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La présence d'au moins un tiers de femmes en salle d'opération est associée à une réduction considérable du risque de complications graves pour le patient.
La présence d'au moins un tiers de femmes en salle d'opération est associée à une réduction considérable du risque de complications graves pour le patient, indique une nouvelle étude.
Cela démontre que la présence des femmes en salle d'opération n'est pas une simple question d'équité, mais qu'il en va dans les faits du bien-être des patients, a souligné l'auteure de l'étude, la docteure Julie Hallet de l'Université de Toronto.
«Ce qu'on amène ici, c'est de dire que c'est plus que de la justice sociale et de l'équité, on parle de performance, a-t-elle dit. C'est important d'avoir de la diversité au sein des équipes pour avoir une meilleure performance et prodiguer de meilleurs soins aux patients. Alors ce n'est pas nécessairement la chose à faire au niveau éthique, c'est la bonne chose à faire pour avoir les meilleurs soins possibles.»
La docteure Hallet et ses collègues ont examiné quelque 710 000 interventions chirurgicales effectuées dans 88 hôpitaux ontariens entre 2009 et 2019. Ils ont constaté que, dans les 90 jours qui ont suivi l'intervention, des complications graves pouvant aller jusqu'à la mort sont survenues dans 14,4 % des cas.
Toutefois, dans les hôpitaux où on retrouvait au moins un tiers de chirurgiennes et d'anesthésistes de sexe féminin, le risque de morbidité post-chirurgicale grave dans les 90 jours suivant l'intervention reculait de 3 %.
Une telle amélioration est bien évidemment bénéfique pour les patients, a souligné la docteure Hallet, mais aussi pour le système de santé dans son entier.
Les auteurs de l'étude font remarquer que d'autres recherches menées aux États-Unis, en Australie, en Italie et au Japon ont aussi constaté une meilleure issue pour les patients dans les hôpitaux où les équipes chirurgicales comptaient au moins 35 % de femmes.
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«Le 35%, c'est un peu ce qu'on appelle une masse critique, a dit la docteure Hallet. C'est-à-dire que si on veut implanter la diversité dans une équipe en ayant seulement une ou deux personnes qui représentent une minorité, souvent ça n'aura pas d'effet tant qu'on n'aura pas atteint de masse critique. Ces individus-là ne seront pas nécessairement capables d'amener leurs perspectives uniques parce qu'ils ne sentent pas qu'ils ont de la place pour le faire.»
En d'autres mots, une femme qui se retrouve seule en compagnie de collègues masculins dans une salle d'opération n'aura pas le même impact qu'un petit groupe de trois ou quatre femmes au sein d'une équipe d'une dizaine de personnes. «C'est beaucoup plus difficile de faire valoir son point de vue ou des perspectives différentes quand on est seule que quand on a des alliées autour», a souligné la docteure Hallet.
Le but de l'étude, a-t-elle ajouté, était d'aller au-delà de la simple comparaison «binaire» qui est trop souvent faite entre la performance des chirurgiens et celle des chirurgiennes.
Les auteurs de l'étude considèrent plutôt qu'une équipe chirurgicale diversifiée d'hommes et de femmes est bénéfique pour les patients puisque chacun amène des aptitudes, des connaissances, des valeurs, des styles de leadership et des attitudes différents.
«On parle parfois d'un "bonus de la diversité", a dit la docteure Hallet. Quand on a plusieurs perspectives qui fonctionnent ensemble, il y a une valeur ajoutée.»
Pourtant, le nombre de chirurgiennes et d'anesthésistes de sexe féminin n'aurait augmenté que de 5 % depuis dix ans.
«Malgré le fait qu'il y ait 50 % d'étudiantes en médecine, on ne voit pas 50 % de ces étudiantes qui vont devenir des patrons (...) en chirurgie, a conclu la docteure Hallet. Donc, c'est-à-dire que même si on sait au niveau social que c'est quelque chose qu'on doit améliorer, ça ne se passe pas encore. Donc on voulait vraiment apporter un peu d'eau au moulin avec ces données-là.»
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le British Journal of Surgery.