Me Frédéric Bérard, un avocat chroniqueur, dit être la cible de messages haineux et de menaces de mort depuis qu’un militant de droite l’a accusé d’appartenir au mouvement antifasciste (Antifa) sur les réseaux sociaux. Le collaborateur de Noovo Info a porté plainte à la police et dit maintenant traîner Alexandre Cormier-Denis en cour.
M. Cormier-Denis a écrit que le professeur à la faculté de droit de l’Université de Montréal radicalise ses étudiants «vers la violence politique d'extrême gauche», à l’instar de plusieurs autres professeurs québécois qu’il a dénoncés sur Facebook.

«Depuis deux semaines, je reçois des menaces de plus en plus à prendre au sérieux», a constaté l’avocat dans un entretien avec Noovo Info, jeudi. «Je reçois des menaces constantes, parfois sur mon Facebook, parfois via ses réseaux sociaux.»
Me Bérard affirme avoir reçu une vague de messages préoccupants, lesquels réclament sa démission du Barreau, de l’Université de Montréal et de Noovo. On aurait également exigé son décès, selon son témoignage.
Dénonçant une hausse de la violence sur les réseaux sociaux, il a partagé une capture d’écran provenant d’une adresse courriel empruntée mentionnant qu’il avait sept jours pour s’enlever la vie. «Sinon samedi, on t’élimine», peut-on y lire.

Ce message ne serait que la pointe de l’iceberg, alors que des utilisateurs auraient avancé que M. Bérard devrait être incinéré. «Tu te demandes au début si c’est sérieux, mais après ce sont des messages similaires de plus en plus précis avec des délais.»
Me Bérard s’est tourné vers le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui a confirmé à Noovo Info «que le dossier est bien pris en charge».
Des poursuites?
Me Bérard se défend et martèle qu’il n’a jamais enseigné la violence aux étudiants de l’Université de Montréal.
«On crée un personnage pour mieux fesser dedans. Parce que je suis à gauche, on m’associe à des extrémistes violents. C’est de la diffamation pure et simple.»
Celui qui enseigne depuis 23 ans à l’Université de Montréal a décidé d’intenter une poursuite au civil en déposant une mise en demeure à l’endroit d’Alexandre Cormier-Denis, fondateur du groupe Horizon Québec actuel et de Nomos-TV – des plateformes liées à la droite radicale. Me Rémi Bourget, de chez RB avocats, a confirmé qu'une mise en demeure a été déposée. On ne souhaite pas en dire davantage afin de ne pas nuire au processus judiciaire.
Le chroniqueur a également justifié ses démarches à l’endroit de M. Cormier-Denis, l’accusant d’avoir créé un appel à la violence et invité les gens à commettre des voies de faits et à écrire des menaces de mort.
Outre M. Bérard, les noms de Xavier Camus, Francis Dupuis-Déri et de Marcos Ancelovici sont sur la publication de M. Cormier-Denis. On peut apercevoir les numéros de téléphone et les courriels des recteurs des différents établissements scolaires.

«Il met les quatre photos [des enseignants] et dit que je suis une caution intellectuelle et médiatique pour les antifascistes. Il explique que j’enseigne la violence d’extrême gauche à des cohortes d’étudiants depuis 2003. Il met les coordonnées de l’Université et celle du recteur pour interpeller les gens et les inviter à me faire congédier.»
«C’est du doxxing, une infraction criminelle. C’est du libelle diffamatoire», a ajouté M. Bérard.
Doxxing, définition: Selon l'Office québécois de la langue française, le doxxing est la «diffusion, généralement en ligne, de renseignements personnels d'un individu sans son consentement».
Noovo Info a tenté de joindre M. Cormier-Denis pour obtenir ses commentaires sur la situation, mais n’a pas été en mesure d’obtenir de commentaire.
En 2023, M. Cormier-Denis devait livrer une présentation sur l’ethnonationalisme à la consultation sur l’immigration. Or, l’Assemblée nationale avait pris la décision d’annuler sa présentation.
De l’inquiétude dans la famille de Me Frédéric Bérard
Les proches dont sa conjointe et son père, seraient inquiets pour sa sécurité. «Ma famille qui a peur. Ma blonde a pris congé mercredi quand elle a reçu ça, puis mon père veut que j’arrête les médias. Il a vraiment peur que je me prenne une balle dans la tête…»
M. Bérard soutient que ces menaces sont loin d’être un cas isolé au Québec, notamment depuis que le vice-président américain a «invité les gens à faire des listes de traitres à la nation» depuis l’assassinat de l’influenceur Charlie Kirk.
«Je refuse que le Québec sombre dans des tactiques du genre», a-t-il soutenu. «Il faut que je poursuive ce combat-là et donner un exemple que ça n’a pas sa place au Québec.»
Note de la rédaction: Me Frédéric Bérard est un collaborateur de Noovo Info, une division de Bell Média qui fait partie de BCE Inc. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.
