un an plus tôt.
Ce report constitue la deuxième mauvaise nouvelle pour l'industrie extracôtière de Terre-Neuve-et-Labrador cette année. Le champ pétrolifère Terra Nova, détenu majoritairement par Suncor Énergie, est également retardé. Ce champ n'a pas produit de pétrole depuis 2019 et au plus fort de la pandémie de COVID-19, il semblait que Suncor et ses partenaires l'abandonneraient complètement.
Le gouvernement provincial a finalement accordé à Suncor 205 millions $ pour garantir que l'entreprise de Calgary poursuivrait ses travaux afin de prolonger d'une dizaine d'années la durée de vie du champ pétrolifère. La province a également apporté des ajustements à son régime de redevances, afin de laisser aux propriétaires de Terra Nova 300 millions $ de plus au cours de cette décennie.
Suncor avait espéré que le champ pétrolier serait de nouveau opérationnel quelque part cet été, mais la société a depuis retiré de ses perspectives financières pour l'année toutes les prévisions de production ou de revenus du projet.
Le premier ministre Furey a déclaré mercredi que malgré l'inquiétude concernant ces deux projets pétroliers, on était «loin de» l'angoisse qui a saisi son gouvernement pendant la pandémie, alors qu'il semblait que Suncor larguerait complètement Terra Nova. «Ce n'est pas l'environnement dans lequel nous nous trouvons actuellement», a-t-il soutenu.
Le gouvernement fédéral avait donné son feu vert environnemental au projet Bay du Nord en avril dernier, suscitant de vives critiques de la part des écologistes. Equinor et le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador soutiennent que le projet produira beaucoup moins de gaz à effet de serre lors de l'extraction que tout autre projet au Canada. Mais les écologistes et les climatologues rétorquent que la majeure partie des émissions de gaz à effet de serre provenant des combustibles fossiles est produite en aval, lorsqu'ils sont brûlés.
Le Sierra Club Canada a d'ailleurs déclaré mercredi que les dernières nouvelles montrent que Terre-Neuve-et-Labrador doit se sevrer des recettes fiscales du pétrole extracôtier. «Nous savons que l'accroissement de l'extraction de pétrole et de gaz (…) est inacceptable et que le changement climatique sera pire dans trois ans», a déclaré le porte-parole Conor Curtis dans un communiqué.