Le député néo-démocrate et porte-parole en matière de travail, Alexandre Boulerice, a annoncé que son parti prévoyait déposer un projet de loi cet automne visant à abroger un article du Code canadien du travail qui permet au gouvernement de mettre fin aux grèves.
M. Boulerice affirme que les libéraux et les conservateurs ont abusé de l'article 107, qui permet à un ministre d'ordonner un arbitrage exécutoire et de mettre fin aux arrêts de travail. Selon lui, l'article est devenu «une arme contre les travailleurs».
Le mois dernier, quelques heures seulement après que les agents de bord d'Air Canada eurent établi un piquet de grève, la ministre de l'Emploi, Patty Hajdu, a invoqué l'article 107 pour ordonner un arbitrage exécutoire et obliger les travailleurs à reprendre le travail.
Les agents de bord ont ignoré l'ordonnance et sont restés en grève jusqu'à ce qu'une entente soit conclue quelques jours plus tard.
«Si (le gouvernement) en faisait un bon escient et si on avait vu dans les deux dernières années qu'il y avait pas d'abus, on serait pas ici aujourd'hui en train de parler de ça», a-t-il soutenu en conférence de presse.
«Il faut empêcher le gouvernement d'avoir cet outil, parce qu'il s'en sert mal.»
M. Boulerice a indiqué que le Nouveau Parti démocratique (NPD) avait contacté la Chambre des communes la semaine dernière pour commencer à travailler sur le projet de loi d'initiative parlementaire, ajoutant qu'il devrait être déposé rapidement, car «il n'est pas vraiment compliqué».
La section d'Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique, qui représente quelque 10 000 agents de bord, a massivement rejeté la dernière offre salariale de l'entreprise lors d'un vote le 6 septembre.
Hugh Pouliot, le porte-parole du Syndicat canadien de la fonction publique, a expliqué dans une déclaration aux médias que le syndicat avait demandé à contourner la médiation et à passer directement à l'arbitrage «étant donné le peu de chances qu'une offre acceptable pour nos membres soit faite».
«Le syndicat a passé neuf mois à négocier de bonne foi avec la compagnie sur les salaires et n'a vu aucune preuve que trois jours supplémentaires de médiation aboutiraient à un résultat acceptable», a ajouté M. Pouliot.
«Le syndicat cherche donc à obtenir un processus accéléré qui permettra à nos membres de toucher leur argent et de conclure ce processus le plus rapidement possible», conclut-il.
Le syndicat a affirmé que les membres du personnel de cabine qu'il représente ne sont pas rémunérés équitablement et ne sont pas correctement indemnisés pour le temps qu'ils doivent passer au travail lorsque les avions ne sont pas en vol. Il a dit que les agents de bord travaillent gratuitement environ 35 heures par mois.
Air Canada a exprimé avoir proposé des améliorations en matière de salaires, de retraites et d'avantages sociaux, ainsi qu'un nouvel élément contractuel qui reconnaît le temps passé au sol.
Le gouvernement fédéral a lancé une enquête sur les allégations de travail non rémunéré dans le secteur aérien canadien. Une enquête qui devrait être terminée début décembre, selon Mme Hadju.
Des dizaines de membres du personnel navigant représentés par le SCFP se sont rassemblés mardi sur la colline du Parlement. Les membres du syndicat portaient des chemises rouges et brandissaient des pancartes avec des messages tels que «le travail non rémunéré ne passera pas» ou «nous ne sommes pas qu'un numéro».
Le président national du SCFP, Mark Hancock, a indiqué à La Presse Canadienne qu'il soutenait la décision du NPD d'abolir l'article 107.
«Mais, en ce qui me concerne, s'ils utilisent l'article 107 contre des sections locales du SCFP, nous veillerons à ce qu'ils sachent que nous ne nous y conformerons pas à l'avenir», a-t-il déclaré.
