La fermeture des administrations publiques aux États-Unis continue de perturber les vols par moments et de mettre sous pression les contrôleurs aériens, qui travaillent sans salaire.
Des vols ont été retardés jeudi à l'aéroport LaGuardia de New York, à l'aéroport de Newark dans le New Jersey et à l'aéroport national Reagan de Washington en raison d'une pénurie de contrôleurs aériens. Le nombre de retards de vols, toutes causes confondues, à l'échelle nationale a atteint 6158 jeudi, après avoir oscillé autour de 4000 un jour plus tôt dans la semaine, selon FlightAware.com.
Vendredi après-midi, l'aéroport de Houston signalait également des retards moyens d'environ une demi-heure en raison de problèmes de personnel, et la Federal Aviation Administration (FAA) a averti que des problèmes étaient possibles dans les aéroports de la région de New York, de Dallas et de Phoenix.
De nombreux sites de la FAA manquent tellement de contrôleurs que quelques absences suffisent à provoquer des perturbations. Le secrétaire aux Transports, Sean Duffy, a d'ailleurs déclaré que davantage de contrôleurs aériens se sont déclarés malades depuis le début de la fermeture. Au début de la fermeture, de nombreuses perturbations ont eu lieu dans les aéroports du pays, mais ces deux dernières semaines, les problèmes se sont apaisés.
M. Duffy a affirmé que les perturbations et les retards ne feraient qu'empirer la semaine prochaine, après le jour de paie de mardi, et que «leur salaire sera un zéro». Il a ajouté que les contrôleurs lui ont fait part de leurs inquiétudes quant au paiement de leurs factures et de leur frustration face à la fermeture.
«Le niveau de stress que subissent actuellement nos contrôleurs est, à mon avis, inacceptable», a-t-il dit lors d'une conférence de presse vendredi à l'aéroport de Philadelphie.
La fermeture a de réelles conséquences, car certains étudiants de l'académie de contrôleurs ont déjà décidé d'abandonner la profession, refusant d'occuper un emploi pour lequel ils ne seront pas rémunérés, a expliqué M. Duffy.
Il sera donc plus difficile pour la FAA de recruter suffisamment de contrôleurs pour remédier à la pénurie, la formation prenant des années. Il a ajouté que le gouvernement n'est qu'à une ou deux semaines de manquer de fonds pour payer les étudiants de l'académie.
«Nous recevons actuellement des nouvelles de notre académie d'Oklahoma City: certains de nos jeunes contrôleurs, ainsi que ceux qui ont été admis dans la prochaine promotion, abandonnent leurs études. Ils abandonnent, a expliqué M. Duffy. Ils se demandent : pourquoi choisir un métier où l'on peut travailler dur et risquer de ne pas être rémunéré pour ses services ?»
Nick Daniels, président du syndicat des contrôleurs aériens, a rejoint M. Duffy. Il a indiqué que certains contrôleurs ont déjà pris un second emploi, livrant des DoorDash ou conduisant pour Uber, afin de pouvoir payer leurs factures pendant la fermeture prolongée.
«Alors que la fermeture se poursuit et que les contrôleurs aériens ne sont pas rémunérés pour le travail essentiel qu'ils accomplissent au quotidien, cela crée une distraction inutile, a déclaré M. Daniels. Ils ne peuvent pas se concentrer à 100 % sur leur travail, ce qui rend le système moins sûr. Chaque jour qui passe, demain, nous serons moins en sécurité qu'aujourd'hui.»
Partout aux États-Unis, les compagnies aériennes et les aéroports ont commencé à offrir des repas aux contrôleurs et à les aider à accéder aux banques alimentaires et à d'autres services pour les aider à traverser la crise.
La principale préoccupation concerne les nouveaux contrôleurs, dont le salaire pourrait être inférieur à 50 000 $ US, mais même les contrôleurs expérimentés, dont le salaire dépasse largement les six chiffres tout en travaillant six jours par semaine, risquent de vivre au jour le jour sans beaucoup de marge de manœuvre budgétaire.
M. Daniels a déclaré qu'il était injuste que les contrôleurs soient confrontés à des choix difficiles : payer le loyer, la garde d'enfants ou les courses.
M. Duffy a expliqué que les contrôleurs aériens qui abusent de leurs congés maladie pendant la crise pourraient être licenciés.
