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Christine Anderson, membre du parti «Alternative pour l'Allemagne», a visité le Canada en février dans le cadre d'une tournée organisée par des partisans du «convoi de la liberté» de l'hiver dernier.
Deux députés conservateurs restent discrets quant à savoir s'ils regrettent d'avoir rencontré une politicienne allemande, alors que leur chef, Pierre Poilievre, a soutenu qu'ils le regrettaient.
Ni Leslyn Lewis ni Dean Allison n'ont voulu préciser s'ils étaient d'accord avec la description qu'a faite leur chef de leurs sentiments au sujet de la décision de participer à un repas avec la députée au Parlement européen Christine Anderson, membre du parti «Alternative pour l'Allemagne».
Ce parti populiste de droite est sous surveillance en tant que groupe extrémiste présumé en Allemagne depuis 2021. On reproche à ce parti de minimiser les crimes nazis, de s'opposer à l'immigration et de promouvoir une idéologie antimusulmane.
La politicienne allemande a visité le Canada en février dans le cadre d'une tournée organisée par des partisans du «convoi de la liberté» de l'hiver dernier. Ce regroupement a manifesté il y a un an autour de la colline du Parlement et à des postes frontaliers pour protester contre les passeports vaccinaux et les restrictions sanitaires, et plus largement contre le gouvernement de Justin Trudeau.
Mme Anderson avait appuyé les manifestants à l'époque et elle s'est prononcée contre Justin Trudeau.
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Bethan Nodwell est l'une des organisatrices de sa visite au Canada et de sa rencontre avec trois députés conservateurs autour d'un repas la semaine dernière. Elle a déclaré que leur discussion avait porté sur M. Trudeau, les vaccins, le convoi et les restrictions sanitaires liées à la pandémie, comme les confinements.
Mme Nodwell a indiqué que la rencontre avait duré environ deux heures et que «nous nous sommes séparés avec des sourires et des signes de la main».
Des photos du repas ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux la semaine dernière. On y voyait notamment Mme Lewis, M. Allison et un autre député conservateur, Colin Carrie, en compagnie de Mme Anderson.
Le Centre pour les affaires israéliennes et juives a indiqué qu'il avait fait part de ses inquiétudes directement au Parti conservateur, et le Centre des amis de Simon Wiesenthal a également condamné cette rencontre.
Les deux organismes ont estimé qu'il était «profondément préoccupant» et «troublant» que des élus au Canada rencontrent Mme Anderson alors que son parti épouse des «opinions islamophobes» et «haineuses».
Le cabinet de M. Poilievre a répondu en publiant une déclaration du chef de l'opposition officielle, affirmant qu'il aurait été préférable que Mme Anderson ne vienne jamais au Canada, et que ses députés n'étaient pas au courant de ses opinions et «regrettaient de l'avoir rencontrée».
Dans le même courriel, le cabinet du chef de l'opposition officielle a également inclus une déclaration des trois députés. On y souligne que s'il n'est pas rare que des élus rencontrent des collègues d'autres pays, les trois députés conservateurs n'étaient pas «au courant des opinions ou des associations entre elle et son parti politique».
«Nous ne partageons ni n'approuvons ses opinions et condamnons fermement toutes les opinions racistes ou haineuses», lit-on dans leur déclaration.
Colin Carrie, qui représente la circonscription d'Oshawa, en Ontario, a écrit quelques heures plus tard sur Twitter qu'il regrettait «profondément» d'avoir rencontré Mme Anderson «sans avoir demandé l'avis de mon personnel» et sans avoir examiné de plus près qui il s'apprêtait à rencontrer.
Les bureaux de Mme Allison et de M. Lewis, cependant, n'ont pas répondu aux questions directes sur la véracité de l'affirmation de M. Poilievre selon laquelle ils regrettaient d'avoir assisté à cette rencontre.
Un porte-parole de M. Poilievre n'a pas non plus précisé comment le chef avait confirmé les regrets des députés.
Un membre du personnel du bureau de Mme Lewis a transmis lundi à La Presse Canadienne une déclaration de la députée dans laquelle elle réitère que son travail l'oblige à rencontrer des responsables étrangers «assez fréquemment» et qu'elle «ne partage souvent pas les points de vue de ces responsables ou de leur parti».
La députée ontarienne a ensuite défendu son bilan en tant qu'avocate, où elle soutient avoir défendu les droits des immigrants et des membres de la communauté LGBTQ. «Avant de devenir députée, l'un de mes champs de pratique était les droits de la personne et à ce titre, j'ai toujours condamné, et je continue de le faire, toute opinion raciste ou haineuse», assure Mme Lewis.
«En tant qu'immigrante au Canada, j'ai moi-même la chance d'avoir grandi ici au Canada et d'avoir pu constater de visu le rôle vital que joue l'immigration, tant pour nous en tant que Canadiens que pour ceux qui cherchent à se bâtir une vie meilleure.»
Mme Lewis s'est tournée vers les réseaux sociaux la semaine dernière pour rejeter les critiques de M. Trudeau au sujet de sa rencontre avec Mme Anderson. Elle soulignait qu'elle n'acceptait pas les accusations de racisme venant de quelqu'un qui a déjà porté le black face.