La grève et le lock-out qui ont commencé dimanche chez DHL Canada Express ne freineront que très peu son service de livraison de colis, selon l'entreprise, alors que le syndicat l'accuse de faire appel à des travailleurs de remplacement.
Le transporteur a annoncé avoir mis en place un «plan d'urgence» qui lui permet de continuer à servir ses quelque 50 000 clients, qui vont du détaillant Lululemon aux géants du commerce électronique Shein et Temu.
«Avec la mise en œuvre de ces mesures proactives, nous sommes heureux de confirmer que nous pouvons maintenir nos activités dans l'ensemble de notre réseau canadien, et nous ne prévoyons pas de perturbations significatives de notre service», a assuré dimanche Pamela Duque Rai, porte-parole de DHL, dans un courrier électronique.
Unifor, qui représente plus de 2100 chauffeurs de camions, messagers, employés d'entrepôts et de centres d'appels de DHL, a dénoncé toute mesure visant à remplacer des travailleurs syndiqués par des travailleurs temporaires. Ces employés sont répartis dans sept provinces, dont le Québec, la Nouvelle-Écosse et l'Ontario.
Selon la présidente du syndicat, Lana Payne, cette mesure reste techniquement légale, car la législation interdisant les travailleurs de remplacement n'entrera pas pleinement en vigueur avant le 20 juin.
«DHL considère qu'il s'agit d'une faille et d'un moment propice pour exercer une pression maximale sur nos membres afin qu'ils cèdent», a-t-elle déclaré lors d'une entrevue téléphonique.
Mme Payne a également mis en garde contre un refroidissement à la table des négociations. «Les relations se détériorent lorsque l'employeur pense qu'il peut utiliser des travailleurs de remplacement.»
Elle a souligné que l'entreprise a fait visiter son centre de tri de Hamilton, en Ontario, à des travailleurs temporaires potentiels la semaine dernière et que DHL a laissé entendre ces derniers jours qu'elle prévoyait de les embaucher en cas d'arrêt de travail.
L'entreprise n'a pas immédiatement répondu aux questions concernant les embauches de remplacement.
L'arrêt de travail vient s'ajouter à l'agitation qui règne actuellement sur le marché des colis, alors que Postes Canada reste à couteaux tirés avec ses 55 000 travailleurs.
Unifor dit que ses priorités de négociation demeurent les salaires, l'amélioration des conditions de travail, ainsi que la résolution des problèmes de surveillance et d'automatisation en milieu de travail.
Le syndicat a aussi attiré l'attention sur les propositions de DHL visant à modifier le système de rémunération des chauffeurs. Selon lui, certains travailleurs pourraient parcourir jusqu'à 100 kilomètres pour des ramassages sans aucune compensation, en plus des ramassages réacheminés et des salaires réduits pour les «propriétaires-exploitants» – des entrepreneurs indépendants représentés par Unifor aux côtés d'employés à temps plein.
DHL est «déçue» de ne pas être parvenue à un accord, a indiqué Mme Duque Rai.
La proposition de l’entreprise comprend une augmentation de salaire de 15 % sur cinq ans et de nouvelles primes pour le transport de marchandises dangereuses, selon DHL.
«Les conditions proposées concernant l'examen de nos itinéraires et un modèle de rémunération révisé pour les propriétaires-exploitants sont conçues pour répondre aux changements de la viabilité économique et de la structure opérationnelle du marché canadien, et continueront à garantir que les conducteurs travaillant pour DHL Express reçoivent une rémunération hautement compétitive», a déclaré le transporteur.
La société a jeté un froid sur l'avertissement du syndicat selon lequel l'arrêt de travail pourrait perturber le Grand Prix du Canada de Formule 1 le week-end prochain à Montréal, où DHL est responsable du transport des voitures de course à turbocompresseur. Ces activités de DHL sont distinctes de ses autres activités au Canada, a précisé l’entreprise.

