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Selon le chef bloquiste Yves-François Blanchet, le silence de Mme Joly est terriblement révélateur.
Le Bloc québécois s'inquiète pour les entreprises du Québec, à la suite d'un discours de la ministre Mélanie Joly jeudi à Toronto sur sa stratégie industrielle et de défense.
La ministre de l'Industrie n'a pas évoqué l'importance d'une répartition régionale proportionnelle des investissements massifs en défense que fait miroiter le gouvernement de Mark Carney, a déploré le Bloc.
Il y a une semaine, son collègue, le ministre de l'Approvisionnement, Joël Lightbound, avait déjà suggéré que le système d'attribution allait être fondé sur le mérite, sans proportion réservée au Québec ou à d'autres.
Mais le Bloc fait valoir que le Québec est déjà désavantagé.
Sous le règne libéral précédent, de 2015 à 2023, le Québec a reçu 15,2 milliards $ en «contrats et dépenses militaires» du gouvernement, selon des données obtenues par le Bloc et fournies à La Presse Canadienne.
Cela correspondrait à 18,79 % du total des dépenses canadiennes dans le domaine et c'est donc moins que la part de la population du Québec dans l'ensemble canadien, soit 22,3 %.
Selon le chef bloquiste Yves-François Blanchet, le silence de Mme Joly sur une répartition équitable des contrats parle de lui-même.
«C'est terriblement révélateur, ils (les libéraux) n'y ont même pas pensé», a-t-il condamné en mêlée de presse dans le foyer des Communes.
Mme Joly a évoqué des fleurons industriels de l'Ontario et du Québec, notamment la Davie et CAE, et a parlé de l'importance de soutenir des «champions canadiens», ainsi que les chaînes d'approvisionnement canadiennes.
Elle a aussi parlé du GlobalEye, de la suédoise Saab, mais qui a des origines québécoises: il est construit sur la plateforme du Global Express de Bombardier, à laquelle on a ajouté une pléthore d’équipements électroniques.
Le leader bloquiste a accusé le gouvernement de considérer les provinces comme des succursales et de ne pas tenir compte des entités régionales du pays.
«M. Carney n'a pas de sensibilité pour la différence québécoise», a-t-il dénoncé.
Le premier ministre François Legault a déjà fait savoir que le Québec voulait avoir sa part du gâteau et qu'il voulait miser sur la croissance de l'industrie de la défense.
Il lorgne non seulement les retombées du budget militaire canadien, mais aussi les juteux contrats de l'Union européenne.
Le budget fédéral en défense doit grimper à 2 % du PIB dès cette année pour viser 5 % d'ici à 2035, soit pas moins de 150 milliards $.
En juin dernier, M. Legault n’avait toutefois pas voulu s’avancer sur la part qui devrait revenir au Québec dans ces investissements, mais il avait rappelé que la grande région de Montréal est le troisième pôle le plus important au monde en aérospatiale.
Au printemps dernier, l'Union européenne a dévoilé un plan de 800 milliards d'euros pour se réarmer, ce qui suscite aussi la convoitise du gouvernement caquiste.
D'ailleurs en juin dernier, François Legault a effectué une mission à Paris, notamment pour participer au Salon aéronautique du Bourget, le plus grand forum du genre au monde.
Il y a fait la promotion du GlobalEye, qui est conçu pour des missions de surveillance et de détection.
Par ailleurs, Investissement Québec a indiqué avoir dressé une liste de «quelque 1200 entreprises qui évoluent déjà dans le secteur de la défense et de la sécurité, ou dont l’expertise pourrait trouver des applications dans le secteur de la défense et de la sécurité et qui présentent un potentiel de percer ce marché».
Mme Joly doit s'adresser vendredi à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
L'enjeu de l'attribution des contrats en défense a souvent provoqué des controverses dans l'histoire contemporaine du pays. Rappelons entre autres le contrat d'entretien des chasseurs CF-18 dans les années 1980, sous le gouvernement Mulroney.