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Le bureau de la vérificatrice générale avait soulevé des problèmes identiques en 2015, en 2016 et en 2017.
Des agences et des députés fédéraux reprochent au Service correctionnel du Canada de ne pas assez se préoccuper des conditions de vie des détenus noirs et autochtones dans les pénitenciers.
Deux comités de la Chambre des communes ont pris pour cible cette semaine la situation dans les prisons canadiennes. Des députés de tous les partis ont sévèrement critiqué le système pénitentiaire fédéral.
Un député néo-démocrate, Blake Desjarlais, a accusé la direction du Service correctionnel du Canada de tolérer l'échec du système.
«La vérificatrice générale Karen Hogan crache ses poumons sur les conditions que doivent affronter les Noirs et les Autochtones au Canada, a-t-il lancé, les larmes aux yeux, à ses collègues du comité des comptes publics, jeudi. Et rien ne change dans le système.»
Dans un rapport en 2022, Mme Hogan a écrit que «le service n'avait pas traité ni éliminé les obstacles systémiques qui continuaient de défavoriser certains groupes de détenus».
«Un nombre disproportionnellement élevé de délinquants autochtones et noirs a été placé dans des établissements à sécurité maximale. Même si la majorité des délinquants ont été mis en liberté sous condition avant la fin de leur peine, les délinquants autochtones et noirs sont restés détenus plus longtemps que les autres, à un niveau de sécurité plus élevé», peut-on lire dans ce rapport.
Le bureau de la vérificatrice générale avait soulevé des problèmes identiques en 2015, en 2016 et en 2017.
Le Bureau de l'enquêteur correctionnel du Canada avait constaté dans son dernier rapport annuel que les détenus noirs et autochtones étaient défavorisés.
Au cours de son témoignage devant le comité permanent de la sécurité publique et nationale, l'enquêteur correctionnel, Ivan Zinger, a indiqué vendredi que ces détenus étaient victimes de discrimination, de biais et de racisme.
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Il a ajouté que la catégorie de détenus la plus populeuse est laissée «dans un état de dénuement». Les détenus travaillant dans les prisons n'ont pas obtenu une augmentation de salaire depuis 1981 alors que celui-ci s'élevait à 6,90$ par jour. Il devient donc très difficile aux détenus d'acquérir de simples articles comme du dentifrice ou du savon qui ne leur sont pas fournis gratuitement.
Selon M. Zinger, le Service correctionnel du Canada est «très bon pour produire des documents corporatifs», mais ce travail ne se traduit pas dans les pénitenciers.
La commissaire du Service correctionnel du Canada Anne Kelly a reconnu jeudi devant le comité des Comptes publics l'existence de barrières systémiques et du racisme dans le système judiciaire criminel.
«Si le Service correctionnel ne peut pas influencer les décisions qui nous apportent des détenus, c'est sa responsabilité d'améliorer les conditions des délinquants en leur donnant la chance de se réhabiliter», a-t-elle déclaré.
Dans son rapport, Mme Hogan constate aussi «qu'un taux deux fois plus élevé d'hommes autochtones et noirs ont été placés dans des établissements à sécurité maximale».
Le rapport remet aussi en question la pertinence de l'Échelle de classement par niveau de sécurité - l'outil de classement de sécurité de Service correctionnel Canada - en indiquant que sa fiabilité «n'avait pas été validée depuis 2012 et son utilisation n'avait jamais été validée expressément pour les délinquants noirs».
Encore pis, les agents correctionnels ne respectent pas toujours les protocoles.
«Nous avons découvert que des employés utilisent souvent l'échelle de classement à leur discrétion pour placer des condamnés autochtones à des niveaux de sécurités plus élevés, sans se préoccuper des solutions culturelles appropriées», a dit Mme Hogan au comité des comptes publics.
Mme Kelly s'est défendue en disant que l'Échelle de classement n'est qu'un élément d'un processus visant à déterminer le niveau de sécurité des détenus. Toutefois l'agence fait son possible pour s'assurer que ses décisions sont «fiables et valides».
Le Service correctionnel tente d'améliorer les conditions de vie des détenus, ont souligné Mme Kelly et d'autres officiels. Il veut mettre en place plus de programmes d'éducation numérique et des centres d'interventions pour les Autochtones. Il élabore des stratégies afin de mieux répondre aux besoins des détenus noirs.
Il tente aussi de recruter un commissaire adjoint pour les détenus autochtones.