Plusieurs groupes demandent à Ottawa de suspendre un accord sur les réfugiés avec les États-Unis en raison de préoccupations concernant la sécurité des personnes transgenres et faisant partie de la diversité de genres.
L’Association canadienne des libertés civiles, l’Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés et Rainbow Railroad exhortent le gouvernement fédéral à suspendre immédiatement l’Entente sur les tiers pays sûrs.
En vertu de cet accord entré en vigueur en 2004, le Canada et les États-Unis se reconnaissent mutuellement comme des lieux sûrs où les réfugiés peuvent chercher la protection.
Cela signifie que le Canada peut refouler les réfugiés potentiels qui arrivent à la frontière terrestre, car l’accord stipule qu’ils doivent présenter une demande aux États-Unis, leur premier pays d’arrivée, à moins qu’ils ne soient admissibles à une exemption.
Les différentes organisations affirment que la récente décision du président américain Donald Trump de suspendre le programme américain d’admission des réfugiés laisse certaines personnes de la communauté 2ELGBTQI+ bloquées dans des circonstances précaires.
Les groupes veulent que le Canada décrète un moratoire sur les renvois vers les États-Unis pour ceux qui seraient confrontés à un risque accru de détention là-bas ou qui pourraient être renvoyés dans les pays qu’ils ont fuis.
Ils demandent également au Canada de créer une exemption à l’accord Canada-États-Unis pour les demandeurs d’asile transgenres et de diverses identités de genre, ainsi que pour ceux qui fuient la violence fondée sur le genre, jusqu’à ce que l’accord soit suspendu.
«Le Canada ne peut pas, en toute bonne conscience, continuer à refouler des réfugiés à la frontière canado-américaine en sachant les risques accrus d'expulsion auxquels ils s'exposent s'ils sont renvoyés aux États-Unis», affirment les groupes, dans une lettre adressée au ministre de l'Immigration Marc Miller et rendue publique vendredi.
«Nous ne devons pas nous rendre complices de la mise en danger de la vie de ceux qui fuient la persécution.»
Le bureau de M. Miller a déclaré vendredi que l'accord est soigneusement conçu avec des garanties qui protègent à la fois la frontière et les besoins de ceux qui fuient la persécution.
«Nous continuons de surveiller attentivement les développements et nous nous attendons à ce que les États-Unis se comportent conformément aux termes de l'entente qui gère notre frontière», a indiqué le cabinet du ministre.
M. Trump a également signé un décret exécutif stipulant que les États-Unis ne reconnaissent que deux genres, masculin et féminin.
L'American Immigration Lawyers Association, une organisation non partisane, explique que le décret signifie que les centres de détention sépareront les détenus uniquement par sexe masculin ou féminin, et qu'il est probable qu'ils n'autoriseront plus d'unités séparées pour les personnes transgenres ou d'autres mesures semi-protectrices.
«Les personnes qui s'identifient comme transgenres ou non binaires subiront probablement de mauvais traitements, des abus et des violences importants dans les centres de détention pour immigrants en raison de leur statut de genre», a fait valoir l'association le mois dernier, dans une analyse du décret exécutif.
Plus tôt ce mois-ci, le Conseil canadien pour les réfugiés et Amnistie internationale Canada ont déclaré que le pays «doit se retirer de toute urgence» de l'Entente sur les tiers pays sûrs compte tenu de la «situation désastreuse» à laquelle sont confrontés les réfugiés aux États-Unis.
Les mesures exécutives du président Trump en matière d'immigration ont amplifié les inquiétudes existantes concernant la constitutionnalité de la participation du Canada à l'accord, ont soutenu les groupes.
«Les décrets extrêmes anti-immigrants et anti-asile du président Trump visent à instiller la peur et à rendre les États-Unis dangereusement non sécuritaires pour ceux qui cherchent une protection», a affirmé Ketty Nivyabandi, secrétaire générale de la section anglophone d'Amnistie Canada.
Il est dans l'intérêt du public d'admettre tous les demandeurs, y compris les personnes transgenres, dont les droits et la dignité ne sont pas protégés aux États-Unis, ont ajouté les deux groupes.

