Israël a lancé lundi des frappes dans la bande de Gaza, tuant au moins 31 personnes et poursuivant une offensive majeure dans la plus grande ville du territoire, selon les autorités de la santé.
D'éminents spécialistes du génocide se sont aussi joints à d'autres groupes de défense des droits de la personne pour accuser Israël de génocide, des allégations que le pays rejette avec véhémence.
Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont retenti dans la ville de Gaza depuis qu'Israël l'a déclarée zone de combat la semaine dernière. Aux abords de la ville et dans le camp de réfugiés de Jabaliya, les habitants ont observé des robots chargés d'explosifs démolir des bâtiments.
Les hôpitaux de Gaza ont indiqué qu'au moins 31 personnes avaient été tuées par des tirs israéliens lundi, dont plus de la moitié étaient des femmes et des enfants. Au moins 13 personnes ont été tuées dans la ville de Gaza, où Israël a mené plusieurs attaques de grande ampleur depuis que des militants du Hamas ont attaqué le sud d'Israël, déclenchant la guerre le 7 octobre 2023.
Israël affirme ne cibler que les militants et impute au Hamas la responsabilité des pertes civiles, car le groupe militant – désormais largement réduit à une organisation de guérilla – opère dans des zones densément peuplées.
Les habitants de Gaza, dont beaucoup ont été déplacés à plusieurs reprises par la guerre, sont désormais confrontés à la double menace des combats et de la faim. L'autorité mondiale en matière de crises alimentaires a déclaré le mois dernier que la ville était en proie à la famine. Cette crise est alimentée par les combats incessants et le blocus israélien, en plus d'être aggravée par les déplacements massifs répétés et l'effondrement de la production alimentaire.
Au total, 63 557 Palestiniens ont été tués pendant la guerre, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui indique que 160 660 autres personnes ont été blessées. Le ministère ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants dans son décompte, mais affirme que les femmes et les enfants représentent environ la moitié des morts.
Le ministère fait partie du gouvernement dirigé par le Hamas, mais son personnel est composé de professionnels de la santé. Les agences de l'ONU et de nombreux experts indépendants considèrent ses chiffres comme l'estimation la plus fiable des victimes de guerre. Israël les conteste, mais n'a pas communiqué son propre bilan.
Des chercheurs accusent Israël de génocide
La plus grande organisation professionnelle de chercheurs étudiant le génocide a déclaré lundi qu'Israël commettait un génocide à Gaza.
Israël, créé au lendemain de la Shoah, au cours de laquelle six millions de Juifs européens et d'autres personnes ont été tués, rejette catégoriquement cette allégation. Le pays affirme prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter de nuire aux civils et mener une guerre de légitime défense après l'attaque du Hamas du 7 octobre, qu'Israël qualifie lui-même d'acte génocidaire.
L'Association internationale des chercheurs en génocide (International Association of Genocide Scholars), qui compte environ 500 membres dans le monde, dont plusieurs experts de la Shoah, s'est jointe à d'autres grandes organisations de défense des droits de la personne, dont deux groupes israéliens, pour appliquer ce terme à la conduite d'Israël en temps de guerre.
«Les politiques et actions d'Israël à Gaza répondent à la définition juridique du génocide», ainsi qu'à celle de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, selon la résolution de l'association, soutenue par 86 % des personnes ayant voté. L'organisation n'a pas divulgué les détails du vote.
«Les experts en génocide peuvent voir cette situation telle qu'elle est réellement», a déclaré à l'Associated Press Melanie O’Brien, présidente de l'organisation et professeure de droit international à l'Université d'Australie-Occidentale.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a qualifié cette situation de «honteuse pour la profession juridique et pour toute norme académique». Il a soutenu que cette décision était «entièrement fondée sur la campagne de mensonges du Hamas».
Une tempête force le retour d'une flottille militante
Par ailleurs, une flottille militante partie de Barcelone et se dirigeant vers Gaza a été contrainte de rentrer au port après qu'une tempête a frappé certaines régions d'Espagne pendant la nuit.
La «Global Sumud Flotilla», composée d'une vingtaine de bateaux et de participants venus de 44 pays, a choisi de rentrer et de retarder son départ pour «privilégier la sécurité», a indiqué un communiqué lundi. L'expédition comprend notamment la militante écologiste Greta Thunberg, qui avait participé à une précédente flottille interceptée en juillet.
Les organisateurs ont déclaré qu'avec des vents dépassant 56 kilomètres à l'heure, certains des plus petits bateaux participant à la mission auraient été en danger.
La flottille est la plus grande tentative à ce jour visant à briser symboliquement le blocus israélien de Gaza. Toutes les précédentes ont été interceptées en mer par les forces israéliennes. Israël affirme que le blocus est nécessaire pour empêcher le Hamas d'importer des armes et qu'il existe de multiples autres voies d'acheminement de l'aide à Gaza.
Israël a pris des mesures pour restreindre davantage l'acheminement de nourriture vers le nord du territoire, alors qu'il poursuit sa dernière offensive dans la ville de Gaza.
