Des dizaines de colons israéliens ont saccagé une base militaire en Cisjordanie occupée, allumant des incendies, vandalisant des véhicules militaires, faisant des graffitis et attaquant des soldats, a indiqué l'armée.
Les troubles de dimanche soir surviennent à la suite de plusieurs attaques menées par des colons juifs en Cisjordanie et de la colère suscitée par leurs arrestations par les forces de sécurité, qui tentaient de contenir les violences ces derniers jours.
Plus de 100 colons sont entrés mercredi soir dans la ville de Kfar Malik en Cisjordanie, incendiant des biens et ouvrant le feu sur les Palestiniens qui tentaient de les en empêcher, a déclaré Najeb Rostom, président du conseil local. Trois Palestiniens ont été tués après l'intervention de l'armée. Les forces de sécurité israéliennes ont arrêté cinq colons.
Le ministre de la Sécurité d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, qui a souvent défendu des Israéliens accusés de crimes similaires, a condamné de manière rare les violences de dimanche.
«Attaquer les forces de sécurité, les installations de sécurité et les soldats de Tsahal, qui sont nos frères et nos protecteurs, est une ligne rouge à ne pas franchir et doit être traité avec la plus grande sévérité. Nous sommes frères», a-t-il écrit sur le réseau social X.
Le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a déclaré à la radio militaire israélienne que les émeutes étaient le fait de «terroristes juifs, des bandes criminelles, qui se sentent soutenues par la coalition (au pouvoir)».
Partisan intransigeant des colonies juives, Itamar Ben-Gvir avait déjà été condamné en Israël pour incitation au racisme et soutien à des groupes terroristes, et avait appelé à l'expulsion de tous les citoyens arabes d'Israël. Autrefois largement rejetée par les politiciens israéliens, l'influence d'Itamar Ben-Gvir s'est accrue et, parallèlement au glissement à droite de l'électorat israélien, a encore renforcé la violence des colons extrémistes en Cisjordanie.
Des images diffusées par les médias israéliens ont montré des dizaines de jeunes hommes religieux, généralement associés aux «jeunes des collines», un mouvement extrémiste de colons israéliens qui occupent les collines de Cisjordanie et qui ont été accusés d'attaquer des Palestiniens et leurs biens.
Ces images montrent les forces de sécurité utilisant des grenades assourdissantes alors que des dizaines de colons se rassemblaient autour de la base militaire, juste au nord de Ramallah. L'armée israélienne a publié des photos des infrastructures incendiées lors de l'attaque, qui, selon elle, comprenaient «des systèmes permettant de contrecarrer les attaques terroristes et de maintenir la sécurité».
Le ministre de la Défense, Israël Katz, s'est engagé lundi à «éradiquer cette violence à la racine» et a imploré les colons extrémistes de se rappeler que nombre des membres des forces de sécurité sont des réservistes épuisés qui effectuent de nombreux tours de service.
Au cours des deux dernières années de guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, les résidents palestiniens de Cisjordanie ont signalé une augmentation importante des points de contrôle israéliens et des retards sur tout le territoire. Israël, quant à lui, affirme que les menaces proférées par la Cisjordanie contre ses citoyens sont en hausse.
Israël a conquis la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est lors de la guerre du Moyen-Orient de 1967, et les Palestiniens revendiquent ces trois territoires pour leur futur État.
La Cisjordanie abrite quelque trois millions de Palestiniens vivant sous un régime militaire israélien apparemment illimité, ainsi que 500 000 colons juifs. La communauté internationale considère à une écrasante majorité que les colonies sont illégales.