Début du contenu principal.
«Au final, les règles de l’art pont pas été suivies au poste de commandement et on a butiné, c’est ça qui a allongé les démarches de recherche», dit un expert en recherches terrestres.
Les recherches de la Sûreté du Québec (SQ) pour retrouver Martin Carpentier et ses deux filles Norah et Romy ont tardé à prendre en compte le caractère dépressif et non communicatif du père et plusieurs décisions de recherche en ont beaucoup souffert dans les heures suivant leur disparition, en juillet 2020, affirme un expert en recherches terrestres.
Alain Croteau, policier retraité de la la SQ qui a passé 21 de ses 27 années de service à titre de spécialiste en mesures d’urgence, a témoigné lundi dans le cadre de l’enquête publique du coroner Luc Malouin, au palais de Justice de Québec. Son témoignage a été autorisé par Me Malouin, malgré l’opposition d’avocats des officiers de la SQ impliqués qui remettaient en question son impartialité.
M. Croteau a soutenu que des informations obtenues dans les heures suivant l’accident d’auto et la disparition, en fin de soirée du 8 juillet 2020, permettaient d’évaluer que Martin Carpentier était dépressif et présentait un profil non communicatif. Selon lui, cela permettait de déduire qu’il était en fuite en forêt avec ses deux fillettes, et non simplement introuvable ou en déplacement alternatif vers un hôpital.
«On a omis d’en tenir compte, on a privilégié pendant plusieurs heures l’enquête d’éléments d’information (…), et pendant ce temps rien ne s’est fait avec le minding recherche en forêt», a-t-il estimé. M. Croteau, longtemps coordonnateur de recherches terrestres, a martelé que l’établissement rapide d’un profil de disparu n’avait visiblement pas été fait rapidement. «Il est possible que le manque d’effectifs ait porté à privilégier les enquêtes, je ne sais pas, mais les actions terrain n’étaient pas dans le décor dans ces heures-là», a-t-il souligné.
L’expert a déploré le peu de personnel de recherche terrestre qui a été mobilisé, au fil des 60 heures qui se sont écoulées avant la découverte du corps des deux fillettes, le 11 juillet en fin d’avant-midi. À plusieurs reprises, et sur plusieurs éléments distincts, il a répété « je ne la comprends pas, celle-là…» M. Croteau a même affirmé : «l’assignation d’une seule équipe me porte à croire qu’ils n’ont pas compris ce qui se passait devant eux ou bien ils manquaient de monde.»
Alain Croteau a aussi qualifié d’«erreur majeure» le déplacement du poste de commandement des recherches à 7 kilomètres du lieu où, peu de temps auparavant, on avait découvert des traces de pas suspectes. Rappelons que les policiers avaient pris cette décision sur la base de témoignages de gens qui avaient déclaré avoir entendu des cris d’enfants pendant la nuit. «Je ne comprends pas qu’on ait agi sur la base d’une info non corroborée», a-t-il déclaré.
M. Croteau a critiqué plusieurs décisions, dont celle d’utiliser des drones, un porte-voix (finalement défectueux) ou des équipes à cheval, selon lui toutes inappropriées dans le contexte d’un individu en fuite et cherchant à se soustraire aux regards : «Peu de valeur de détection», a-t-il statué dans le deux premiers cas, «trop tard» dans le troisième.
Au final, «les règles de l’art pont pas été suivies au poste de commandement et on a butiné, c’est ça qui a allongé les démarches de recherche», conclut-il. Selon lui, on aurait pu retrouver les fillettes dès le jour suivant leur disparition si on s’y était pris adéquatement.
Voyez le reportage complet dans la vidéo.
Note de la rédaction: Dans la version initiale de cet article, le cinquième paragraphe parlait d'une durée de 72 heures, alors qu'il s'agit plutôt de 60 heures. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info. https://www.noovo.info/.../normes-politiques-editoriales...