Des frappes terrestres et aériennes israéliennes ont touché lundi le nord et le sud de Gaza, tuant des demandeurs d'aide ainsi que d'autres personnes réfugiées sous des tentes ou dans des maisons. Ces attaques surviennent alors que les troupes israéliennes se préparent à une offensive plus vaste dans le territoire assiégé.
Des responsables hospitaliers ont rapporté qu'au moins 34 personnes avaient été tuées lundi, sans compter les journalistes tués dans une tente peu avant minuit.
Parmi les victimes figuraient au moins 12 demandeurs d'aide, tués par des tirs israéliens alors qu'ils tentaient d'atteindre des points de distribution ou qu'ils attendaient des convois d'aide.
Des proches ont indiqué à l'Associated Press (AP) que des enfants et un nourrisson figuraient parmi les victimes. Des témoins des tirs près du corridor de Morag ont déclaré avoir vu des rafales de balles, puis des cadavres, décrivant cette scène sinistre comme quasi quotidienne.
L'armée n'a pas immédiatement répondu aux questions concernant ces décès. Plus tôt lundi, elle avait indiqué que des unités aériennes et d'artillerie opéraient dans le nord de Gaza et à Khan Younès, où Noha Abu Shamala, une habitante, a dit à l'AP que deux frappes de drones avaient tué une famille de sept personnes dans leur appartement.
Selon les hôpitaux Nasser et Awda, des demandeurs d'aide ont été tués à une distance comprise entre trois kilomètres et quelques centaines de mètres des sites gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF).
La GHF est l'entreprise privée, soutenue par les États-Unis et Israël, qui a remplacé en mai les Nations unies comme principal distributeur d'aide sur le territoire. Elle a affirmé ne pas avoir connaissance d'incidents survenus dans les zones de sécurité contrôlées par Israël menant à ses sites du centre et du sud de Gaza.
Ces derniers décès portent le bilan à plus de 1700 personnes tuées alors qu'elles cherchaient de la nourriture depuis le lancement du nouveau système de distribution d'aide en mai, selon le ministère de la Santé de Gaza. La plupart ont été abattues sur les routes menant aux sites de distribution, mais ces dernières semaines, d'autres ont été tuées à proximité de convois alimentaires acheminés par les Nations unies.
Les agences des Nations unies n'acceptent généralement pas d'escortes militaires israéliennes pour leurs camions d'aide, invoquant des préoccupations quant à leur neutralité, et leurs convois ont essuyé des tirs dans un contexte de graves pénuries alimentaires dans le territoire sous blocus.
Ces décès surviennent quelques heures après que le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a qualifié les informations sur la situation à Gaza de «campagne mondiale de mensonges» et annoncé son intention de pénétrer plus profondément dans le territoire et de tenter de démanteler le Hamas.
Un responsable s'exprimant sous le couvert de l'anonymat pour aborder des sujets sensibles a précisé que l'opération ne devrait pas commencer immédiatement et qu'elle prendra beaucoup de temps à s'intensifier.
Cinq autres Palestiniens, dont un enfant, sont morts de malnutrition à Gaza au cours des dernières 24 heures, a rapporté le ministère de la Santé.
Israël a augmenté ses approvisionnements il y a deux semaines face à ces inquiétudes. Pourtant, les experts internationaux avertissent que le territoire est confronté au «pire scénario de famine» et les organisations humanitaires affirment que les livraisons restent infimes par rapport aux besoins, après des mois de blocus total et partiel.
Une frappe israélienne tue des journalistes
L'armée israélienne a ciblé un correspondant d'Al Jazeera lors d'une frappe aérienne dimanche, le tuant, ainsi qu'un autre journaliste de la chaîne et au moins six autres journalistes, dans ce que les défenseurs de la presse ont qualifié d'attaque éhontée contre ceux qui documentent la guerre.
Des responsables de l'hôpital Shifa ont indiqué que les correspondants d'Al Jazeera, Anas al-Sharif et Mohamed Qreiqeh, faisaient partie des victimes. Cet incident marque la première fois depuis le début de la guerre que l'armée israélienne revendique rapidement la responsabilité d'un journaliste tué dans une frappe.
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Cette attaque survient moins d'un an après que des responsables de l'armée israélienne ont accusé pour la première fois M. al-Sharif et d'autres journalistes d'Al Jazeera d'appartenir aux groupes militants Hamas et Jihad islamique.
Al Jazeera a qualifié cette frappe d'«assassinat ciblé», tandis que les groupes de défense de la liberté de la presse ont dénoncé le nombre croissant de morts parmi les journalistes palestiniens travaillant à Gaza. Les proches des journalistes ont inhumé leurs corps dans la ville de Gaza.
Dimanche, Israël a réitéré ses allégations selon lesquelles M. al-Sharif dirigeait une cellule du Hamas, une allégation qu'Al Jazeera et M. al-Sharif avaient précédemment rejetée comme infondée.
