Début du contenu principal.
Une nouvelle analyse d'os de chevaux démontre que les chevaux couraient dans les prairies au début des années 1600, plus tôt que le laissaient entendre plusieurs récits historiques.
Le cheval est un symbole de l'ouest des États-Unis, mais le moment exact de son arrivée dans la région n'a jamais fait l'unanimité parmi les historiens.
Une nouvelle analyse d'os de chevaux obtenus auprès de musées des Grandes Plaines et du nord des Rocheuses démontre que les chevaux couraient dans les prairies au début des années 1600, plus tôt que le laissaient entendre plusieurs récits historiques.
Cette précision est importante, car elle correspond à la tradition orale de plusieurs peuples autochtones qui racontent que leurs ancêtres possédaient des chevaux d'origine espagnole avant que les Européens n'arrivent physiquement chez eux. Ces chevaux avaient possiblement été obtenus par le biais d'échanges commerciaux.
L'étude publiée plus tôt cette semaine par le prestigieux journal Science est signée par plus de 80 auteurs ― archéologues, généticiens, historiens et scientifiques des nations Lakota, Comanche et Pawnee.
Des études génétiques précédentes avaient démontré que les ancêtres des chevaux sont apparus en Amérique du Nord il y a des millions d'années, avant de se rendre jusqu'aux plaines de l'Europe centrale et de l'Asie où ils ont été domestiqués. Ces ancêtres des chevaux sont toutefois disparus de l'histoire archéologique américaine il y a environ 6000 ans.
Lors de la nouvelle étude, les chercheurs ont examiné une vingtaine d'ensembles d'ossements trouvés du Nouveau-Mexique jusqu'à l'Idaho en passant par le Kansas, ce qui leur a permis d'établir que des chevaux étaient élevés et chevauchés par des autochtones au début des années 1600.
«Presque tous les aspects de la relation humain-cheval se répercutent dans le squelette d'une manière ou d'une autre», a dit un des auteurs, l'archéologue William Taylor de l'Université du Colorado à Boulder.
À lire également:
L'étude a constaté que des chevaux étaient présents dans l'ouest et le sud-ouest des États-Unis plusieurs décennies avant la révolte des Pueblos de 1680, quand une alliance autochtone a expulsé les colons espagnols du Nouveau-Mexique.
Les armées qui battaient en retraite ont laissé derrière elles des milliers de chevaux et de têtes de bétail, et plusieurs récits historiques considéraient (à tort) que cela marquait le moment où le cheval a intégré la culture des peuples autochtones d'Amérique du Nord.
«On peut maintenant dire adieu à la révolte des Pueblos comme explication pour la propagation du cheval dans l'ouest des États-Unis», a dit Peter Mitchell, un archéologue de l'université Oxford qui n'a pas participé à cette étude.
Les peuples autochtones contestaient cette chronologie de longue date. Plutôt que d'avoir obtenu les chevaux des armées espagnoles, plusieurs traditions orales racontaient que les peuples autochtones avaient rencontré des chevaux qui s'étaient enfuis des camps espagnols, où les avaient obtenus lors d'échanges commerciaux, a dit un des auteurs de l'étude, l'historien comanche Jimmy Arterberry.
«Nous avons toujours su et dit que nous avons rencontré les chevaux avant de rencontrer les Espagnols», a-t-il dit.
Une autre auteure de l'étude, la généticienne Yvette Running Horse Collin, une membre de la nation Oglala Lakota, a ajouté que les conclusions de ces travaux montrent que la tradition orale des peuples autochtones, qui est souvent négligée par les historiens, est pertinente pour comprendre le passé.
«Nos cultures sont mal présentées depuis si longtemps, a-t-elle dit. Trop souvent l'histoire a été racontée autour de nous, sans nous.»
L'étude montre aussi que, au fil au temps, le profil génétique des chevaux en Amérique du Nord a cessé d'être principalement d'origine espagnole pour devenir un mélange de britannique et d'espagnol, témoignant de l'ascension et du déclin de différents empires.
«Ça veut dire que la transition d'une puissance coloniale espagnole dominante à une puissance britannique peut être vue même dans le génome du cheval», a dit Ludovic Orlando, un auteur de l'étude et un généticien évolutionniste au Centre d'anthropobiologie et de génomique de Toulouse.