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Dorénavant, les directions de la protection de la jeunesse ne pourront plus recevoir de signalements concernant une grossesse dans un milieu jugé à risque pour l’enfant à naître.
Les «alertes bébés» – soit le signalement à la Direction de la protection de la jeunesse avant même la naissance d’un enfant – n’existeront plus au Québec, a annoncé vendredi le ministre responsable des Services sociaux Lionel Carmant. La province était la dernière au Canada à avoir recours à cette pratique.
Dorénavant, les directions de la protection de la jeunesse ne pourront plus recevoir de signalements concernant une grossesse dans un milieu jugé à risque pour l’enfant à naître. La province mise plutôt sur un «plan de services préventifs et intensifs en période prénatale». «Des interventions de nature clinique et communautaire seront désormais déployées de manière plus proactive auprès des parents en difficulté qui attendent un enfant afin qu'ils reçoivent un accompagnement le plus tôt possible durant la grossesse», indique le communiqué de presse.
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La pratique du signalement des naissances est jugée discriminatoire à l’endroit de certains groupes, notamment les femmes autochtones et racisées. Le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées recommandait d’ailleurs dès 2019 son abolition.
Une enquête d’APTN News révélait par exemple en 2021 que près du tiers des «alertes bébés» reçues en Abitibi-Témiscamingue concernaient des poupons autochtones, alors que ceux-ci ne représentaient que 4% des naissances dans la région.
L’annonce de Québec survient près de trois ans après que l’Ontario eut mis fin à la pratique, mais certaines provinces canadiennes dont l’Alberta et la Colombie-Britannique l'avaient abolie dès 2019.
Les professionnels de la santé québécois continueront toutefois l’obligation de faire un signalement dès la naissance s’ils présument que la sécurité ou le développement d’un enfant est compromis en raison de son contexte familial.
Parmi les mères qui s'estiment lesées par la pratique du signalement des naissances, on retrouve notamment des mères en situation de handicap.
«Il y a énormément de préjugés voulant que les parents en situation de handicap ne seraient pas capables de s'occuper adéquatement de leur enfant», note Steven Laperrière, directeur général du Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec (RAPLIQ).
S'il salue «l'intention» derrière l'annonce de vendredi, il estime que «rien n'est réglé» pour les parents en situation de handicap.
«Il suffit qu’une infirmière ou quelqu’un dans un centre hospitalier qui a beaucoup de préjugés voit une femme handicapée qui vient d'accoucher, et cette famille va vivre la même chose», craint M. Laperrière.
Selon lui, les intervenants du réseau de la santé et des services sociaux doivent être davantage sensibilisés et formés à la réalité des personnes en situation de handicap, sans quoi des injustices se perpétueront.