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Le mois dernier, le SCRS a commencé à publier sur les médias sociaux des renseignements délibérément trompeurs sur Internet.
Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) s’inspire de l’imagerie soviétique pour sensibiliser la population contre la désinformation, mais les experts disent que Moscou est plus susceptible d’utiliser des images qui font croire aux lecteurs que le message provient de sources nord-américaines.
Le mois dernier, le SCRS a commencé à publier sur les médias sociaux des renseignements délibérément trompeurs sur Internet.
Les messages comportent des caractères qui ressemblent à l’alphabet cyrillique, avec des étoiles au lieu de points et la lettre N apparaissant à l’envers. L’un d’eux présente une poupée russe, connue sous le nom de matriochka, avec les phrases «Savez-vous qui est derrière elle? La désinformation est là et se cache bien».
Un autre conseille aux Canadiens d’être «conscients de ce [qu'ils partagent]» sur les réseaux sociaux, évoquant la menace représentée par des trolls.
Aaron Erlich, professeur de sciences politiques à l’Université McGill, convient qu’il est important de sensibiliser les gens aux renseignements trompeurs en ligne. Toutefois, il estime que le libellé de la campagne du SCRS n’est «pas le plus simple» et semblait être une tentative non seulement d’éduquer, mais d’invoquer la peur.
Le Pr Erlich dit que les messages maladroits peuvent se retourner contre eux. Il aimerait savoir si le message a été testé pour voir comment il serait reçu.
Dans une déclaration, le SCRS soutient que la campagne vise à informer les Canadiens des risques liés à plusieurs pays, et pas seulement à la Russie.
«Bien que cette campagne sur les médias sociaux ait été évocatrice de l’imagerie soviétique, l’objectif principal de la campagne était de sensibiliser le public aux menaces posées par tous les acteurs d’État hostiles qui se livrent souvent à des activités hostiles, comme la diffusion clandestine de désinformation ciblant les Canadiens», écrit la porte-parole Lindsay Sloane.
Selon l’agence, les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux exploitent les démocraties ouvertes comme le Canada, d’autant plus que l’Internet leur permet d’amplifier les messages qui «interfèrent dans un débat sain» et minent la confiance dans les institutions.
«Alors que de plus en plus de Canadiens passent des médias conventionnels à un environnement d’information numérique, les moyens de diffuser des messages se sont multipliés et les médias sociaux fournissent d’autres canaux d’amplification», précise Mme Sloane.
Le professeur Erlich, qui a étudié la désinformation russe, est d’accord avec le SCRS, affirmant que le message dépasse souvent le débat légitime et le scepticisme des politiciens. Pour sa part, le message de Moscou vise à discréditer le processus démocratique, en dépeignant tous les politiciens comme des fondamentaux corrompus et qui sous-tendent la réalité.
Il souligne que les tentatives de désinformation de la Russie ne semblent généralement pas provenir de Russie.
«Les Russes en particulier sont très bons pour créer de fausses identités sur Facebook de personnes nord-américaines, canadiennes, américaines, qui ressemblent et se sentent comme les gens qui interagissent… ne semblent certainement pas venir de Russie», estime M. Erlich.
Les données recueillies par le Mécanisme d’intervention rapide (MRR) du G7 appuient cette affirmation, ce qui laisse entendre que de nombreux messages en faveur de la Russie passent par des sites qui ressemblent aux médias nord-américains ou européens.
Le MRR est une initiative visant à renforcer la coordination afin d’identifier et de répondre aux menaces qui pèsent sur les principales démocraties industrielles.
Les rapports de MRR Canada du début de cette année, dont La Presse canadienne a obtenu copie en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, identifient des sites qui ne sont pas ouvertement liés à l’État russe, mais qui sont étroitement alignés sur les récits du Kremlin. Ils font écho aux théories du complot et tentent de saper le soutien des pays à l’Ukraine.
L’analyse se concentre sur ce qu’elle appelle les «sites Web des médias gris russes» comme Global Research, un site enregistré au Canada qui accuse l’Occident d’essayer de «détruire la Russie» en provoquant en quelque sorte l’invasion de l’Ukraine par Moscou.
Au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, en janvier dernier, les analystes ont soutenu que le site utilisait des citations sélectives pour suggérer que le soutien à l’Ukraine conduirait à une guerre mondiale dévastatrice.
Par exemple, le site Web cite la vice-première ministre canadienne Chrystia Freeland disant qu’une victoire ukrainienne serait «un énorme coup de pouce à l’économie mondiale». Elle citait l’effet du conflit sur les flux commerciaux mondiaux, mais le site Web a présenté ce commentaire comme suggérant que l’Occident menait une guerre dans un but de profit économique.