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Le député péquiste a livré jeudi un vibrant plaidoyer en faveur de la légalisation des demandes anticipées d'aide médicale à mourir, certainement l'enjeu de société le plus touchant de toute sa carrière politique.
Le député péquiste Pascal Bérubé a livré jeudi un vibrant plaidoyer en faveur de la légalisation des demandes anticipées d'aide médicale à mourir, certainement l'enjeu de société le plus touchant de toute sa carrière politique.
Il a fait sa sortie en mêlée de presse au lendemain de la publication du rapport de la commission spéciale qui en est venue à la conclusion que l'Assemblée nationale devrait amender la loi sur les soins de fin de vie dans le sens d'autoriser une demande anticipée d'aide médicale à mourir si une personne majeure a reçu un diagnostic d'Alzheimer.
Pour l'instant, cependant, le gouvernement Legault refuse de s'engager à légiférer à ce sujet.
Questionné jeudi sur les suites à donner au rapport, le ministre de la Santé, Christian Dubé, est demeuré évasif. «Il n'y a pas de décision» prise quant à la pertinence de légiférer dans ce dossier, a-t-il dit, lors d'une brève mêlée de presse.
Il s'est dit «assez à l'aise personnellement» avec l'idée des demandes anticipées, mais s'est empressé d'ajouter que le conseil des ministres devait d'abord se pencher sur la question avant de décider quelle orientation prendre.
Interrogé par les journalistes sur sa position, le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, n'a pour sa part pas caché que de tous les dossiers politiques qu'il avait traités, il s'agissait là de l'enjeu qui l'affectait le plus personnellement. C'est celui «qui me touche le plus et qui me déchire le plus», a-t-il relaté, lui qui a vu son père décliner, perdre petit à petit toutes ses facultés, et mourir des suites de la maladie d'Alzheimer.
«Si mon père avait pu choisir, il aurait certainement signé un formulaire lui permettant d'avoir accès à une mort anticipée», a-t-il affirmé, en ajoutant que lui-même n'hésitera pas un instant à signer le formulaire si les législateurs amendent la loi en ce sens.
Âgé de 46 ans, il dit avoir prévenu sa conjointe, l'animatrice Annie-Soleil Proteau, de ses intentions, préoccupé du fait qu'il y a plusieurs cas d'Alzheimer dans sa famille, au moins quatre ou cinq proches parents.
«On ne sait pas quand ce mal-là peut frapper, alors s'il y a un enjeu sur lequel je n'ai aucun doute, aucune ambiguïté», c'est bien celui-là, a assuré M. Bérubé, touché «en plein coeur» à la lecture du rapport de la commission spéciale.
«Je l'ai lu, le rapport, et j'ai vraiment pleuré à la fin parce que c'était notre histoire de famille et ça sera peut-être la mienne éventuellement», a-t-il dit, plaidant pour que chacun puisse décider de sa vie et de sa mort.
Le rapport, fruit d'une consultation et d'une longue réflexion sur le sujet par un groupe de députés de tous les partis, relance le débat sur ce sujet délicat, d'ordre éthique, qui polarise l'opinion publique et les parlementaires depuis des années.
Il ne reste au gouvernement qu'une seule session parlementaire, de février à juin, s'il veut déposer et faire adopter un projet de loi à ce sujet avant la fin du présent mandat.
Si un éventuel projet de loi calqué sur le rapport est adopté, une demande anticipée d'aide médicale à mourir pourrait être formulée par toute personne majeure ayant reçu un diagnostic de maladie grave et incurable menant à l'inaptitude.
La loi actuelle, adoptée en 2014, fixe des critères très stricts pour qu'un patient puisse réclamer d'un médecin qu'il abrège ses souffrances. Les personnes ayant reçu un diagnostic d'Alzheimer n'y ont pas accès, en aucune circonstance, n'étant pas en état d'exprimer leur consentement éclairé, qui constitue un des critères de sélection.
La cheffe de l'opposition officielle, Dominique Anglade, a salué la publication du rapport et le travail de ses auteurs en notant que leurs recommandations faisaient consensus dans la société. Elle a dit qu'elle était «très à l'aise» avec la recommandation principale sur la demande anticipée.
«Ce sont des questions qui sont très personnelles, qui rejoignent les valeurs», a-t-elle ajouté en point de presse, en affirmant que sa formation politique n'imposerait pas de ligne de parti à ses députés, ce qui signifie qu'il «y aura un vote libre sur cet enjeu», s'il y a un projet de loi.
Du côté de Québec solidaire, la députée Christine Labrie a dit qu'elle était «personnellement favorable» à la demande anticipée. Son collègue Andrès Fontecilla a exprimé un point de vue plus nuancé, en disant qu'il fallait «regarder cette possibilité sérieusement».
«Je n'ai pas pris une position définitive», a-t-il ajouté, en s'engageant à lire le rapport «très attentivement».