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Des manifestants autochtones bloquent l'entrée principale de la COP30

«Personne n'entre, personne ne sort.»

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c98207b9b16e5397711311ff5d42f2cbcbd5f268e017dae45281f2c63984fcbd.jpg Un groupe autochtone bloque l'entrée de la COP30, le vendredi 14 novembre 2025, à Belém, au Brésil. (AP Photo)

Une centaine de manifestants autochtones ont bloqué vendredi pendant 90 minutes l'entrée principale de la conférence des Nations unies sur le climat (COP), à la lisière de l'Amazonie brésilienne. La confrontation pacifique s'est terminée après une longue discussion avec le président des négociations sur le climat, qui a bercé le bébé d'un manifestant pendant les discussions.

Les militaires brésiliens ont empêché les manifestants d'entrer sur le site accueillant les réunions de la COP30 à Belém, mais il ne semble pas y avoir eu de bagarre. Les protestataires, dont la plupart portaient des vêtements traditionnels autochtones, ont formé une chaîne humaine autour de l'entrée pour empêcher les gens d'entrer alors que les réunions de la journée commençaient. D'autres groupes ont formé une deuxième chaîne autour d'eux.

«Personne n'entre, personne ne sort» était l'un des principaux slogans scandés lors de la manifestation.

C'était la deuxième fois en quatre jours que des manifestants perturbaient ces négociations sur le climat, que les organisateurs avaient présentées comme une occasion de valoriser et de célébrer les peuples autochtones.

Les membres du groupe autochtone Munduruku ont mené la manifestation qui a bloqué l'entrée principale, exigeant une rencontre avec le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva. 

«Président Lula, nous sommes ici devant la COP parce que nous voulons que vous nous écoutiez. Nous refusons d'être sacrifiés au profit de l'agro-industrie, ont clamé les manifestants dans un communiqué écrit en portugais publié par le mouvement Ipereg Ayu. Notre forêt n'est pas à vendre. C'est nous qui protégeons le climat, et l'Amazonie ne peut pas continuer à être détruite pour enrichir les grandes entreprises.»

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Les dirigeants mundurukus ont présenté une série de revendications au Brésil. Ils ont notamment demandé l'annulation des projets de développement commercial des rivières, l'abandon d'un projet de chemin de fer pour le transport des céréales, qui fait craindre une déforestation, et une délimitation plus claire des territoires autochtones. Ils souhaitent également le rejet des crédits carbone liés à la déforestation.

Pendant les 90 minutes qu'a duré le blocage, les participants à la conférence ont été redirigés et les délégués sont entrés dans le bâtiment par une autre porte. Le personnel de l'ONU s'est empressé de déplacer les détecteurs de métaux vers l'entrée latérale, tandis que des centaines de personnes formaient de longues files d'attente. 

La manifestation devant le bâtiment a commencé vers 7 h 30, et l'entrée principale a été bloquée environ 30 minutes plus tard. 

Le président de la conférence, André Corrêa do Lago, un diplomate brésilien chevronné, a rencontré le groupe alors qu'il bloquait l'entrée. Il a pris dans ses bras le bébé d'un manifestant pendant qu'il parlait, souriant et hochant la tête. Après une longue discussion, M. do Lago et les manifestants se sont éloignés ensemble de l'entrée, qui a été rouverte à 9 h 37.

Paolo Destilo, membre du groupe environnemental Debt for Climate, s'est joint à la chaîne humaine encerclant les manifestants, affirmant qu'il voulait donner aux communautés autochtones une chance de faire entendre leur voix.

«Cela vaut la peine de retarder la conférence», a-t-il déclaré, ajoutant: «Si cette COP doit vraiment être celle des peuples autochtones, comme le répètent sans cesse les responsables, ce type de manifestations devrait être bienvenu à la COP30.»

«Nous devons considérer cela comme un message et un signal de la part des peuples autochtones, qui n'ont constaté aucun progrès au cours des 33 dernières années de la COP, que toutes ces discussions n'ont pas abouti à des actions», a indiqué Harjeet Singh, militant chevronné contre les combustibles fossiles. «Ils sont les gardiens de la biodiversité et du climat et, de toute évidence, ils ne sont pas satisfaits de la façon dont ce processus se déroule.»

«Nous partageons leur frustration face à l'absence de résultats des négociations, a assuré M. Singh. Et la seule façon de répondre à cette frustration commune est de s'attaquer réellement à la crise climatique.»

La manifestation fait suite à un incident survenu mardi soir, au cours duquel des manifestants autochtones se sont précipités à l'entrée du site principal, entrant en conflit avec les forces de sécurité et blessant légèrement deux gardes. 

Les manifestations semblaient s'intensifier à l'approche du week-end. Le samedi, à la fin de la première semaine de la conférence, est traditionnellement le jour où les manifestations sont les plus importantes pendant les négociations des Nations unies sur le climat.