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Le ministre fédéral de la Santé affirme que les règlements régissant la pratique médicale pourraient devoir être renforcés dans chaque province afin d’éviter l’«incompétence» des médecins qui pourraient rédiger des milliers d’ordonnances pour des médicaments destinés à des patients à l’extérieur du Canada.
Jean-Yves Duclos a déclaré qu’à tout le moins, les organismes de réglementation pourraient être amenés à mieux appliquer les réglementations en vigueur afin que des médicaments tels que l’Ozempic, un médicament contre le diabète également utilisé de manière non homologuée pour perdre du poids, soient disponibles pour les Canadiens qui en ont besoin.
L’inquiétude concernant d’éventuelles pénuries de médicaments est apparue après qu’un médecin du Texas et autorisé à exercer en Nouvelle-Écosse a rédigé 17 000 ordonnances d’Ozempic en trois mois, mais pour des personnes vivant aux États-Unis.
Les organismes de réglementation et les provinces devraient se prémunir contre un problème similaire si l’accès à d’autres médicaments tels que la mifépristone, un médicament abortif, est restreint dans certains États des États-Unis, a avancé M. Duclos.
«Je vais soulever cette question auprès de mes homologues, les ministres de la Santé, car il s’agit d’un exemple parmi d’autres qui pourraient se produire à l’avenir», a dit M. Duclos lors d’une entrevue accordée jeudi.
«C’est de l’incompétence», a-t-il affirmé, ajoutant que c’est ainsi que le Collège des médecins et chirurgiens a également décrit les actions du médecin texan.
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Chaque province et territoire dispose de sa propre législation pour les prestataires de soins de santé et ces réglementations devraient être modifiées par chaque gouvernement.
Le Collège de la Nouvelle-Écosse a suspendu provisoirement la licence du médecin texan la semaine dernière, sur la base des dispositions de la loi médicale de la Nouvelle-Écosse, qui stipule qu’une telle sanction peut être imposée lorsqu’il existe des motifs probables de croire que les patients sont exposés à un risque de préjudice ou de blessure.
Le Collège a indiqué que l’enquête se poursuivait.
Les médicaments ont été délivrés par deux pharmacies de Colombie-Britannique et expédiés aux États-Unis.
Le ministre de la Santé de la Colombie-Britannique, Adrian Dix, a déclaré que dans les semaines à venir, sa province modifierait les règlements du Collège des pharmaciens de la Colombie-Britannique afin d’arrêter les exportations vers les États-Unis de tout médicament pour éviter une pénurie potentielle.
Il a déclaré que l’affaire Ozempic a été révélée lorsque la province a remarqué un volume élevé d’ordonnances exécutées par deux pharmacies par l’intermédiaire d’un réseau appelé PharmaNet, qui suit toutes les ordonnances effectuées dans les pharmacies communautaires.
«J’étais déjà inquiet lorsque nous avons annoncé l’extension de la couverture d'Ozempic par le régime d’assurance-médicaments au début du mois de janvier. Nous nous sommes concentrés sur cette question», a déclaré M. Dix.
«Je suis satisfait que nous agissions et que nous nous occupions de la Colombie-Britannique. J’encourage le gouvernement fédéral à s’impliquer pour que nous puissions résoudre ce problème pour le Canada.»
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M. Duclos a déclaré que Santé Canada envisagerait de restreindre l’exportation en vrac de tout médicament en vertu de la loi sur les aliments et drogues afin de préserver les stocks pour le Canada.
«Le mot clé ici est “en vrac”, c’est-à-dire que des avions et des camions transportant le médicament en pénurie qui quitteraient le Canada pour aller ailleurs.»
Toutefois, M. Dix a déclaré que des milliers de doses individuelles posaient également problème et exigeaient une réponse nationale, en particulier si les prix des médicaments aux États-Unis dépassent de loin ceux pratiqués au Canada et incitent les Américains à commander des médicaments auprès de pharmacies canadiennes.
Un meilleur partage des données entre les provinces et les territoires pourrait également permettre d’agir plus rapidement contre les médecins qui prescrivent de grandes quantités d’un médicament particulier, a déclaré Mme Duclos.
«Il est difficile pour les provinces, les territoires et les collèges de toutes sortes de faire ce travail en vase clos. Dans ce cas-ci, il s’agissait d’un médecin (autorisé) de la Nouvelle-Écosse, mais la prochaine fois, il pourrait s’agir d’un médecin de l’Ontario ou du Manitoba.»
Le Dr Akshay Jain, endocrinologue spécialisé dans la prise en charge du diabète et de l’obésité à Surrey, en Colombie-Britannique, estime que les patients en surpoids devraient avoir accès à Ozempic parce qu’ils ont eux aussi besoin de traiter une maladie chronique.
«Environ 36 % des Canadiens souffrent d’obésité et 24 % sont en surpoids. Cela représente donc plus de 60 % des adultes canadiens, alors que seulement 11 % des adultes sont diabétiques», a rappelé M. Jain.
M. Jain a précisé qu’un mois d’approvisionnement en médicaments coûte environ 200 $ au Canada, contre 1 100 $ aux États-Unis.
La plupart des provinces ne couvrent pas les médicaments contre l’obésité, a-t-il ajouté. Et si celle-ci n’est pas traitée, elle peut entraîner des complications telles que le diabète, l’hypertension et la nécessité de remplacer les hanches et les genoux en raison de l’excès de poids. Au final, cela coûte plus cher au système de santé.
Un médicament similaire à Ozempic, qui traite l’obésité et est commercialisé sous le nom de Wegovy, a été approuvé en 2021, mais n’est pas disponible au Canada.
Une porte-parole de la société pharmaceutique Novo Nordisk a déclaré qu’elle travaillait à rendre Wegovy disponible commercialement, mais n’a pas pu dire quand cela pourrait se produire.