L’analyse d’une dent de mammouth laineux semble démontrer que le mastodonte vivait autrefois beaucoup plus loin qu’on ne le pensait et se promenait même dans ce qui est aujourd’hui le Québec.
La recherche réalisée par l’Université McGill sur un fossile du XIXe siècle montre «qu’il reste encore des découvertes à faire dans tout l’est du Canada», a déclaré l’auteur principal de l’étude, Louis-Philippe Bateman, étudiant à la maîtrise au département de biologie.
Ce texte est une traduction d’un article de CTV News.
«Maintenant que nous savons que les mammouths laineux vivaient probablement ici, il est très tentant de partir à la recherche d’autres spécimens, a-t-il expliqué. Ils peuvent apparaître dans les endroits les plus inattendus.»
McGill a indiqué dans un communiqué de presse que la dent usée avait été découverte il y a un peu moins d’un siècle et demi, en 1878, sur l’île Long Island au Nunavut, et qu’on pensait qu’elle appartenait à un mammouth colombien.
Cependant, l’étude publiée dans le Canadian Journal of Earth Sciences a reclassé la découverte comme étant celle d’un mammouth laineux plus ancien, ce qui, selon l’université, en fait la découverte de mammouth laineux la plus au nord-est de l’Amérique du Nord.

L’étude, qui a réévalué la morphologie, la date et les isotopes de la dent, a découvert que l’animal avait connu une fin de vie difficile, avec des niveaux d’azote plus élevés que prévu, ce qui signifie qu’il souffrait peut-être de malnutrition.
«Nous avons interprété cela comme un signe que le mammouth subissait une forme de stress nutritionnel; il a dû cataboliser ses propres tissus pour survivre», a mentionné M. Bateman, qui a précisé qu’il s’agissait du premier projet sur lequel il avait travaillé en tant qu’étudiant de premier cycle.
«J’ai séché les cours, pris le bus et visité les collections du Musée canadien de la nature à Gatineau, où j’ai pris des centaines de photos de la dent et d’autres dents de mammouth», a-t-il raconté.

L’équipe a ensuite procédé à une «dentisterie à haut risque sur des restes fossiles précieux» afin de réaliser une analyse isotopique.
Selon les chercheurs, le mammouth se nourrissait de «végétation typique de l’ère glaciaire» et a probablement vécu pendant une période interglaciaire il y a environ 130 000 à 100 000 ans.
«Un spécimen conservé pendant près de 150 ans recèle encore des secrets», a souligné M. Bateman. «Les étudier peut nous donner un aperçu de la façon dont les organismes évoluent et réagissent au changement climatique.»


