Jeudi, des avions israéliens ont frappé plusieurs villes du sud du Liban après avoir exhorté les habitants à évacuer, marquant une escalade dans leurs frappes quasi quotidiennes sur le pays.
Ces frappes aériennes sont survenues quelques heures après que le Hezbollah a découragé le gouvernement libanais à négocier avec Israël.
Le porte-parole israélien Avichay Adraee a averti les habitants de Taybeh, dans le sud du Liban, de fuir à 500 mètres des bâtiments résidentiels ciblés, qui, selon lui, auraient été utilisés par le Hezbollah. D'autres avertissements ont ensuite été lancés pour les villes de Zawtar al-Sharqiyah et de Kfar Dounine.
L'armée israélienne a dit avoir ciblé des infrastructures militaires du Hezbollah dans ces zones, notamment des «entrepôts d'armes (…) construits en plein cœur de zones civiles».
Elle a accusé le groupe de reconstituer ses capacités près d'un an après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu négocié par les États-Unis, qui avait mis fin à des mois de guerre.
Si la plupart des habitants ont évacué les zones menacées avant les frappes, le ministère libanais de la Santé a fait état d'un blessé.
«Nous ne permettrons pas au Hezbollah de se réarmer, de se reconstituer et de renforcer sa position pour menacer l'État d'Israël», a averti la porte-parole du gouvernement israélien, Shosh Bedrosian, lors d'un point de presse, jeudi.
Ces frappes sont intervenues alors que le premier ministre libanais, Nawaf Salam, et son gouvernement se réunissaient à Beyrouth pour faire le point sur un plan élaboré par l'armée libanaise visant à désarmer le Hezbollah et d'autres groupes armés dans le pays.
Le ministre de l'Information, Paul Morcos, a déclaré à l'issue de la réunion que le gouvernement «saluait les progrès accomplis par l'armée (…) malgré les obstacles persistants, au premier rang desquels la poursuite des hostilités israéliennes».
Le président libanais, Joseph Aoun, a critiqué les frappes israéliennes et l'occupation continue de cinq points stratégiques sur le territoire libanais, tout en se disant ouvert à des négociations avec Israël pour apaiser les tensions.
Dans une déclaration publiée après les frappes de jeudi, M. Aoun a affirmé: «Chaque fois que le Liban exprime son ouverture à des négociations pacifiques, Israël intensifie son agression.»
«Près d'un an s'est écoulé depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, et durant cette période, Israël n'a ménagé aucun effort pour démontrer son rejet de tout règlement négocié entre les deux pays, a-t-il avancé. Votre message est passé.»
Le Hezbollah affaiblit
Israël affirme que ses frappes quasi quotidiennes ciblent des responsables du Hezbollah et des infrastructures militaires, tandis que le gouvernement libanais, qui soutient le désarmement du Hezbollah, affirme que les frappes ont visé des civils et des infrastructures sans lien avec le groupe soutenu par l'Iran.
Les capacités militaires du Hezbollah ont été fortement affaiblies par l'intense campagne aérienne israélienne menée sur le Liban en 2024. Cependant, le groupe n'a pas encore rendu les armes. Son chef, Naïm Kassem, a déclaré qu'il serait prêt à combattre, même avec des capacités réduites.
Les deux camps s'accusent mutuellement de violations du cessez-le-feu, qui a officiellement mis fin au dernier conflit entre Israël et le Hezbollah en novembre dernier. Ce conflit a débuté après l'attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Le Hezbollah a alors commencé à tirer des roquettes sur le nord d'Israël en soutien au Hamas et aux Palestiniens, provoquant des frappes aériennes et des tirs d'artillerie israéliens en représailles. Ces échanges de tirs de faible intensité ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024.
Le ministère libanais de la Santé a recensé plus de 270 morts et environ 850 blessés lors des actions militaires israéliennes depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Le 9 octobre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a confirmé que 107 des personnes tuées étaient des civils ou des non-combattants, a indiqué son porte-parole, Thameen Al-Kheetan.
Aucun Israélien n'a été tué par des tirs en provenance du Liban depuis le cessez-le-feu. Le Hezbollah a revendiqué une attaque depuis l'entrée en vigueur de l'accord.
Jeudi également, le Trésor américain a annoncé une nouvelle série de sanctions visant, selon lui, les «agents financiers qui supervisent les transferts de fonds d'Iran» vers le Hezbollah, notamment via des bureaux de change agréés et non agréés qui, d'après le Trésor, «ne procèdent pas à un contrôle adéquat de leurs clients» et permettent au Hezbollah «de profiter de l'économie libanaise, largement basée sur les transactions en espèces, pour blanchir de l'argent illicite».
—
Areej Hazboun, journaliste de l'Associated Press à Jérusalem, a contribué à cette dépêche.
