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«Nous avons le sentiment d'être privés d'une telle opportunité [justice], mais nous ne regrettons pas sa mort».
Les membres d'une association canadienne représentant les familles des personnes tuées lorsque des militaires iraniens ont abattu un avion de ligne en 2020 affirment que la mort du président iranien signifie qu'il ne sera jamais traduit en justice pour son rôle présumé dans cette tragédie.
Le président Ebrahim Raïssi et le ministre iranien des Affaires étrangères ont été retrouvés morts lundi, quelques heures après que leur hélicoptère s'est écrasé dans le brouillard en Iran.
Téhéran n'a avancé aucune cause pour l'accident ni suggéré qu'un sabotage ait pu provoquer l'écrasement de l'hélicoptère, qui est tombé en terrain montagneux dans le nord-ouest du pays.
Kourosh Doustshenas, dont la fiancée faisait partie des 176 personnes tuées lorsque le vol de l'Ukrainian International Airlines a été abattu en Iran le 8 janvier 2020, a indiqué en entrevue que juste avant que l'avion de ligne ukrainien ne soit touché par des missiles iraniens, M. Raïssi avait joué un rôle dans le maintien du ciel ouvert à l'aviation civile, alors que les tensions montaient pourtant dans la région, a déclaré M. Doustshenas.
Cinquante-cinq citoyens canadiens et 30 résidents permanents figuraient parmi les 176 personnes qui ont péri sur le vol PS752 qui a été abattu par les Gardiens de la révolution islamique peu après son décollage de l'aéroport Imam-Khomeini de Téhéran, le 8 janvier 2020.
M. Doustshenas soutient que M. Raïssi est reconnu par plusieurs comme le «boucher de Téhéran» et qu'il était également connu pour son rôle dans les massacres de manifestants pacifiques en 1998, les massacres sanglants de novembre 2019 et la répression brutale du mouvement Femme, Vie, Liberté qui a débuté en septembre 2022, après la mort de Mahsa Amini.
«D'ici quelques jours, il sera remplacé par un autre extrémiste. Même chose pour le ministre iranien des Affaires étrangères: il sera très bientôt remplacé par une autre personne qui a le même bilan que lui, pendant quatre décennies au service du même système», déplore M. Doustshenas.
«Je n'ai donc ressenti ni joie ni colère qu'il soit mort, car ces morts n'auront probablement aucun impact sur le régime iranien.»
Ebrahim Raïssi, âgé de 63 ans, avait été évoqué comme successeur possible du chef suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, âgé de 85 ans. Son décès soudain remet désormais en question cette succession, d’autant plus qu’il n’y a pas de dauphin présumé pour la présidence avant les élections prévues le 28 juin.
Dans un communiqué publié lundi, l'Association des victimes du vol PS752 a déclaré: «Nous avons cherché avec véhémence à traduire [M. Raïssi] en justice pour ses crimes dans le cadre d'un procès équitable afin qu'il puisse faire face aux conséquences de ses actes odieux. Nous avons le sentiment d'être privés d'une telle opportunité, mais nous ne regrettons pas sa mort».
Partout en Iran, la population rurale adhère souvent plus étroitement à la foi chiite et au gouvernement des mollahs. Mais à Téhéran, la population a depuis longtemps une vision très différente de celle de M. Raïssi et de la politique de son gouvernement, alors que des manifestations de masse secouent la capitale depuis des années.
Le plus récent soulèvement concernait la mort en 2022 de Mahsa Amini, une femme arrêtée en raison de son hidjab, qui n'aurait pas été portée correctement. La répression qui a duré des mois et qui a suivi les manifestations a fait plus de 500 morts et entraîné l'arrestation de plus de 22 000 personnes. En mars dernier, une commission d’enquête des Nations unies a conclu que l’Iran était responsable des «violences physiques» qui ont conduit à la mort de Mahsa Amini.
— Avec des informations de l'Associated Press.