Les données des douanes israéliennes suggèrent que des armes canadiennes létales continuent d'être exportées régulièrement vers ce pays, et ce, même si Ottawa a affirmé avoir mis fin à ces expéditions.
Le gouvernement canadien fait désormais face à un choix important, selon Rachel Small, du groupe World Beyond War: «Soit il continue de tenter de tromper le public, de faire ses déclarations sur la nécessité d'agir tout en continuant à expédier des armes, ou il peut mettre fin au rôle dans la machine de mort d'Israël».
World Beyond War fait partie d'une coalition d'activistes canadiens pour la défense des Palestiniens qui a examiné les données publiées par l'administration fiscale israélienne.
Ces données montrent que des expéditions en provenance du Canada, classées comme des balles, des fusils et des armes, arrivent en Israël.
La Presse Canadienne a examiné les données accessibles au public, qui incluent une cargaison d'avril dernier répertoriée comme «balles», envoyée du Canada vers Israël, dont la quantité était de 175 000. Cette livraison se trouve sous le code douanier utilisé par Israël pour les «munitions de guerre et leurs pièces détachées».
Des cargaisons similaires de munitions en provenance du Canada sont arrivées en Israël en février, juillet et décembre 2024.
En avril également, une cargaison canadienne qu'un agent des douanes a classée dans la catégorie des «chars et autres véhicules blindés de combat, des véhicules motorisés armés ou non, et leurs pièces détachées».
La base de données fiscales indique qu'en août et novembre 2024, des «pièces et accessoires» d'armes à feu pouvant être considérés comme des «armes et munitions» ont été expédiés du Canada vers Israël. La base de données indique qu'il pourrait s'agir d'«armes militaires», mais aussi d'articles non militaires, tels que des fusils de chasse ou des matraques.
Dans le rapport publié mardi, les activistes soulignent d'autres livraisons à Israël, classées comme des pièces d'avion, des lasers, des caméras et des appareils de transmission, qui, selon eux, pourraient avoir été destinés à un usage militaire.
Affaires mondiales Canada et le cabinet de la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, n'ont pas immédiatement commenté ces informations.
«Nous constatons clairement maintenant que des biens militaires fabriqués au Canada ont continué d'affluer directement vers Israël pendant tout ce temps, soutenant directement la capacité d'Israël à commettre des crimes de guerre à Gaza et à maintenir son occupation de la Palestine», a déclaré Mme Small.
Le Parlement a voté en faveur d'une motion non contraignante, en mars 2024, qui visait à suspendre l'octroi de nouveaux permis d'armes à Israël. Le gouvernement a par la suite annoncé un examen des permis d'exportation existants.
Ce mois-là, le cabinet de la ministre des Affaires étrangères de l'époque, Mélanie Joly, avait déclaré qu'aucun des permis d'exploitation ne permettait l'exportation d'armes létales vers Israël.
Yara Shoufani, du Mouvement de la jeunesse palestinienne, affirme que le gouvernement canadien n'a pas fait preuve de transparence quant à ce qui parvient à Israël, et elle se demande si le gouvernement fédéral a induit le Parlement en erreur.
«Malgré les déclarations trompeuses du gouvernement, l'afflux de marchandises militaires du Canada vers Israël n'a pas été interrompu», a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse sur la Colline du Parlement mardi.
Elle a pressé le gouvernement à mettre en place un embargo bilatéral sur les armes, au lieu de continuer à «armer Israël et à induire le public en erreur avec des déclarations vagues sur la réglementation des permis».
Le rapport soulève également la question de savoir si Ottawa a respecté l'engagement pris par la ministre Joly en septembre 2024 d'interdire l'accès aux armes canadiennes à la bande de Gaza.
Le rapport mentionne des entreprises spécifiques recevant des armes canadiennes qui ont équipé l'offensive israélienne à Gaza, et la possibilité que des pièces d'avion canadiennes aient été utilisées lors de frappes sur Gaza. Le rapport ne contient aucune preuve directe et explicite de l'utilisation d'armes canadiennes au sol à Gaza.
La porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d'affaires étrangères, Heather McPherson, a affirmé que le gouvernement avait rompu sa promesse de mettre fin aux transferts d'armes vers Israël.
«Le rapport d'aujourd'hui démontre que les libéraux ont induit les Canadiens en erreur au lieu de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la violence et à la famine qui tuent les civils palestiniens», a-t-elle écrit dans un communiqué.
Mme McPherson a soutenu que le Canada s'expose à une responsabilité internationale en ne prenant pas de mesures pour dissuader Israël de commettre des actes que la Cour internationale de justice pourrait qualifier de génocidaires.
«Les Canadiens ont raison de se sentir trahis et horrifiés», a écrit Mme McPherson.

