Science et nature

Des restrictions à l'importation d'abeilles demandées pour éviter un parasite

Les apiculteurs sont inquiets.

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801fbddf6ed17d80e3a05d0f7f4b386854f3e72dd797d52d1e8c7b9f9eec5371.jpg Le président de la Commission des apiculteurs de l’Alberta, Curtis Miedema, à gauche, et le député conservateur de Peace River-Westlock, Arnold Viersen, regardent le directeur de la Fédération canadienne des apiculteurs, Peter Awram, répondre à une question lors d’une conférence de presse à Ottawa, le mardi 25 novembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld (Adrian Wyld | La Presse canadienne)

Les apiculteurs canadiens tirent la sonnette d’alarme au sujet d’un ravageur qui se propage dans certaines régions d’Asie, et un député conservateur demande au gouvernement fédéral de modifier en conséquence une politique de longue date sur l’importation d’abeilles en provenance des États-Unis. 

Les apiculteurs et les producteurs de miel du monde entier surveillent de près un acarien du genre Tropilaelaps, qui se nourrit de jeunes abeilles et peut avoir des effets dévastateurs sur les ruches.

«Nous espérons que le gouvernement interviendra et mettra fin aux importations d’abeilles provenant de l’étranger. Nous pensons que l’Amérique du Nord doit devenir un bastion et empêcher ce parasite d’entrer sur son territoire», a affirmé Chris Miedema, président de la Commission des apiculteurs de l’Alberta, lors d’une conférence de presse mardi au parlement.

Ces acariens ont été détectés dans plusieurs pays, notamment en Géorgie, en Ouzbékistan, en Chine, en Inde et en Papouasie–Nouvelle-Guinée.

Les abeilles mellifères ne sont pas originaires du Canada et ont du mal à survivre à l’hiver. L’industrie dépend des importations d’abeilles en provenance de pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Italie et le Chili, qui ont fourni aux apiculteurs canadiens près de 70 000 kilogrammes d’abeilles emballées en 2023.

M. Miedema a souligné que l’industrie s’efforçait de devenir plus autonome et qu’il pensait qu’il était possible de mettre fin aux importations et de «remplacer notre propre stock à partir de l’intérieur».

Peter Awram, directeur de la Fédération canadienne d’apiculture, estime que ce n’est «qu’une question de temps» avant que le ravageur n’apparaisse en Australie, et qu’il sera alors très difficile de l’empêcher d’entrer au Canada.

«Nous importons des abeilles de plus d’endroits dans le monde que les Américains, qui s’inquiètent donc de cette situation», a-t-il expliqué.

M. Awram, en collaboration avec le Conseil canadien du miel, l’American Honey Producers Association et l’American Beekeeping Federation, a publié une stratégie nord-américaine pour les abeilles.

Il y est demandé à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) et à son homologue américaine, l’Animal and Plant Health Inspection Service, d’élaborer un plan d’intervention pour lutter contre les acariens s’ils arrivent, et de renforcer les mesures d’application pour les empêcher d’entrer.

Rétablir l'importation des États-Unis?

Un député conservateur de l’Alberta, Arnold Viersen, souhaite également que le Canada autorise les importations d'emballages d’abeilles mellifères en provenance des États-Unis. 

L’ACIA rappelle que les importations d’abeilles ouvrières en provenance des États-Unis sont restreintes depuis 1987 en raison des «risques inacceptables pour la santé des colonies d’abeilles canadiennes» causés par divers dangers, notamment d’autres parasites et les abeilles africanisées.

Seules les reines accompagnées de quelques abeilles ouvrières nécessaires à leur survie peuvent être importées des États-Unis. 

Dans une motion présentée à la Chambre des communes, M. Viersen a demandé au Canada de «rétablir le libre-échange pour l’importation d’emballages d’abeilles provenant de zones régionales sûres aux États-Unis».

L’ACIA a lancé une analyse des risques liés à l’importation de paquets d’abeilles mellifères en provenance des États-Unis en 2023 et a conclu en août dernier qu’«il n’existe actuellement aucune mesure d’atténuation réaliste et fondée sur des données scientifiques permettant de ramener les risques cernés à des niveaux acceptables».

L’interdiction d’importation reste en vigueur. 

Sarah Ritchie

Sarah Ritchie

Journaliste