Persuadé de sa puissance, indifférent aux risques de conflits d’intérêts, Donald Trump alterne en Écosse entre parties de golf et visites de dirigeants européens empressés, faisant ouvertement la promotion des luxueuses propriétés de sa famille.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a été confrontée dimanche à cette « diplomatie du golf » décomplexée.
Le président américain a annoncé à ses côtés un grand accord commercial avec l’Union européenne dans une salle de bal fastueuse qui porte son nom.
Il a fait construire la « Donald J. Trump Ballroom » peu après avoir acquis en 2014 l’opulent complexe de golf de Turnberry, sur la côte occidentale de l’Écosse.
Comme toutes ses propriétés et actifs, Turnberry a été transféré dans une holding gérée par les fils du président.
L’installation, qui peut être louée pour des mariages, a « beaucoup de succès », s’est félicité l’ancien promoteur immobilier aux côtés de la dirigeante européenne.
« Absolument magnifique »
Lundi, Donald Trump a reçu au même endroit le premier ministre britannique Keir Starmer et lui a vanté avec force détails les travaux de rénovation du domaine.
Le dirigeant britannique, qui a réussi à nouer une relation particulièrement cordiale avec l’imprévisible Donald Trump, l’a complimenté: « C’est absolument magnifique, à l’intérieur et à l’extérieur ».
De quoi ravir le président américain, qui rêve d’accueillir à Turnberry le British Open de golf.
Ursula von der Leyen avait elle ausi pris soin de flatter son interlocuteur, sur un autre registre.
« Vous êtes connu pour être un négociateur difficile... » a-t-elle dit dimanche.
« Mais juste! » l’a coupée Donald Trump.
« Mais juste... », a répété du bout des lèvres Ursula von der Leyen, peu avant d’accepter des droits de douane américains de 15 %, dans un accord très vivement critiqué par plusieurs responsables politiques en Europe.
À domicile
Il est loin, le tollé suscité par le dirigeant républicain pendant son premier mandat, quand il avait envisagé un temps d’accueillir un sommet du G7 dans un golf de sa marque en Floride.
Mardi, Donald Trump assistera à l’inauguration d’un nouveau parcours dans un autre complexe de golf portant son nom, à Aberdeen, sur la côte est.
Il doit y recevoir le premier ministre écossais John Swinney, qui avait dit sa préférence pour la démocrate Kamala Harris pendant la campagne présidentielle américaine.
Le dirigeant écossais vient selon la presse locale d’octroyer une subvention à un tournoi organisé sur le golf des Trump.
Le président américain a beau être en Europe, il joue à domicile, dans ces domaines où son nom s’affiche en lettres d’or à l’entrée et orne les gobelets en papier mis à disposition des visiteurs.
Lundi, il s’est lancé dans une conférence de presse de plus d’une heure, sautant d’un sujet à l’autre, aux côtés d’un Keir Starmer pour l’essentiel silencieux, exactement comme s’il se trouvait à la Maison Blanche, dans le Bureau ovale.
Comme la veille avec Ursula von der Leyen, il a fait la leçon sur la nécessité selon lui de durcir la politique d’immigration en Europe, et tempêté contre les éoliennes, l’une de ses obsessions.
Éoliennes
Donald Trump, qui n’a pas digéré l’installation d’un pacrc éolien off shore au large du golf d’Aberdeen, a critiqué les subventions en Écosse et au Royaume-Uni pour ces « monstruosités ».
Keir Starmer a défendu posément le choix d’un mix entre énergies renouvelables et sources conventionnelles.
« Pour le dire franchement, l’Allemagne a essayé et le vent ça ne marche pas », avait lancé Donald Trump à Ursula von der Leyen, qui est allemande.
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Avant sa réunion dimanche avec la dirigeante européenne, le président américain avait comme la veille fait une partie de golf en compagnie de son fils Eric.
Lae milliardaire se présente comme un golfeur accompli.
Mais dans un livre paru en 2019, « Tricheur en chef - Ce que le golf dit de Trump », le journaliste sportif Rick Reilly l’accuse de mentir éhontément sur ses performances.
L’auteur assure qu’à force de pousser les balles du pied pour se mettre en position plus favorable, le républicain aurait été surnommé « Pelé », du nom de la légende brésilienne du foot.
