Des groupes 2ELGBTQI+ et de femmes se préparent à des coupes de financement dans le budget de novembre.
La ministre fédérale des Femmes et de l’Égalité des genres, Rechie Valdez, a exhorté les militants à s'exprimer, et les organisations LGBTQ+ et de femmes mettent en place une campagne de mobilisation ce mois-ci sur la colline du Parlement.
«Nous sommes en état d'alerte», a déclaré Mitzie Hunter, présidente de la Fondation canadienne des femmes, à La Presse Canadienne.
«Si nous n'avons pas d'annonces indiquant que ces programmes vont se poursuivre, nous savons que la souffrance des communautés va s'aggraver.»
Le premier ministre Mark Carney a mentionné les questions de genre beaucoup moins souvent que son prédécesseur Justin Trudeau, dont l'image féministe était au cœur de son identité politique.
Le gouvernement Carney s'est engagé à maintenir l'initiative d'analyse comparative entre les genres, qui examine l'impact de tous les principaux programmes fédéraux sur les femmes et les groupes minoritaires.
Toutefois, le gouvernement a également prévenu qu'un budget d'austérité sera présenté le 4 novembre, quelques mois après que Femmes et Égalité des genres Canada a publié un calendrier ministériel indiquant que le financement de plusieurs programmes sera bientôt épuisé.
Le calendrier prévoit une baisse du financement, à moins d'une augmentation des fonds, de 407 millions $ en 2025-2026 à 76 millions $ en 2027-2028, ainsi qu'une réduction de l'effectif ministériel à temps plein de 444 à 254 personnes.
Certains groupes disent n'avoir reçu aucune déclaration claire du gouvernement quant au réapprovisionnement de ces programmes.
Ces coupes possibles étaient au cœur des préoccupations lors d'une réception organisée le 16 septembre à Ottawa par le Caucus canadien de la Fierté, un regroupement multipartite de sénateurs et de députés LGBTQ+ ou de leurs alliés, ainsi que d'importants organismes communautaires.
La ministre Valdez a déclaré lors de la réception qu'elle avait besoin de leur soutien.
«En tant que Canadiens, nous devons continuer à faire pression et à défendre nos intérêts. Parce que le monde entier considère le Canada comme un chef de file dans la défense des droits de la communauté (LGBTQ+), nous ne pouvons pas nous arrêter», a-t-elle soutenu.
«Je suis ici pour vous dire que je ne peux pas y arriver seule. Chacun d'entre vous, j'ai besoin de votre aide et de votre collaboration pour faire bouger les choses et continuer à défendre les causes qui comptent.»
Fae Johnstone, présidente de l'organisation Queer Momentum, a déclaré lors de la réception que la réaction de la droite contre les droits LGBTQ+ frappe particulièrement durement les personnes trans comme elle, alors que les provinces cherchent à restreindre l'accès aux services médicaux et aux services de proximité pour les jeunes.
«Lorsqu'on écoute les jeunes de la Saskatchewan et de l'Alberta, on comprend que la honte est une fois de plus enseignée», a-t-elle expliqué.
«Les personnes trans en particulier sont devenues des épouvantails. Nous sommes devenus un problème à résoudre, et je suis terrifiée, vraiment terrifiée, à l'idée des solutions qui seront proposées.»
Fae Johnstone a affirmé que son groupe intensifiait ses activités de lobbying sur la colline du Parlement «pour garantir et préserver le financement et les soutiens dont notre communauté dépend».
Financement pour les festivals de la Fierté
Les organisations craignent que le gouvernement se concentre uniquement sur l'avancement des politiques ainsi que des programmes liés à l'égalité en matière d'emploi et réduise les services de lutte contre la violence fondée sur le genre ou la sécurité lors des festivals de la Fierté.
Brice Field, de Fierté Canada Pride, qui défend les festivals de la Fierté, a déclaré que la violence et les menaces d'extrême droite incitent les organisateurs de la Fierté à réduire ou à annuler complètement leurs festivals. Et ce, malgré le fait qu'Ottawa ait alloué 1,5 million $ sur trois ans à la sécurité des festivals de la Fierté.
La Manitoba Pride Alliance a annoncé ce mois-ci que la Fierté de Steinbach a dû annuler son festival «en raison de menaces crédibles à la sécurité liées à l'extrémisme d'extrême droite» dans une région conservatrice de la province.
«De nombreux festivals de la Fierté au pays n'auront pas accès aux fonds nécessaires pour assurer la sécurité de leurs communautés», a indiqué M. Field, lors du Caucus canadien de la Fierté.
Préoccupations sur la violence envers les femmes
Mitzie Hunter a déclaré que les agressions sexuelles sont en hausse et que la violence fondée sur le genre tend à s'accroître en période de difficultés économiques.
La perspective de coupes budgétaires met le secteur à rude épreuve, a-t-elle dit. Elle a souligné que le financement destiné à élargir l'accès aux services de garde d'enfants permet à davantage de femmes de travailler et contribue à stimuler l'économie.
«Le Canada n'a pas encore atteint la parité hommes-femmes sur des points essentiels comme l'égalité salariale», a fait valoir l'ancienne députée provinciale de l'Ontario.
Elle a soulevé que M. Carney avait choisi de ne pas nommer de ministre des femmes et des questions de genre au sein du cabinet temporaire qu'il avait formé avant les élections du printemps, mais qu'il avait rétabli ce poste par la suite.
Mme Hunter a déclaré que le gouvernement était à l'écoute de leurs préoccupations, en particulier celles des organisations qui dépendent du financement annoncé par Ottawa dans le cadre d'allocations à durée déterminée.
«Nous souhaitons un financement permanent pour le plan d'action national sur la violence fondée sur le genre», a-t-elle déclaré.
«Notre préoccupation est de renforcer les capacités des organisations du mouvement des femmes, afin que nous puissions être prêtes à affronter cette période très difficile à laquelle nous sommes tous confrontés en tant que Canadiens.»
Des conservateurs au Caucus de la Fierté
Plus tôt ce mois-ci, la sénatrice Marilou McPhedran a critiqué la perspective de coupes dans les programmes destinés aux femmes et a souligné que les libéraux avaient été réélus au printemps en partie grâce au soutien des femmes.
«Nous observons une véritable tendance avec le premier ministre Carney, avec la troïka d'hommes d'affaires blancs qui sont maintenant au sommet du gouvernement», a-t-elle affirmé, lors d'une conférence de presse sur la colline du Parlement.
«Nous entendons des femmes membres du gouvernement qui sont très préoccupées par cette situation», a-t-elle ajouté, sans nommer de noms.
Le Caucus canadien de la Fierté de cette année comptait des conservateurs: aucun sénateur ni député conservateur n'était présent à l'événement de l'an dernier.
Les députés Scott Aitchison et Greg McLean étaient présents au Caucus de la Fierté de cette année, ainsi que divers députés libéraux, néo-démocrates et bloquistes présents les années précédentes.
Les deux députés conservateurs qui s'identifient publiquement comme LGBTQ+ — Melissa Lantsman et Eric Duncan — ne font pas partie du Caucus de la Fierté.